Et de louer les efforts importants accomplis en matière de sécurité par l'Autorité palestinienne. Et de saluer les améliorations apportées par les autorités israéliennes à la liberté de déplacement des Palestiniens par la suppression de certains postes de contrôle. Et de faire remarquer les progrès accomplis par l'économie palestinienne en Cisjordanie et les perspectives positives de croissance au début de cette année.
Tony Blair aime bien montrer les signes encourageants. L'ancien premier ministre britannique a ainsi l'impression que les choses avancent, même si c'est lentement. "Bien sûr, tempère-t-il, il y a encore un long bout de chemin à parcourir. Il faut accompagner ce processus par des négociations politiques. Bien sûr, insiste-t-il, ce n'est pas suffisant mais c'est tout de même significatif. Il faut se concentrer sur le terrain. Il faut que les investisseurs viennent."
Tout cela n'est pas facile, car Israël occupe toujours la Cisjordanie et contrôle totalement 60 % de ce territoire, admet M. Blair. Mais c'est un début ! "Il faut faire plus, reconnaît-il, car il y a toujours beaucoup de restrictions. Le changement doit s'accélérer. Il faut donner aux deux peuples la chance de faire la paix. Il faut que les Palestiniens croient à la solution de deux Etats pour deux peuples." Tony BlairBenyamin Nétanyahou, le premier ministre israélien, a décidé de lever les obstacles administratifs pour faire avancer les projets de zones industrielles à Jéricho, Jénine et Bethléem. Il y avait plus de deux ans que deux de ces initiatives étaient bloquées. Tout finit donc par arriver. C'est la politique des petits pas, des changements pratiques sur le terrain, une approche chère à M. Blair et qui, dès le départ, devait permettre d'établir un climat de confiance réciproque. est satisfait de voir que
L'inconvénient est que ce climat de confiance n'existe toujours pas. Que l'échec du processus de paix d'Annapolis, lancé en novembre 2007 et qui devait porter ses fruits dès 2008, est passé par là. Que les trois semaines de guerre à Gaza, au début de l'année, ont accentué la fracture territoriale palestinienne. Qu'Israël refuse toujours de geler la colonisation en Cisjordanie, comme l'exige Barack Obama, le président des Etats-Unis. "Il faut créer les fondations pour que, de chaque côté, on établisse des rapports de confiance, car il s'agit d'une crise de confiance et de bonne volonté", répète inlassablement Tony Blair. "Il faut assouplir la situation à Gaza. Il faut combiner les progrès sécuritaires, économiques et politiques pour avancer."
M. Blair rencontre les principaux acteurs du conflit mais esquive toute les questions politiques. Il n'est là que pour faire part des bonnes nouvelles et pour les mettre en avant. Il est un observateur, sans marge de manoeuvre, sans volonté véritable d'en avoir. Il cautionne le projet de "paix économique" de M. Nétanyahou. Il ne proteste jamais et se défausse sur la nouvelle administration américaine pour les décisions à prendre. Il n'est là que quelques jours par mois mais mobilise, depuis près de deux ans, un étage entier du meilleur hôtel de Jérusalem-Est. Sa mission apparaît de plus en plus comme une sorte de hochet, incapable qu'il est d'influer sur le cours des choses.
Deux ans après son entrée en fonction en septembre 2007, tout le monde, à commencer par les Palestiniens, se demande à quoi sert Tony Blair. Il ne s'est rendu que deux fois à Gaza et, lors de sa première tentative, il a rebroussé chemin sur les recommandations pressantes des plus hautes autorités israéliennes.
Une mission ambitieuse avait pourtant été esquissée dans une lettre ouverte des dix ministres des affaires étrangères des Etats méditerranéens de l'UE. Quatre objectifs avaient été fixés : "Offrir un espoir, une véritable solution politique aux peuples de la région ; prendre en compte le besoin sécuritaire d'Israël ; obtenir d'Israël des mesures concrètes et immédiates en faveur de Mahmoud Abbas, notamment le gel de la colonisation et l'évacuation des implantations sauvages. Il est trop tard pour tergiverser", précisait la lettre ouverte. Quatrième point : "Ne pas pousser le Hamas à la surenchère, ce qui implique de rouvrir la frontière avec l'Egypte et de faciliter le passage entre Gaza et Israël." "Ces quatre objectifs sont à notre portée. L'occasion est historique. C'est peut-être la dernière", ajoutaient les ministres européens.
Tony Blair est convaincu que le conflit israélo-palestinien est la matrice des tensions au Moyen-Orient. Depuis deux ans, en tant que représentant du Quartet, il continue d'espérer, sans donner l'impression d'être devenu un acteur décisif du processus.
Quand on l'interroge sur son avenir dans la région, il répond par une pirouette. Pour le moment, il ne semble pas avoir mieux à faire, en attendant peut-être de postuler pour la présidence de l'Union européenne, son ambition.