jeudi 16 septembre 2010

Sharm el-Cheikh, un terrain miné

le 15.09.10 | 03h00
Les négociations directes entre israéliens et palestiniens lancées au début du mois à Washington sous le parrainage du chef de la Maison- Blanche, Barack Obama, ont repris hier à Sharm el-Cheikh en Egypte. En présence de la secrétaire d'Etat américaine Hillary Clinton, qui vient pour encourager les deux parties à aller de l'avant, le président palestinien Mahmoud Abbas, et le Premier ministre israélien Benyamin Netanyahu, sont à la tête de leur délégation respective. Néanmoins, la reprise s'annonce difficile.
Selon le quotidien israélien Haaretz, l'ordre du jour des négociations est déjà une source de désaccord. Alors que les Israéliens veulent entamer la reprise des négociations directes par les questions sécuritaires et la reconnaissance par les Palestiniens de l'Etat d'israël en tant qu'Etat Juif, les Palestiniens veulent discuter des futures frontières de l’Etat palestinien indépendant et, secondairement, des questions sécuritaires.
Quant à la reconnaissance d'Israël en tant qu'Etat juif, ce qui pourrait, d'un côté, compromettre le retour des réfugiés palestiniens dans leurs terres et leurs foyers, et d'un autre  nuire aux intérêts des Palestiniens de nationalité israélienne qui ont pu rester en Palestine lors de son occupation en 1948, les Palestiniens refusent catégoriquement son insertion dans l'ordre du jour. Si l'on rajoute la question de la colonisation qui, selon plusieurs responsables israéliens devrait reprendre après le 26 septembre, alors que le président Mahmoud Abbas a menace d'arrêter le processus de négociations au cas ou Israël arrête le gel de la colonisation en cours, on peut se demander à quoi serviront les discussions d'aujourd'hui à Sharm el-Cheikh. En effet, Benyamin Netanyahu semble vouloir mettre des bâtons dans les roues avant une véritable entame du processus de négociations directes auquel se sont joints les Palestiniens suite à d'énormes pressions du parrain américain et de beaucoup d'Etats arabes.
Coup d’épée dans l’eau
Il a en effet déclaré, dimanche, qu'Israël ne pouvait pas prolonger le moratoire sur les constructions de nouveaux logements dans les colonies juives de Cisjordanie, mais il a laissé entendre qu'il limiterait l'ampleur des futurs chantiers, ont indiqué des responsables israéliens. C’est bien sûr une nouvelle invention israélienne. Comme si le problème était l'ampleur de la colonisation et non le principe de la colonisation lui-même. Les Palestiniens sont persuadés qu'ils ne peuvent créer leur état souverain et indépendant tant que les colonies continuent à pousser comme des champignons. «J'espère que le gouvernement israélien, placé devant le choix entre colonies et paix, optera pour la paix. Ils (les Israéliens) ne peuvent pas avoir les deux», a déclaré dimanche le chef des négociateurs palestiniens, Saeb Erekat.
Etant persuadé que la question de la colonisation pourrait détruire tous les efforts fournis pour une reprise sérieuse du processus de paix, il a fait état, vendredi, lors d'une conférence de presse à la Maison-Blanche, «d'énormes obstacles» sur la voie de la paix. Le président américain, Barack Obama, avait jugé souhaitable «de prolonger ce moratoire tant que les discussions évoluent de façon constructive». Netanyahu, quant à lui, n'a fait aucune allusion dans ses déclarations récentes à la presse aux propos du président américain. Aussi bizarre que cela puisse paraître, le Premier ministre israélien, qui se trouve à la tête d'une coalition de partis de droite et d'extrême droite, connus pour leur haine de tout ce qui est arabe et musulman, et qui a tout fait pour que les Palestiniens retournent à la table des négociations, veut actuellement torpiller ce processus en voulant imposer sa vision de la paix et ainsi les pousser à se retirer en premier, pour se lamenter de nouveau et dire qu'il n'a pas trouvé de partenaires pour construire la paix. C’est dire que le minage commence aujourd'hui à Sharm el-Cheikh.   

-Mitchell parle de «discussions sérieuses»
L'émissaire américain pour le Proche-Orient, George Mitchell, a indiqué hier à Sharm el- Cheikh, en Egypte, que le président palestinien Mahmoud Abbas, et le Premier ministre israélien, Benjamin Netanyahu, ont entamé des «discussions sérieuses» sur des questions essentielles du conflit israélo-palestinien.
Dans une conférence de presse au terme des entretiens qui ont duré environ une heure trente, M. Mitchell a déclaré que «les deux parties ont entamé des discussions sérieuses sur des questions essentielles». L'émissaire américain pour le Proche-Orient a souligné que l'objectif commun des deux parties est l'instauration de deux Etats pour deux peuples et le règlement du conflit israélo-palestinien.
-Les USA appellent au gel de la colonisation
L'émissaire américain pour le Proche-Orient, George Mitchell, a réitéré hier au Caire son appel au gel des activités de colonisation juive dans les territoires palestiniens occupés, pour permette la poursuite des négociations de paix entre Palestiniens et Israéliens. «Notre position sur les colonies est bien connue et n'a pas changé. Comme le président Barack Obama l'a dit récemment, nous pensons qu'il serait logique de prolonger ce moratoire», a déclaré M. Mitchell à la presse.
Le moratoire partiel israélien sur la construction des colonies juives dans les terres palestiniennes occupées arrive à échéance le 26 septembre. Selon l'émissaire américain, les négociations doivent se poursuivre aujourd’hui à El Qods occupée.
-«Le gel renforcerait la crédibilité des négociations» selon Paris
La France a souligné hier la nécessité de geler  les activités de colonisation juive dans les territoires palestiniens occupés afin de «renforcer la crédibilité des négociations» et permettre la poursuite du processus de paix. «La poursuite du processus passe par une prolongation du moratoire israélien sur la colonisation, ainsi que par des gestes à même de renforcer sur le terrain la crédibilité des négociations», a déclaré, lors d'un point presse, le porte-parole du Quai d'Orsay, Bernard Valero.
M. Valero a appelé, à ce propos, les deux parties, palestinienne et israélienne, à «s'abstenir de tout geste ou déclaration de nature à enrayer la poursuite  du dialogue» qui entre dans son deuxième round. Le porte-parole du Quai d'Orsay a également estimé à l'occasion de la poursuite des discussions, qu'«une plus grande association du Quartette et de l'Union européenne au processus en cours permettrait de renforcer ses chances de succès».
Fares Chahine
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