Israël a menacé hier de boycotter le groupe d'experts de l'ONU chargé d'enquêter sur l'assaut meurtrier contre la flottille de la liberté pour Gaza. « Le Premier ministre (Benjamin Netanyahu) a clairement fait savoir qu'Israël ne coopérera pas et ne participera pas à une commission qui demanderait à interroger des soldats (israéliens) », a prévenu Nir Hefetz, le porte-parole de M. Netanyahu. « Avant qu'Israël annonce sa participation à cette commission, nous nous sommes assurés lors de négociations intensives en coulisses que le mandat de cette commission soit équitable, responsable et ne porte pas atteinte aux intérêts vitaux et de sécurité d'Israël », a-t-il ajouté.
Le secrétaire général des Nations unies, Ban Ki-moon, avait démenti lundi l'existence d'un accord excluant que les experts interrogent des militaires israéliens. Israël dispose d'un représentant au sein du groupe de quatre experts, qui a entamé ses travaux hier à New York. M. Ban s'est entretenu avec le groupe qui devait commencer à décider de son mode opératoire. Il a souligné que le panel devrait « chercher à obtenir la coopération la plus complète de la part des autorités nationales », selon un communiqué. Il a donné instruction aux membres du groupe de s'inspirer de la déclaration adoptée par le Conseil de sécurité à l'époque de l'incident. M. Netanyahu avait dû accepter, début août, sous la pression internationale et pour tenter de surmonter une crise avec la Turquie, la formation par l'ONU de ce panel. Neuf Turcs avaient été tués par les commandos israéliens lors de l'abordage d'un ferry turc le 31 mai, alors que le navire tentait de forcer le blocus israélien de la bande de Gaza.
Parallèlement, le ministre israélien de la Défense, Ehud Barak, a justifié l'assaut, comme l'avait fait la veille M. Netanyahu, devant une commission d'enquête israélienne. Il a affirmé que la flottille « constituait une provocation planifiée ». Selon lui, de hauts responsables israéliens soupçonnaient les organisateurs de la flottille, plus d'un mois avant les faits, de « se préparer à un conflit armé pour embarrasser Israël ». Il a dit avoir envisagé, avec d'autres responsables, la possibilité que les militants attaquent les soldats israéliens quand ils débarqueraient sur le bateau. « Nous regrettons toute perte en vies humaines, mais le bilan aurait été encore plus lourd si nous avions agi différemment », a-t-il dit. « La Turquie reste un État très important au Proche-Orient. Nous devons trouver un moyen (...) de réparer la détérioration des relations », a-t-il ajouté. Il a cependant souligné que le blocus maritime autour de Gaza était « absolument essentiel pour empêcher Gaza de se transformer en un énorme arsenal » d'armes.
« La situation est très claire : Israël a tué des civils dans les eaux internationales. Israël doit avant tout assumer sa responsabilité » dans cette affaire, a rétorqué hier le chef de la diplomatie turque, Ahmet Davutoglu.
« La situation est très claire : Israël a tué des civils dans les eaux internationales. Israël doit avant tout assumer sa responsabilité » dans cette affaire, a rétorqué hier le chef de la diplomatie turque, Ahmet Davutoglu.
Le mandat de la commission israélienne, composée de cinq membres israéliens et de deux observateurs internationaux, est limité. Elle doit examiner notamment les aspects juridiques de l'assaut au regard du droit international puis soumettre ses conclusions, ainsi que celles d'une commission militaire israélienne, au groupe d'experts de l'ONU. Le chef d'état-major, le général Gaby Ashkenazi, doit être entendu aujourd'hui. Une commission militaire israélienne avait reconnu le 12 juillet que l'armée avait commis des « erreurs » lors de la planification et l'exécution du raid tout en justifiant le recours à la force.
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