Le jeune Yasser Mahmoud Al-Hadj, 25 ans, ne
pouvait croire que c’était sa maison qui avait été visée par les
bombardements sionistes. Il avait quitté sa famille depuis une heure
seulement ; il était sur le chemin du retour et il ne lui restait que
quelque trois minutes pour atteindre la maison.
Ce soir-là, le jeudi 10 juillet 2014, il ne
restait à Yasser que quelque deux cents mètres pour atteindre la maison
familiale, dans le camp de Khan Younes, lorsqu’il a entendu le bruit
assourdissant d’un explosif dont il a reçu quelques gravats.
« J’étais sûr et certain que les occupants
sionistes étaient venus bombarder une maison. J’ai d’abord pensé à une
maison voisine. Je n’avais pas pensé que cela pouvait être la nôtre ; il
n’y avait aucune raison pour cela », explique-t-il.
Destruction et choc
Yasser s’est précipité vers la maison de sa
famille pour s’assurer que tout allait et pour offrir son aide à ses
voisins. Mais à son arrivée, il a trouvé sa maison, de deux étages, à
terre, un tas de gravats, ainsi qu’une maison avoisinante.
Lorsqu’il avait vu la maison à terre, il a
commencé à crier : « Toute ma famille est à l’intérieur, mon père, ma
mère, mes frères, mes sœurs ». Devant les tas de gravats, il n’a rien pu
faire.
Le choc a mis le jeune miraculé dans un
état hystérique. Il a commencé à chercher du dessous des décombres les
corps des siens, à main nue, en se disant qu’il fallait être avec sa
famille. Quelques minutes plus tôt et il aurait été avec eux : « Si
seulement j’étais arrivé pour tomber en martyre avec eux ».
La mort de toute une famille
L’état hystérique de Yasser a obligé les équipes de sauveteurs à le transférer vers l’hôpital avec une trentaine de blessés.
Le lendemain matin, il s’est réveillé et a
remarqué que cela n’était pas un mauvais cauchemar, mais une dure
réalité. Il a pris conscience qu’il venait de perdre son père hadj
Mahmoud, ses frères et sœurs Omer, 20 ans, Saad, 17 ans, Tareq, 18 ans,
Asmaa, 22 ans, Najlaa, 29 ans, et Fatima, 12 ans.
Ce matin-là, le correspondant de notre
Centre Palestinien d’Information (CPI) a parcouru la zone. D’une maison,
il a remarqué qu’il ne restait que des tas de gravats, de blocs de
ciment, de meubles dévastés. Les maisons avoisinantes étaient détruites,
et les habitants les avaient quittées. Il a vu aussi les équipes de
secours cherchant les corps de martyrs.
Quelques secondes avant le martyre
Yasser, l’unique rescapé de sa famille, se
rappelle de cette nuit du jeudi du mois béni de Ramadan. Toute sa
famille venait de rentrer après une visite faite à la famille de son
oncle. Il les a laissés pour aller voir des amis. « Une heure et je
reviens », lui a-t-il dit.
Les membres de la famille suivaient les nouvelles, sans penser qu’ils seraient sous les décombres moins d’une heure plus tard.
Yasser se met debout et ne trouve pas les
mots pour parler de sa famille : « Ma mère voulait que je me marie ; moi
je lui répondais que c’était très tôt. Cette maison, c’est mon père qui
l’a construite. Nous y avons tous nos souvenirs, tristes et moins
tristes. Comment sera ma vie après la perte de ma famille et ma
maison ? »
De sa famille, il n’a que sa sœur Fidaa.
Celle-ci n’est pas morte parce qu’elle ne vit pas dans la même maison,
mais dans la maison de son mari, à Rafah, au sud de la bande de Gaza.
Finalement, Yasser, sa sœur Fidaa, les
voisins et beaucoup de monde n’arrêtent pas de se poser la question
suivante : pourquoi les occupants sionistes ont bombardé la maison avec
ses habitants, sans aucun avertissement ?