Les échéances délicates s’accumulent en cette rentrée pour une diplomatie américaine en mal de résultats, du Proche-Orient à la Corée du Nord, en passant par l’Iran et l’Afghanistan.
A une semaine de l’ouverture de l’Assemblée générale de l’ONU, le président Barack Obama compte d’abord sur cette grand-messe pour servir de cadre à une reprise du dialogue nucléaire avec Téhéran. L’invitation a été lancée dès avril. Mais rien n’indique qu’après sa réélection contestée, le président Mahmoud Ahmadinejad s’apprête à faire un pas en direction des grandes puissances, qui doutent du caractère pacifique du programme nucléaire iranien. Sur la question israélo-palestinienne, M. Obama s’est démarqué très tôt de son prédécesseur George W. Bush, en accentuant la pression américaine sur Israël pour mettre fin aux implantations de colonies juives. Il vient d’essuyer un revers avec l’annonce par Tel-Aviv de nouvelles extensions. La Maison-Blanche veut rester prudemment optimiste, avant une possible rencontre tripartite à New York, en marge de l’Assemblée générale, entre Barack Obama, son homologue palestinien Mahmoud Abbas et le Premier ministre israélien, Benjamin Netanyahu. La Corée du Nord, elle, fait peu de cas des sanctions renforcées contre elle en juin. Pyongyang vient ainsi d’annoncer le projet de fabriquer de nouvelles armes nucléaires avec des barres d’uranium usagées. Le sujet international le plus brûlant pour M. Obama, actuellement, reste la guerre en Afghanistan. Après avoir augmenté de 21 000 soldats le contingent américain engagé dans ce conflit, il doit bientôt décider si l’effort doit encore être accru ou pas. Sur le terrain, la coalition a subi en août ses plus lourdes pertes depuis le début de la guerre en octobre 2001. Et aux Etats-Unis, le soutien à la guerre faiblit de sondage en sondage. Les premiers pas diplomatiques de Barack Obama avaient été marqués par sa volonté affichée de dialoguer avec les adversaires de l’Amérique, qui contrastait avec la rigidité attribuée à l’administration Bush. Aujourd’hui, certains observateurs s’impatientent, voire jugent que la méthode ne portera pas ses fruits. D’autres, comme Zbigniew Brzezinski, ancien conseiller du président Jimmy Carter (1976-1980) et soutien précoce du candidat Obama, reprochent au Président de tarder à prendre des décisions. « J’ai toujours pensé que pour s’attaquer aux problèmes difficiles, le plus tôt était le mieux », a-t-il déclaré, mardi, au Financial Times au sujet de l’Afghanistan. Et au Proche-Orient aussi, assène-t-il, « on a beaucoup trop traîné ». « L’administration est en place depuis moins d’un an et elle gère une crise financière mondiale. Ce n’est pas elle qui pose problème, c’est le niveau des attentes », réplique dans un entretien à l’AFP Anthony Cordesman, du Centre d’études stratégiques et internationales (CSIS). M. Cordesman évoque « l’espoir quasi surréaliste » suscité par l’élection de M. Obama. Thomas Carothers, de l’institut Carnegie, estime que les doutes actuellement entendus étaient « très prévisibles ». Lui non plus ne met pas en cause M. Obama, jugeant que « la situation internationale des Etats-Unis est la plus difficile depuis longtemps », en partie du fait de la précédente administration. « Je ne pense pas que le Président ait laissé passer une chance », dit-il, évoquant la révision en cours de la stratégie pour l’Afghanistan et le Pakistan. Pour l’instant, résume-t-il, « il n’y a pas de grande réussite ni d’échec visible. Tant qu’on sera dans cet entre-deux, il y aura des critiques mais M. Obama aura du temps pour agir ».
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