Palestine 48 - 16-09-2009 |
Officiellement, aucun Palestinien ne vit dans la «ville juive» du Haut-Nazareth. L’élégant site internet de la ville n’est diffusé qu’en hébreu et en russe. Quand j'étais là-bas récemment, j'ai appelé un porte-parole pour lui poser une question sur les chiffres mais il n’a pas voulu me donner de réponse claire.
« Je suis devant une maison où il est écrit au-dessus de la porte, en arabe coranique : "Il n'y a de pouvoir qu'en Dieu" ai-je dit. « Et je sais que deux Palestiniens font partie du conseil de votre ville. »
« Nous ne disposons toujours pas d'informations suffisantes sur les chiffres », fut la réponse.
Vue générale de Nazareth, encerclée par les colonies.
En fait, selon l'Association Arabe pour les Droits de l'Homme, 20% des habitants de la ville sont Palestiniens. La plupart d’entre eux sont venus de la ville surpeuplée du vieux Nazareth en bas de la colline et des villages environnants. Certains d'entre eux ont dû payer jusqu’à 500.000 Livres pour une maison, soit trois fois la valeur du marché. Les gens qui vendent sont des immigrants russes qui se rapprochent de Tel Aviv.
Il n'y a pas d'écoles ou de jardins d'enfants palestiniens, donc les routes entre Nazareth et le Haut-Nazareth sont bondées aux heures de pointe. Mais les 20% de non-existants sont représentés au sein du Conseil et, Israël étant Israël, les deux conseillers palestiniens sont dans une coalition bizarre avec le parti d’extrême-droite d'Avigdor Liberman. Le maire a eu besoin de leur aide afin de vaincre le parti travailliste. Ils ont exigé, et obtenu, la promesse d'une construction d’une école arabe dans le Haut-Nazareth.
Le maire n'en est pas moins attaché à la 'judaïsation' - à savoir la dé-arabisation - de sa ville, et Liberman a déclaré en août que l'arrêt de l'immigration des Arabes à Nazareth était, selon ses termes, une priorité nationale.
La ville a été construite dans les années 1950. David Ben Gourion était scandalisé par la présence d’autant d'Arabes en Galilée quand il a visité la région en 1953, quelques jours avant de se retirer pendant un an et demi de son mandat de Premier ministre. Il a nommé le directeur général du Ministère de la Défense, Shimon Peres, pour « judaïser la Galilée » en utilisant lesRègles d’Urgence qui permettaient à l'armée de confisquer les terres aux Palestiniens. Le Haut-Nazareth a ouvert en 1957, et des hauts officiers de l'armée y étaient cantonnés.
La zone couverte par le Haut-Nazareth a quadruplé depuis sa création. Chaque expansion s’est faite sur des terres expropriées à des Arabes. Ses 50.000 habitants vivent dans un espace urbain dynamique qui est en constante progression et développement.
Les 70.000 Palestiniens du vieux Nazareth vivent dans une ville dont la surface ne représente que la moitié de celle du Haut Nazareth et qui n'est pas autorisée à s’étendre sur un seul mètre carré de plus : en effet, l'une de ses collines ouest a été récemment réquisitionnée pour le Haut-Nazareth.
Les villages autour de Nazareth ont d'abord été visés par le plan de judaïsation de 1976 d’Yitzhak Rabin, Yehud Ha-Galil. Dans le grand Nazareth, la principale stratégie était de perturber la continuité géographique naturelle entre les villages palestiniens en créant des coins juifs entre eux.
Les Juifs sont venus, mais les Palestiniens ne partaient pas, donc une deuxième vague de judaïsation a commencé en 2001, sous Peres et Ariel Sharon. Ca n’a pas très bien réussi non plus ; les Juifs préféraient vivre à Tel-Aviv.
La tentative actuelle est motivée par l'échec des politiques antérieures pour rendre juive la Galilée, en général, et Nazareth, en particulier. Les gens et les économies fonctionnent de façon mystérieuse : les Palestiniens aisés ont commencé à acheter des maisons dans la citadelle qui a été construite pour les expulser. Benjamin Netanyahu considère cela comme une grave menace à la sécurité nationale d'Israël.
Les politiciens locaux sont encore plus directs. « Si nous perdons la majorité juive en Galilée, c'est la fin de l'État juif », a déclaré récemment Motti Dotan, un membre du Parti travailliste. « J’aimerais imaginer une Galilée sans Arabes : pas de vols, pas de crimes. . . nous aurions une vie normale. »
L'état d'esprit raciste en Israël exonère le gouvernement de toutes les inhibitions qui ont limitées ses actions dans le passé.
Maintenant, on fait appel à des écologistes, des industriels et des universitaires. Le Fonds National Juif se cache derrière l'initiative, avec la Société de Protection de la Nature en Israël.
L'objectif de diminuer la présence palestinienne en Galilée, est aussi pleinement approuvé par le prestigieux Syndicat des producteurs de vins israéliens, qui a adopté un plan préparé par des universitaires de renom de l'Institut israélien de Technologie.
Publié en 2003, le plan appelle à la reprise de la Galilée par les Juifs. « C'est eux ou nous », commence-t-il.
« Les problèmes de terre en Galilée ont montré que tout territoire qui n'est pas pris par des éléments sionistes sera très convoité par les non-sionistes ».
L'essentiel de ce qu'ils proposent, c’est de saisir les terres d'importance stratégique par la force et de les conserver jusqu'à ce que des Juifs s'y installent.
Le directeur général de l'AMPA, un électricien, a récemment déclaré que son entreprise fabriquait maintenant non seulement des réfrigérateurs, mais qu’elle soutenait également activement la "judaïsation de la Galilée" en construisant de nouvelles communautés dans la région pour les anciens ouvriers d’AMPA. « Nous n'avons pas honte de dire que nos plans ont un élément sioniste ».
Le village palestinien d'Ayn Mahil, à l'est de Nazareth et à proximité du Haut Nazareth, n’est désormais accessible que par un seul chemin, et il passe par un quartier religieux juif du Haut-Nazareth : le jour du Grand Pardon, les gens d’Aïn Mahil ne peuvent pas quitter ou entrer dans leur village.
Ils seront bientôt encerclés par une nouvelle ville appelée Chaharit (qui signifie "aube" en hébreu, mais c'est aussi le nom de la première prière juive de la journée). Dix mille juifs ultra-orthodoxes vont y être installés et on espère qu'ils vont corriger l’équilibre démographique "défavorable", et qu’ils sépareront Aïn Mahil de la région de Nazareth.
Les anciennes oliveraies du village ont été arrachées pour la préparation des travaux de construction. Un nouveau réseau routier fera en sorte que d'autres villages seront séparés les uns des autres et de Nazareth.
En vertu des pouvoirs d'urgence qui lui avaient été accordés en tant que ministre des infrastructures nationales dans les années 1990, Sharon avait ordonné la construction d'un nouveau site industriel, Ziporit, sur des terres confisquées aux Palestiniens et à proximité de plusieurs villages.
Ziporit comprend une usine de verre et une usine d'aluminium; or selon le droit international, aucune de ces usines ne peut être construite à proximité d’un lieu d’habitation.
Le plus proche de ces villages est Mashad : depuis l'ouverture du site, le nombre de décès de cancer a augmenté de 40 pour cent.
« Je suis devant une maison où il est écrit au-dessus de la porte, en arabe coranique : "Il n'y a de pouvoir qu'en Dieu" ai-je dit. « Et je sais que deux Palestiniens font partie du conseil de votre ville. »
« Nous ne disposons toujours pas d'informations suffisantes sur les chiffres », fut la réponse.
Vue générale de Nazareth, encerclée par les colonies.
En fait, selon l'Association Arabe pour les Droits de l'Homme, 20% des habitants de la ville sont Palestiniens. La plupart d’entre eux sont venus de la ville surpeuplée du vieux Nazareth en bas de la colline et des villages environnants. Certains d'entre eux ont dû payer jusqu’à 500.000 Livres pour une maison, soit trois fois la valeur du marché. Les gens qui vendent sont des immigrants russes qui se rapprochent de Tel Aviv.
Il n'y a pas d'écoles ou de jardins d'enfants palestiniens, donc les routes entre Nazareth et le Haut-Nazareth sont bondées aux heures de pointe. Mais les 20% de non-existants sont représentés au sein du Conseil et, Israël étant Israël, les deux conseillers palestiniens sont dans une coalition bizarre avec le parti d’extrême-droite d'Avigdor Liberman. Le maire a eu besoin de leur aide afin de vaincre le parti travailliste. Ils ont exigé, et obtenu, la promesse d'une construction d’une école arabe dans le Haut-Nazareth.
Le maire n'en est pas moins attaché à la 'judaïsation' - à savoir la dé-arabisation - de sa ville, et Liberman a déclaré en août que l'arrêt de l'immigration des Arabes à Nazareth était, selon ses termes, une priorité nationale.
La ville a été construite dans les années 1950. David Ben Gourion était scandalisé par la présence d’autant d'Arabes en Galilée quand il a visité la région en 1953, quelques jours avant de se retirer pendant un an et demi de son mandat de Premier ministre. Il a nommé le directeur général du Ministère de la Défense, Shimon Peres, pour « judaïser la Galilée » en utilisant lesRègles d’Urgence qui permettaient à l'armée de confisquer les terres aux Palestiniens. Le Haut-Nazareth a ouvert en 1957, et des hauts officiers de l'armée y étaient cantonnés.
La zone couverte par le Haut-Nazareth a quadruplé depuis sa création. Chaque expansion s’est faite sur des terres expropriées à des Arabes. Ses 50.000 habitants vivent dans un espace urbain dynamique qui est en constante progression et développement.
Les 70.000 Palestiniens du vieux Nazareth vivent dans une ville dont la surface ne représente que la moitié de celle du Haut Nazareth et qui n'est pas autorisée à s’étendre sur un seul mètre carré de plus : en effet, l'une de ses collines ouest a été récemment réquisitionnée pour le Haut-Nazareth.
Les villages autour de Nazareth ont d'abord été visés par le plan de judaïsation de 1976 d’Yitzhak Rabin, Yehud Ha-Galil. Dans le grand Nazareth, la principale stratégie était de perturber la continuité géographique naturelle entre les villages palestiniens en créant des coins juifs entre eux.
Les Juifs sont venus, mais les Palestiniens ne partaient pas, donc une deuxième vague de judaïsation a commencé en 2001, sous Peres et Ariel Sharon. Ca n’a pas très bien réussi non plus ; les Juifs préféraient vivre à Tel-Aviv.
La tentative actuelle est motivée par l'échec des politiques antérieures pour rendre juive la Galilée, en général, et Nazareth, en particulier. Les gens et les économies fonctionnent de façon mystérieuse : les Palestiniens aisés ont commencé à acheter des maisons dans la citadelle qui a été construite pour les expulser. Benjamin Netanyahu considère cela comme une grave menace à la sécurité nationale d'Israël.
Les politiciens locaux sont encore plus directs. « Si nous perdons la majorité juive en Galilée, c'est la fin de l'État juif », a déclaré récemment Motti Dotan, un membre du Parti travailliste. « J’aimerais imaginer une Galilée sans Arabes : pas de vols, pas de crimes. . . nous aurions une vie normale. »
L'état d'esprit raciste en Israël exonère le gouvernement de toutes les inhibitions qui ont limitées ses actions dans le passé.
Maintenant, on fait appel à des écologistes, des industriels et des universitaires. Le Fonds National Juif se cache derrière l'initiative, avec la Société de Protection de la Nature en Israël.
L'objectif de diminuer la présence palestinienne en Galilée, est aussi pleinement approuvé par le prestigieux Syndicat des producteurs de vins israéliens, qui a adopté un plan préparé par des universitaires de renom de l'Institut israélien de Technologie.
Publié en 2003, le plan appelle à la reprise de la Galilée par les Juifs. « C'est eux ou nous », commence-t-il.
« Les problèmes de terre en Galilée ont montré que tout territoire qui n'est pas pris par des éléments sionistes sera très convoité par les non-sionistes ».
L'essentiel de ce qu'ils proposent, c’est de saisir les terres d'importance stratégique par la force et de les conserver jusqu'à ce que des Juifs s'y installent.
Le directeur général de l'AMPA, un électricien, a récemment déclaré que son entreprise fabriquait maintenant non seulement des réfrigérateurs, mais qu’elle soutenait également activement la "judaïsation de la Galilée" en construisant de nouvelles communautés dans la région pour les anciens ouvriers d’AMPA. « Nous n'avons pas honte de dire que nos plans ont un élément sioniste ».
Le village palestinien d'Ayn Mahil, à l'est de Nazareth et à proximité du Haut Nazareth, n’est désormais accessible que par un seul chemin, et il passe par un quartier religieux juif du Haut-Nazareth : le jour du Grand Pardon, les gens d’Aïn Mahil ne peuvent pas quitter ou entrer dans leur village.
Ils seront bientôt encerclés par une nouvelle ville appelée Chaharit (qui signifie "aube" en hébreu, mais c'est aussi le nom de la première prière juive de la journée). Dix mille juifs ultra-orthodoxes vont y être installés et on espère qu'ils vont corriger l’équilibre démographique "défavorable", et qu’ils sépareront Aïn Mahil de la région de Nazareth.
Les anciennes oliveraies du village ont été arrachées pour la préparation des travaux de construction. Un nouveau réseau routier fera en sorte que d'autres villages seront séparés les uns des autres et de Nazareth.
En vertu des pouvoirs d'urgence qui lui avaient été accordés en tant que ministre des infrastructures nationales dans les années 1990, Sharon avait ordonné la construction d'un nouveau site industriel, Ziporit, sur des terres confisquées aux Palestiniens et à proximité de plusieurs villages.
Ziporit comprend une usine de verre et une usine d'aluminium; or selon le droit international, aucune de ces usines ne peut être construite à proximité d’un lieu d’habitation.
Le plus proche de ces villages est Mashad : depuis l'ouverture du site, le nombre de décès de cancer a augmenté de 40 pour cent.
Source : http://www.lrb.co.uk/
Traduction : MG pour ISM