Que vaut la « reconnaissance » comme Etat… d’un Etat qui n’assume pas ses fonctions, et spécialement sa fonction judiciaire ? Pourquoi la Justice palestinienne ne juge-t-elle pas les crimes israéliens ?
Ziad Abou Eïn, ministre palestinien chargé de la colonisation, est mort ce mercredi à la suite de heurts avec des soldats israéliens lors d’une manifestation de 300 personnes protestant contre la confiscation des terres palestiniennes.
La manifestation est partie en cortège vers le village palestinien de Turmus Ayya, près de Ramallah, en direction l’avant-poste illégal d’Adei Ad, établi par des colons israéliens, avec l’intention de planter des oliviers. Les marcheurs ont été arrêtés par des soldats israéliens, et Ziad Abou Eïn a été empoigné au col et à la gorge, avant d’être projeté à terre, et frappé. Les témoins décrivent des coups de poing et de crosse. Des images montrent une grenade lacrymogène explosant au pied du ministre, qui s’affaisse en se tenant la poitrine. Il a été emmené à l’hôpital, mais c’était trop tard, et il est décédé.
Mahmoud Abbas a dénoncé un « acte barbare », et a décrété trois jours de deuil, affirmant que toutes les options étaient « ouvertes ». Ban Ki-moon a demandé à Israël une « enquête rapide et transparente ». Bon… On comprend donc qu’il ne se passera rien, et qu’il s’agit juste d’effets oratoires pour calmer la colère de la rue palestinienne.
Je pose une question simple : pourquoi Abbas ne déclare-t-il pas qu’une enquête judiciaire va être ouverte, pour que la justice de l’Etat de Palestine enquête et juge les coupables ? Ca, au mois, ce serait clair. La Palestine a une organisation judiciaire complète, et elle doit engager des procès sérieux dans de telles circonstances ? C’est une prérogative d’Etat. Basiquement, un Palestinien a été tué en Palestine : l’affaire doit être confiée à la justice palestinienne qui doit enquêter. Pourquoi cette renonciation… alors qu’Israël juge et emprisonne les Palestiniens ?
Et nos braves parlementaires français qui votent des résolutions infantiles sur la « reconnaissance » de l’Etat de Palestine, ils pourraient encourager les Palestiniens rendent justice, ce serait un peu plus clair… Le problème est que les uns et les autres, il faut bien le constater, n’assument pas leurs discours. On se paie de mots avec une invocation mythique de « reconnaissance d’Etat», mais on refuse d’en exercer les prérogatives contre Israël.
Pourtant, qui a peur de l’Etat de droit ? Qui a peur de la justice ?