jeudi 2 septembre 2010

Obama appelle à « saisir » la chance de paix au P-O

02/09/2010
Le président américain a reçu hier à la Maison-Blanche le Premier ministre israélien, puis le chef de l’Autorité palestinienne, Mahmoud Abbas. Photos Tim Sloan/AFP
Le président américain a reçu hier à la Maison-Blanche le Premier ministre israélien, puis le chef de l’Autorité palestinienne, Mahmoud Abbas. Photos Tim Sloan/AFP 
ans un discours prononcé après avoir rencontré Mahmoud Abbas et Benjamin Netanyahu, et à la veille du lancement des négociations directes, Barack Obama a appelé, hier soir, les deux leaders à saisir l’opportunité qui se présente de faire la paix. « Cette chance de paix pourrait bien ne plus se représenter », a-t-il averti.
Le président américain a assuré hier que les extrémistes ne parviendraient pas à saborder le dialogue de paix direct qui doit débuter aujourd'hui à Washington entre Israéliens et Palestiniens, après l'attentat perpétré la veille en Cisjordanie contre des colons juifs.
M. Obama a accueilli en milieu de matinée le Premier ministre israélien, Benjamin Netanyahu, dans le bureau Ovale de la Maison-Blanche pour une rencontre bilatérale de 90 minutes, au terme de laquelle le dirigeant américain a condamné le « massacre absurde » de quatre colons près de Hébron. L'attentat, revendiqué par les brigades Ezzedine al-Qassam, la branche armée du Hamas, a été condamné comme « contraire aux intérêts nationaux » par l'Autorité palestinienne, qui a lancé une vague d'arrestations dans les zones autonomes de Cisjordanie sous son contrôle. Alors que le Hamas faisait état de 250 arrestations, des sources palestiniennes n'en évoquaient qu'une cinquantaine. L'ensemble des médias israéliens a, en outre, estimé que cet attentat conforterait la position de M. Netanyahu auprès de l'opinion mondiale.
« Il faut que le Hamas et quiconque d'autre revendique ces crimes odieux comprennent qu'ils ne vont pas nous empêcher d'assurer la sécurité d'Israël ni d'obtenir une paix durable », a promis M. Obama. Ce dernier a ensuite reçu en début d'après-midi Mahmoud Abbas, rencontre à l'issue de laquelle il a affirmé que des « progrès » avaient été accomplis, sans donner plus de détails. Le porte-parole de M. Abbas, Nabil Abou Roudeina, a assuré à l'AFP que les deux dirigeants s'étaient « engagés à œuvrer à l'établissement d'un État palestinien le plus vite possible ». Mais il a aussi prévenu que « les quatre prochaines semaines seront cruciales (...), soit il y aura des progrès, soit nous reviendrons encore à la case départ ». En milieu d'après-midi, M. Obama rencontrait le roi Abdallah de Jordanie et devait accueillir ensuite le président égyptien Hosni Moubarak. À l'issue de ces rencontres, M. Obama et les quatre dirigeants devaient se retrouver pour un dîner qui devait lancer formellement les négociations qui entrent aujourd'hui dans le vif du sujet.
M. Obama ainsi que sa diplomatie se démènent pour parvenir à une telle étape depuis le début de son mandat en janvier 2009. Mardi, l'émissaire américain pour le Proche-Orient, George Mitchell, avait annoncé que l'Amérique croit aujourd'hui à « une fenêtre de tir » pour une solution à deux États dans le délai imparti d'un an.
De son côté, M. Netanyahu a assuré rechercher « une paix qui mettra fin au conflit une fois pour toutes », selon des extraits du discours qu'il devait prononcer hier soir, mais il ajoute que « face à ses ennemis, la paix doit être défendue ». « Nous avons quitté le Liban, nous avons récolté la terreur. Nous avons quitté Gaza, nous avons récolté la terreur », devait énumérer M. Netanyahu, avant d'ajouter : « Nous voulons être sûrs que les territoires que nous céderions ne deviendront pas une troisième enclave soutenue pas l'Iran et pointée en plein cœur d'Israël. » Il a également qualifié M. Abbas de « partenaire pour la paix ».
Mais l'attentat contre les colons et certaines déclarations semblaient de nature à nourrir un certain pessimisme hier, en particulier sur le dossier de la colonisation israélienne en Cisjordanie ; le gouvernement Netanyahu a décrété un moratoire qui arrive à échéance le 26 septembre. M. Netanyahu a en effet assuré à la secrétaire d'État américaine, Hillary Clinton, qu'il n'avait pas l'intention de prolonger ce gel, a indiqué son bureau hier. Après quoi, M. Abou Roudeina a affirmé qu'un redémarrage des constructions « vouerait les négociations à l'échec ». « Si Netanyahu annonce le 26 une reprise des activités de colonisation, nous nous retirerons des négociations », a ajouté Nabil Chaath, un autre membre de la délégation palestinienne. Pour sa part, M. Moubarak a affirmé dans un entretien au New York Times qu'un gel complet de la colonisation était crucial pour le succès des négociations.
Barak évoque un partage de Jérusalem
Ce fossé entre les positions des deux parties laisse peu d'illusions quant aux perspectives de succès de ces discussions entre Israéliens et Palestiniens. Les pourparlers, pour réussir, devraient aussi trouver une solution aux problèmes aussi épineux et apparemment irréductibles que la question des réfugiés et du statut de Jérusalem, ville dont Israël a occupé et annexé la partie orientale, et que l'État hébreu défend comme sa capitale indivisible. Un haut responsable du bureau de M. Netanyahu a d'ailleurs répété hier cette position, contredisant le ministre de la Défense, Ehud Barak. Celui-ci, dans une interview publiée hier par le Haaretz, suggérait que le secteur de Jérusalem-Ouest et « 12 quartiers juifs » - des blocs de colonisation où sont installés 200 000 Israéliens - à Jérusalem-Est, à majorité arabe, resteraient entre les mains de l'État hébreu dans le cadre d'un accord de paix ; en revanche, « les quartiers arabes où vivent près d'un quart de million de Palestiniens seront à eux ». En ce qui concerne la Vieille Ville, où se situent les principaux lieux saints des trois religions monothéistes, le quartier de Ir David et le cimetière juif du mont des Oliviers, tous situés dans la partie orientale de la Ville sainte, le ministre de la Défense israélien a évoqué une « autorité particulière avec des accords bilatéraux ».