Mordechai Vanunu, ancien technicien à la centrale nucléaire israélienne de Dimona, avait été kidnappé par des agents du Mossad à Londres, en 1986, alors qu’il venait de donner une interview à un journal britannique dénonçant la folie belliqueuse des dirigeants israéliens.
Il avait ensuite été condamné à 18 ans de prison pour trahison, et maintenu au secret jusqu’à sa libération, très conditionnelle, en 2004. Très conditionnelle, en effet, puisque Vanunu a été assigné à résidence depuis cette date, et il lui est interdit de faire la moindre déclaration publique ni d’avoir le moindre contact avec des étrangers. Le tout au nom de la « sécurité d’Israël », comme si cet homme pouvait encore détenir des informations sensibles, un quart de siècle après avoir été définitivement éloigné des installations nucléaires du pays.
Mais Vanunu, né au Maroc et aujourd’hui âgé de 56 ans, est un homme digne et courageux. Il a refusé de s’agenouiller devant le militarisme dominant, qui aurait sans doute assoupli son régime s’il avait fait, au moins semblant, d’exprimer un quelconque repentir.
Condamné dans un premier temps à une peine de 3 mois de Travail d’Intérêt Général pour avoir pris la parole publiquement, Vanunu a accepté la sentence, à condition qu’on le laisse effectuer ce travail dans les quartiers arabes de Jérusalem, et pas dans un environnement juif, où son lynchage était garanti.
Le tribunal lui a refusé cette « faveur », et Mordechai Vanunu a repris dimanche le chemin de la prison, sans se priver de dire leurs quatre vérités à tous ceux qui sont responsables ou complices de la terrible injustice qui le frappe.
“Vous voulez me faire craquer ? Vous n’y arriverez pas. Vous ne pourrez pas me priver de ma liberté d’expression. Vous n’obtiendrez pas de moi avec ces trois mois ce que vous n’avez pas obtenu en 18 ans, même si vos stupides agents du Mossad et du Shin Bet essaient à nouveau de m’infliger des tortures psychologiques, comme ils l’ont fait tant et tant au cours des années », a-t-il déclaré au sortir du tribunal.
« On me remet en prison alors que je n’ai fait que dire des vérités. Honte à Israël, honte à la démocratie, au Parlement, aux synagogues et aux grands médias mondiaux. Honte aussi à tous ces Arabes qui ne bougent pas et me laissent ainsi retourner en prison. Et honte au Sénat et au Congrès des Etats-Unis, et au président de l’Agence Internationale de l’Energie Atomique qui ne protègent pas ma liberté. Honte enfin à toutes les religions du monde, aux Juifs, aux Chrétiens, aux Musulmans ».
« Ils savent tous qu’Israël a la bombe atomique, mais personne ne dit rien … L’humanité ne veut pourtant pas d’armes nucléaires, ni en Israël, ni au Moyen-Orient, ni nulle part ailleurs dans le monde », a encore eu le temps de déclarer Vanunu, avant d’être emmené par les gardes.
CAPJPO-EuroPalestine