23/05/2010
À la Maison Blanche, Saad Hariri devrait essayer de convaincre l'administration américaine d'user de son influence sur l'État hébreu pour apaiser les tensions avec le Liban.
La question du soutien de la Syrie aux rebelles du Hezbollah sera au centre des discussions entre le président Barack Obama et le Premier ministre libanais Saad al Hariri lors de leur entrevue, lundi, a annoncé un responsable américain. M. Hariri se rend dimanche à Washington pour sa première visite officielle aux États-Unis, au cours de laquelle il rencontrera le président américain Barack Obama, avec pour toile de fond les craintes d'un nouveau conflit israélo-libanais. Selon des spécialistes, Obama devrait se montrer encourageant à l'égard de son hôte libanais plutôt que d'exiger de lui des résultats.
Le porte-parole de la Maison blanche, Robert Gibbs, a précisé vendredi qu'Obama et Hariri vont discuter "d'un large éventail d'objectifs mutuels concernant la souveraineté et l'indépendance du Liban ainsi que la paix et la sécurité régionales".
Les gouvernements libanais et syrien ont exprimé leurs craintes d'une possible attaque de la part d'Israël après que le président Shimon Peres a accusé Damas de fournir au Hezbollah des missiles Scud dont la portée menace l'État hébreu. La Syrie a démenti ces accusations. Plusieurs responsables américains ont exprimé leur scepticisme face à ces accusations israéliennes, tout en croyant que la Syrie a fourni des armes au Hezbollah. "Nous nourrissons évidemment de profondes inquiétudes concernant le transfert de missiles au Hezbollah depuis la Syrie vers le Liban", a dit un haut responsable de l'administration Obama devant la presse.
Un autre responsable a précisé que Washington pourrait demander à Hariri de poursuivre ses efforts en faveur d'une "paix régionale globale". Le coordinateur spécial des Nations unies pour le Liban, Michael Williams, avait signalé vendredi "que les récentes tensions dans la région diminuaient". Williams s'est entretenu avec Hariri à Beyrouth et exprimait sa satisfaction de constater de "chaque partie a baissé d'un ton dans les menaces".
Le chef du gouvernement libanais devrait essayer de convaincre l'administration américaine d'user de son influence sur l'État hébreu pour apaiser les tensions entre les deux voisins. "Le Premier ministre Hariri cherchera à obtenir des garanties de Washington contre une nouvelle aventure israélienne au Liban", a estimé Oussama Safa, directeur du Centre libanais des études politiques. "Il veut s'assurer que les États-Unis continuent à réfréner Israël et veut obtenir des garanties de sécurité." Pour M. Safa, si les États-Unis vont tenter d'apaiser les craintes arabes quant au regain de tensions au Proche-Orient, il est aussi probable que la Maison Blanche demande au Liban de mettre au pas le Hezbollah et de lutter plus efficacement contre le trafic d'armes à la frontière syrienne. "Je ne crois pas que l'administration américaine soit en position de donner à M. Hariri des garanties, mais elle lui fera certainement des demandes", a-t-il dit.
Obama et Hariri devraient également aborder la question des sanctions que Washington souhaite faire adopter par le Conseil de sécurité contre l'Iran, accusé de poursuivre un programme nucléaire à des fins militaires. Le Liban occupera à partir du 31 mai la présidence tournante du Conseil de sécurité.
Outre sa rencontre avec M. Obama, lundi, M. Hariri rencontrera plusieurs autres dirigeants américains ainsi que le directeur général du Fonds monétaire international, Dominique Strauss-Kahn, a indiqué un responsable gouvernemental libanais. Mercredi, il doit s'exprimer devant le Conseil de sécurité de l'ONU, présidé par le Liban pour le mois de mai.
Le Premier ministre libanais, qui a rencontré plusieurs dirigeants arabes ces derniers temps, devrait également relayer leurs préoccupations régionales auprès de Washington.