Michel Warschawski
Israël, gangster international, et son attaque de la Flottille de la Liberté. Deux textes de Michel Warschawski
Des incidents atroces que nous ne voyons pas tous les jours, pas même en Israël, et nous avons besoin d’Ehud Barak à la barre du navire pour battre un nouveau record dans la longue liste de ratages et de dérisions. Non seulement nous mettons à mal nos relations, de façon peut-être irréparable, avec un partenaire stratégique comme la Turquie, mais le monde entier, dont des pays qui sont nos meilleurs amis, se voient contraints de critiquer sévèrement les actions d’Israël contre la Flottille de la Liberté en route pour la bande de Gaza. Même les Etats-Unis se sont joints à la demande d’une enquête internationale et indépendante sur l’action meurtrière israélienne. Si 9 personnes ne l’avaient payer de leur vie, nous serions aujourd’hui à fêter le succès de la flottille et ses implications à long terme pour la position internationale d’Israël.
L responsable de cette attaque misérable et barbare est le ministre de la Défense, Barak. Cet homme croit que ce qui ne peut être résolu par la force peut l’être par plus de force. C’est lui le responsable du massacre, entre autres, de Palestiniens en octobre 2000. Dans n’importe quel pays normal, Barak aurait été obligé de démissionner. Dans n’importe quel pays normal, hier, il aurait dû présenter sa lettre de démission. Et pourtant, même dans le contexte de la responsabilité de ses dirigeants, Israël n’est pas un pays normal, et il ne mérite manifestement pas un dirigeant raté et lamentable comme Ehud Barak.
Maintenant, c’est le tour de la machine en relations publiques et des tentatives pathétiques pour expliquer et justifier l’injustifiable. Cette machine est conduite par le Premier ministre lui-même, et il a avec lui le soutien total de presque tous les médias locaux.
« Actes de guerre », « Ils ont voulu nous tuer », « Israël continuera à protéger ses citoyens », et ce mot souvent répété de « lyncher », voilà comment le gouvernement israélien, dirigé par Benjamin Netanyahu, tente de justifier la tuerie de civils qui faisaient route vers la bande de gaza pour apporter de l’aide humanitaire à ses habitants. Même les services soi-disant de renseignements ont été enrôlés pour donner une information : « C’était des mercenaires d’Al Qaïda… »
Ce système de mensonges atteint d’autres sommets quand il est fait référence aux « armes » trouvées sur le navire : des barres de fer (qui a déjà vu un grand navire sans barres de fer ?), des couteaux de cuisine et des canifs de poche, des scies électriques (pour couper les chaînes), des masques à gaz, du matériel pour vision nocturne et même un caleçon long sur lequel était marqué « Hezbollah ». Assez pour détruire l’Etat d’Israël, ou du moins, lui infliger une cuisante défaite militaire.
Parmi ceux qui ont pris la responsabilité des relations publiques, il y a le journaliste ( ?) Dan Margalit http://www.alternativenews.org/inde..., qui s’est carrément surpassé cette fois : « Certaines démocraties dans le monde n’ont pas compris que les commandos marines étaient montés à bord en tant que messagers de la liberté ; certaines font semblant de ne pas comprendre ; et de nombreux dirigeants voudraient que l’armée israélienne continue le combat contre les terroristes… un de ces jours, ils remercieront Israël… c’est une guerre qui ne laisse aucun choix à Israël. » Rien de moins !
Sauvagerie mortelle et mensonges flagrants, tels sont les symboles de l’Israël 2010, et la raison de son isolement international sans précédent. Le monde ne supporte plus les intimidations d’Israël et son mépris du droit international, et les dirigeants du monde ne sont plus disposés à avaler les paquets de mensonges qui enrobent cette violence. Il serait étonnant que le gouvernement Netanyahu-Barak-Lieberman entende le message.
2 juin 2010 – Altenatif Information Center
Israël, gangster international, et son attaque de la Flottille de la Liberté
Acte de piraterie, crime de guerre, violation flagrante du droit international, assassinat de civils sans armes, chacune, quelle qu’elle soit, de ces définitions retenues par la presse internationale ces trente dernières heures est vraie, et toutes ensemble, elles sont à côté de la question. L’opération assassine israélienne est, en réalité, l’expression de la nouvelle façon de procéder d’Israël. Et à ce titre, c’est terrifiant.
Partout dans le monde, des hommes et des femmes s’interrogent. Pourquoi ? Pourquoi un tel crime qui paraît complètement dysfonctionnel et même contre-productif ? Pourquoi provoquer une crise majeure avec un pays allié comme la Turquie ? Pourquoi mécontenter l’Union européenne qui essaie de rehausser le statut d’Israël dans le marché européen ? Pourquoi choquer et provoquer l’ensemble de la communauté internationale ?
Afin de comprendre un tel comportement apparemment irrationnel de la part d’Israël, il nous faut remonter un an et demi en arrière, au massacre par Israël des Palestiniens dans la bande de Gaza, en décembre 2008/janvier 2009. Cette agression contre Gaza, les bombes et les obus sur des villes où un million et demi d’hommes, de femmes et d’enfants vivent, a provoqué un choc unanime dans le monde, et a fait de l’Etat d’Israël, aux yeux de centaines de millions de personnes, un Etat voyou qui n’a aucun respect pour la vie humaine et le droit international.
La décision stratégique d’Israël était de divorcer de la communauté internationale et d’ignorer l’opinion publique internationale. Revenons au vieux slogan de Golda Meir : « Peu importe ce que disent les gentils, ce qui compte c’est ce que les juifs font ». Deux ou trois ans plus tard, Israël était pris de surprise et vaincu par les armées arabes, et c’est grâce à l’aide massive, et en urgence, de « gentils » - en l’occurrence les Etats-Unis – qu’Israël a échappé à ce que Golda Meir a appelé elle-même « la destruction du Troisième Temple ».
Une telle stratégie isolationniste ne peut fonctionner que si les Etats-Unis sont derrière Israël, et à l’évidence, ils le sont. Mais ils sont aussi très en colère contre les dirigeants israéliens qui ne sont pas prêts le moins du monde à faire coïncider leur politique avec les intérêts des Etats-Unis dans le monde, on le voit en particulier par le refus de Benjamin Netanyahu de geler la colonisation en Cisjordanie. Et maintenant, les décideurs israéliens sont en train de provoquer une crise avec le deuxième atout de Washington, par ordre d’importance, dans l’Est méditerranée, avec la république turque.
La coopération entre la Turquie et Israël est au cœur du déploiement militaire de l’OTAN dans notre région, et perturber cette alliance stratégique pourrait avoir des implications dramatiques pour la politique sécuritaire américaine. Un acte d’agression contre la Turquie est, en fait, une attaque contre les intérêts US en Asie occidentale. Contrairement à l’establishment militaire israélien, qui est bien conscient de cette réalité, les politiciens israéliens restent empêtrés dans leur conception néoconservatrice du clash des civilisations.
Bien que la Turquie soit un Etat laïque non arabe, le fait qu’elle ait une population musulmane la place, pour la direction israélienne ignorante et raciste, comme partie intégrante de la menace arabo-musulmane, de ce camp barbare qui menace la civilisation « judéo-chrétienne ».
Armé d’une telle « analyse », Ehud Barak – encore lui ! – a décidé de donner une leçon à la Turquie et au monde entier. Comme d’habitude, Barak a perdu son pari, et Israël va devoir en payer le prix fort, à cause de lui et de son arrogance autiste. Une partie de ce prix sera une plus grande dépendance à l’égard des Etats-Unis et une plus grande réceptivité des demandes de la Maison-Blanche.
En un sens, les Palestiniens peuvent être les gagnants dans ce fiasco israélien, si leur direction sait comment s’y prendre. Le saura-t-elle ?
1er juin 2010 – Michel Warschawski – AIC
publié par l’AIC
[http://www.alternativenews.org/index.php ?option=com_content&view=category&layout=blog&id=143&Itemid=398]
traduction : JPP
publié également par Protection Palestine