Le Quartette ordonne le gel total des colonies
C’est apparemment la fin de l’Etat de grâce, voire de l’impunité pour l’Etat hébreu. Le quartette (USA, UE, Russie et ONU), réuni hier en marge de la rencontre des ministres des Affaires étrangères du G8 à Trieste (nord-est de l’Italie), ne s’est pas encombré d’euphémisme pour dire les quatre vérités à Israël. Et par la bouche du secrétaire général de l’ONU.
« Le quartette appelle les autorités israéliennes à arrêter la colonisation, y compris celle (issue) d’une croissance naturelle, à lever tous les blocages et à ouvrir les frontières », a déclaré hier Ban Ki-moon dans une conférence de presse. Clair, net et sans concession, le propos du SG de l’ONU à l’endroit d’Israël qui a réussi la « prouesse » de se mettre à dos toute la communauté internationale, y compris les grands « amis », la France et les Etats-Unis.
L’étoile de David pâlît
Pour Ban Ki-moon, ces mesures déclinées sur un ton comminatoire constituent un préalable pour « la mise en œuvre de nos propositions ». Il faut croire donc que le quartette dispose d’un plan pratique de règlement du conflit israélo-palestinien et qui fait largement consensus. Le fait est qu’aucune voix discordante n’a été entendue hier par les pays du G8, comme cela avait toujours été le cas dès qu’il s’est agi de hausser le ton contre Tel-Aviv. Les temps ont donc changé, les tons aussi… Le secrétaire général des Nations unies a rappelé à juste titre que la bande de Ghaza est soumise à un « strict blocus de la part d’Israël depuis sa prise de contrôle par le Hamas il y a environ deux ans ». Ban Ki-moon suggérait, lors d’une conférence de presse aux côtés de l’envoyé spécial du quartette, Tony Blair, du haut représentant de l’UE pour la politique étrangère, Javier Solana, de l’émissaire américain pour le Proche-Orient, George Mitchell, et du ministre russe des Affaires étrangères, Sergueï Lavrov, qu’il n’est plus question de cautionner cette situation. Il est évident que la tonalité du discours du quartette hier tranchait avec les tournures euphémiques des responsables du G8 qui se faisaient un point d’honneur de monter en épingle la « sécurité d’Israël » pour justifier toutes les outrances de l’Etat hébreu à l’égard du peuple palestinien spolié de ses terres. Tout porte à croire que l’on assiste à la fin d’une époque où l’armée israélienne se fait « justice » elle-même au nez et à la barbe de la communauté internationale. Le quartette avertit dans son communiqué : « La seule solution viable pour mettre fin au conflit israélo-palestinien repose sur le principe de deux Etats. On remarquera que le quartette n’impose aucune condition au futur Etat palestinien, contrairement à Netanyahu qui en rétrécit les terres et les aires… »
De même que les maîtres du monde ont réaffirmé leur soutien à l’organisation d’une conférence internationale sur le Proche-Orient à Moscou en 2009 pour relancer le processus de paix que Tel-Aviv ne voit pas d’un bon œil. C’est dire qu’après avoir croisé le fer avec Barack Obama, le Premier ministre israélien se retrouve seul contre le G8. Benyamin Netanyahu, qui refuse mordicus l’arrêt total de la colonisation tout en se prononçant contre la construction de nouvelles colonies et la saisie de terres, comme il l’a répété à Paris, fait face à une intransigeance… américaine. Sa volonté de poursuivre la construction dans les implantations existantes sous motif de « croissance naturelle » n’est qu’un expédient aux yeux de Barack Obama. C’est pourquoi le président américain exige un « gel total » des colonies soutenu depuis hier par tous les partenaires du G8. Et c’est l’Etat hébreu qui se retrouve, pour une fois, désigné du doigt par toute la communauté internationale. C’est tellement rare, même au plus fort de la guerre contre Ghaza...
Par
elwatan.com