De nombreuses réalités sur la scène palestinienne ont atteint une impasse. La première est que l’épuisement des voies politiques et l’ignorance de la résistance ressortent de l’absurde. La seconde est que cette voie, bien que douteuse, a été complètement rejetée par Israël, ne laissant rien pour préserver la face. Cependant, Israël insiste aujourd’hui sur le fait que les négociations directes soient la seule voie pour la paix. L’insistance de Netanyahu a atteint le point de promettre qu’il fera preuve de bonne volonté si les Arabes incitent Abou-Mazen à entamer ces négociations directes. Même Washington insiste conformément à la volonté d’Israël. Les Arabes et l’Autorité palestinienne ont compris que la persistance de la position israélienne et l’avancée du projet sioniste dans toutes les directions ont anéanti tout espoir en un véritable règlement. Ils se sont alors pliés à la volonté d’Israël et de Washington en croyant à tort que répondre aux demandes d’Israël dévoilera sa duperie au monde entier. Les Arabes ont alors décidé d’en finir avec les pressions américaines et ont décidé de donner carte blanche au président de l’Autorité palestinienne. Celui-ci réalise parfaitement que la balle est désormais dans son camp et qu’il se trouve seul avec la procuration arabe face aux pressions américaines et israéliennes. C’est pourquoi il a commencé à poser des conditions aux négociations. D’une part, il est convaincu que ces dernières représentent un suicide politique et historique et d’autre part, il ne peut abandonner la mission, car il est difficile maintenant de trouver un bouc émissaire.
En fait, cette situation dangereuse qui expose la cause palestinienne à la liquidation totale est assumée par les Arabes et par l’Autorité palestinienne en même temps car les deux parties ont contribué à créer cet état de fait. Ils doivent le réaliser pour deux raisons.
Premièrement, pour que chaque partie comprenne ses responsabilités et les assume. Mieux vaut tard que jamais. Deuxièmement, pour que l’Histoire enregistre cette phase dangereuse de la cause palestinienne. Dans le cadre de la détermination des rôles et des responsabilités, nous devons confirmer que les Arabes et le président de l’Autorité palestinienne comprennent très bien que l’équilibre des forces est dans l’intérêt du projet sioniste. Ils ont alors choisi la voie la plus facile mais la plus dangereuse, exactement comme l’a fait le gouvernement soudanais lorsqu’il fut dévasté par les flots du Sud qui est sur le point de se séparer en prélude du démantèlement du Soudan. Le gouvernement soudanais a alors déclaré que les Arabes et les musulmans doivent le remercier pour ses efforts déployés contre les plans du front populaire qui vise à étendre son pouvoir sur tout le Soudan et à expulser ses habitants arabes et musulmans en coalition avec Israël. Le résultat est le même tant que la résistance au complot n’était pas parmi les priorités du gouvernement au Soudan et des Arabes et du président de l’Autorité en Palestine. Ceci s’applique aux propos du président Bachar Al-Assad qui dit que la résistance est moins coûteuse que le retrait ou le désespoir.
Le président de l’autorité s’est engagé dans des hostilités avec le Hamas qui est devenu l’ennemi, et non pas Israël, dans le cadre de la concurrence pour le pouvoir. Ce cadre a été monté par Israël exactement comme il a limité celui du conflit lorsqu’il a retiré ses colons de Gaza sans aucune coordination avec l’autorité. C’est ainsi que le président de l’autorité, avec ses forces de sécurité, affronte la résistance à la place d’Israël, en coordination avec lui et selon sa logique de l’inefficacité de la résistance avec Israël avec toutes ses forces. Le fossé s’est alors élargi entre les frères, et Israël a exploité la situation pour continuer à voler le reste des territoires palestiniens.
D’autre part, Abou-Mazen est parfaitement conscient qu’il négocie sans aucune carte de pression et que la procuration qui lui est accordée n’a qu’une seule valeur : conférer la légitimité arabe à ses agissements pour qu’il ne soit pas accusé de sortir de l’unanimité arabe. De plus, ce couvert était requis par Israël et par les Etats-Unis qui se sont chargés de l’assurer dans toutes les capitales arabes.
Je pense que c’est là l’un des plus difficiles moments du président de l’autorité. Il est conscient que cette procuration représente une bombe qui peut exploser à chaque pas franchi et dont il ne peut se départir. En effet, les pressions arabes, israéliennes et américaines l’empêcheront de s’évader. Avancer sur la voie des négociations ou s’enfuir : deux choix plus douloureux l’un que l’autre.
En fait, les Arabes ont choisi la voie du retrait face au torrent sioniste. Ils ont refusé d’assumer leurs responsabilités en achetant le temps.
Cependant, ils sont conscients qu’une nouvelle phase du conflit commencera après la signature de l’accord de la capitulation face au projet sioniste, notamment en Palestine. En effet, le conflit grandira après la capitulation. Mais le cercle commencera au sein des régimes arabes après que le monde arabe ait perdu sa dignité à l’intérieur et ses droits et son prestige à l’extérieur. Le conflit perdurera tant que le projet sioniste durera et tant que l’Occident insistera à saper la paix des peuples arabes et leurs droits en la stabilité et le développement.
Abdallah Al-Achaal