11/08/2010
Une source gouvernementale française, rapportée par notre correspondant à Paris Élie Masboungi, a affirmé hier que, comme prévu, le gouvernement israélien a déjà demandé à la France de cesser toute fourniture d'armes et de matériel militaire au Liban après l'incident de Adaïssé.
Cette source a expliqué que la réponse française n'a pas tardé, et qu'elle était basée sur un rappel de la position de Paris. À savoir d'abord que la fourniture d'armes au Liban « relève de l'intérêt national de la France et est conforme aux engagements internationaux de la France, notamment auprès de la résolution 1701 du Conseil de sécurité des Nations unies », sans oublier que, par son aide militaire au Liban, « la France contribue à la paix et à la stabilité régionales ».
La source précitée rappelle ensuite que la France s'est engagée auprès de Beyrouth sur la base d'un accord signé en 2008 et que cet accord l'oblige.
Des milieux proches du Quai d'Orsay et de l'Élysée s'attendent à une réaction israélienne à la réponse française. Une réaction qui n'attendrait pas nécessairement la rentrée politique, qui sera marquée le 25 août par la conférence des ambassadeurs de France dans le monde, un événement qui donne lieu traditionnellement à un discours du président de la République sur les questions et problèmes en France et à l'étranger. Ces milieux estiment que le chef de l'État ne passera pas sous silence la question de l'aide au Liban et celle des relations franco-israéliennes.
Signalons qu'un groupe de Libanais a lancé en France le Rassemblement de soutien à l'armée libanaise (Risal) dans le but de sensibiliser les élus et les médias français, ainsi que les amis du Liban en France et en Europe, de les convaincre de s'opposer aux pressions israéliennes et de les encourager à soutenir la troupe sur la base de l'appel du chef de l'État Michel Sleiman en ce sens.
Washington, Téhéran et Moscou
Parallèlement, l'Iran s'est proposé hier d'aider l'armée libanaise, quelques heures à peine après la décision du Congrès américain de bloquer des fonds qu'il lui destinait en raison de son implication la semaine dernière dans un incident frontalier meurtrier avec Israël.
Susceptible d'alimenter les inquiétudes occidentales quant à l'influence croissante du régime de Téhéran à la frontière nord d'Israël, où il soutient déjà le Hezbollah, l'offre iranienne a été formulée par l'ambassadeur d'Iran à Beyrouth, Ghadanfar Rokon Abadi. L'Iran est ainsi « prêt à coopérer avec l'armée libanaise dans tout domaine où cela aiderait les militaires à remplir leur rôle national de défense du Liban », a déclaré le diplomate iranien après une rencontre avec le commandant en chef de l'armée, le général Jean Kahwagi, qui a également reçu une délégation d'employés au Congrès américain, accompagnée de grands cadres de l'ambassade des États-Unis au Liban.
Rappelons qu'un élu démocrate à la Chambre américaine des représentants, Howard Berman, a annoncé lundi qu'il avait bloqué dès le 2 août (soit la veille de l'incident de Adaïssé) une aide de 100 millions de dollars, destinée à l'armée libanaise, au motif qu'il ne pouvait être certain que cette dernière ne collabore pas avec le Hezbollah.
« L'incident sur la frontière israélo-libanaise au lendemain de mon blocage renforce tout simplement le besoin crucial, pour les États-Unis, de revoir en profondeur leur politique de relations avec l'armée libanaise », avait-il déclaré. « Jusqu'à ce que nous en sachions plus sur cet incident et la nature de l'influence du Hezbollah sur l'armée libanaise - et que nous soyons certains que l'armée libanaise est un protagoniste responsable -, je ne peux pas, en mon âme et conscience, permettre aux États-Unis de continuer à envoyer des armes au Liban », a-t-il expliqué.
Le porte-parole du département d'État, Philip Crowley, a indiqué pour sa part que les États-Unis n'envisageaient pas de « réévaluer leur coopération militaire avec le Liban à la lumière de cet incident » à la frontière, ajoutant que le programme de coopération militaire américain avec Beyrouth restait dans l'intérêt de Washington. « Nous n'avons pas été informés qu'un quelconque équipement américain ait été utilisé pendant l'incident », a-t-il déclaré à des journalistes. « Nous avons des programmes de formation avec le Liban. Il est difficile de dire si les personnes directement impliquées dans l'incident ont bénéficié d'un programme de formation », a-t-il poursuivi.
L'annonce du blocage de l'aide US est intervenue quelques heures après que le numéro deux du Parti républicain à la Chambre américaine des représentants, Eric Cantor, eut dénoncé une frontière devenue « floue » entre l'armée libanaise et le Hezbollah ces dernières années. « On ne peut plus faire semblant d'ignorer les provocations de l'armée libanaise contre Israël et les provocations du Hezbollah au Liban-Sud », a déclaré M. Cantor, défenseur connu des positions israéliennes.
« Le Liban ne doit pas jouer sur les deux tableaux. S'il veut s'aligner sur le Hezbollah contre les forces de la démocratie, de la stabilité et de la modération, il y aura des conséquences », a-t-il prévenu. Selon lui, les États-Unis ont fourni depuis 2006 une aide militaire d'environ 720 millions de dollars afin de bâtir une armée qui fasse le poids face au Hezbollah.
Nazem Khoury
Le blocage des aides US a été vivement critiqué hier par l'un des conseillers les plus proches de Michel Sleiman, l'ancien député Nazem Khoury, qui estime que Washington doit aider la troupe s'il est sincère dans son attachement à la souveraineté du Liban. « Les États-Unis sont libres de leur choix, mais pourquoi punir le Liban ? Est-ce parce que deux de ses soldats et un de ses journalistes ont été tués ? » s'est-il demandé, interrogé par l'AFP. « Mais ils (les Américains) disent qu'ils soutiennent la souveraineté du Liban ; ils doivent donc traduire cela en actes. Il est temps que l'armée libanaise soit équipée efficacement et les pays amis du Liban doivent l'aider », a encore dit Nazem Khoury.
Cette source a expliqué que la réponse française n'a pas tardé, et qu'elle était basée sur un rappel de la position de Paris. À savoir d'abord que la fourniture d'armes au Liban « relève de l'intérêt national de la France et est conforme aux engagements internationaux de la France, notamment auprès de la résolution 1701 du Conseil de sécurité des Nations unies », sans oublier que, par son aide militaire au Liban, « la France contribue à la paix et à la stabilité régionales ».
La source précitée rappelle ensuite que la France s'est engagée auprès de Beyrouth sur la base d'un accord signé en 2008 et que cet accord l'oblige.
Des milieux proches du Quai d'Orsay et de l'Élysée s'attendent à une réaction israélienne à la réponse française. Une réaction qui n'attendrait pas nécessairement la rentrée politique, qui sera marquée le 25 août par la conférence des ambassadeurs de France dans le monde, un événement qui donne lieu traditionnellement à un discours du président de la République sur les questions et problèmes en France et à l'étranger. Ces milieux estiment que le chef de l'État ne passera pas sous silence la question de l'aide au Liban et celle des relations franco-israéliennes.
Signalons qu'un groupe de Libanais a lancé en France le Rassemblement de soutien à l'armée libanaise (Risal) dans le but de sensibiliser les élus et les médias français, ainsi que les amis du Liban en France et en Europe, de les convaincre de s'opposer aux pressions israéliennes et de les encourager à soutenir la troupe sur la base de l'appel du chef de l'État Michel Sleiman en ce sens.
Washington, Téhéran et Moscou
Parallèlement, l'Iran s'est proposé hier d'aider l'armée libanaise, quelques heures à peine après la décision du Congrès américain de bloquer des fonds qu'il lui destinait en raison de son implication la semaine dernière dans un incident frontalier meurtrier avec Israël.
Susceptible d'alimenter les inquiétudes occidentales quant à l'influence croissante du régime de Téhéran à la frontière nord d'Israël, où il soutient déjà le Hezbollah, l'offre iranienne a été formulée par l'ambassadeur d'Iran à Beyrouth, Ghadanfar Rokon Abadi. L'Iran est ainsi « prêt à coopérer avec l'armée libanaise dans tout domaine où cela aiderait les militaires à remplir leur rôle national de défense du Liban », a déclaré le diplomate iranien après une rencontre avec le commandant en chef de l'armée, le général Jean Kahwagi, qui a également reçu une délégation d'employés au Congrès américain, accompagnée de grands cadres de l'ambassade des États-Unis au Liban.
Rappelons qu'un élu démocrate à la Chambre américaine des représentants, Howard Berman, a annoncé lundi qu'il avait bloqué dès le 2 août (soit la veille de l'incident de Adaïssé) une aide de 100 millions de dollars, destinée à l'armée libanaise, au motif qu'il ne pouvait être certain que cette dernière ne collabore pas avec le Hezbollah.
« L'incident sur la frontière israélo-libanaise au lendemain de mon blocage renforce tout simplement le besoin crucial, pour les États-Unis, de revoir en profondeur leur politique de relations avec l'armée libanaise », avait-il déclaré. « Jusqu'à ce que nous en sachions plus sur cet incident et la nature de l'influence du Hezbollah sur l'armée libanaise - et que nous soyons certains que l'armée libanaise est un protagoniste responsable -, je ne peux pas, en mon âme et conscience, permettre aux États-Unis de continuer à envoyer des armes au Liban », a-t-il expliqué.
Le porte-parole du département d'État, Philip Crowley, a indiqué pour sa part que les États-Unis n'envisageaient pas de « réévaluer leur coopération militaire avec le Liban à la lumière de cet incident » à la frontière, ajoutant que le programme de coopération militaire américain avec Beyrouth restait dans l'intérêt de Washington. « Nous n'avons pas été informés qu'un quelconque équipement américain ait été utilisé pendant l'incident », a-t-il déclaré à des journalistes. « Nous avons des programmes de formation avec le Liban. Il est difficile de dire si les personnes directement impliquées dans l'incident ont bénéficié d'un programme de formation », a-t-il poursuivi.
L'annonce du blocage de l'aide US est intervenue quelques heures après que le numéro deux du Parti républicain à la Chambre américaine des représentants, Eric Cantor, eut dénoncé une frontière devenue « floue » entre l'armée libanaise et le Hezbollah ces dernières années. « On ne peut plus faire semblant d'ignorer les provocations de l'armée libanaise contre Israël et les provocations du Hezbollah au Liban-Sud », a déclaré M. Cantor, défenseur connu des positions israéliennes.
« Le Liban ne doit pas jouer sur les deux tableaux. S'il veut s'aligner sur le Hezbollah contre les forces de la démocratie, de la stabilité et de la modération, il y aura des conséquences », a-t-il prévenu. Selon lui, les États-Unis ont fourni depuis 2006 une aide militaire d'environ 720 millions de dollars afin de bâtir une armée qui fasse le poids face au Hezbollah.
Nazem Khoury
Le blocage des aides US a été vivement critiqué hier par l'un des conseillers les plus proches de Michel Sleiman, l'ancien député Nazem Khoury, qui estime que Washington doit aider la troupe s'il est sincère dans son attachement à la souveraineté du Liban. « Les États-Unis sont libres de leur choix, mais pourquoi punir le Liban ? Est-ce parce que deux de ses soldats et un de ses journalistes ont été tués ? » s'est-il demandé, interrogé par l'AFP. « Mais ils (les Américains) disent qu'ils soutiennent la souveraineté du Liban ; ils doivent donc traduire cela en actes. Il est temps que l'armée libanaise soit équipée efficacement et les pays amis du Liban doivent l'aider », a encore dit Nazem Khoury.