Par Robert Bonomo (revue de presse : The UNZ Review – extraits - 6/8/14)*
Imaginons un instant que les Arabes aient obtenu, après la
guerre israélo-arabe de 1948, une part plus importante de territoire que
les Israéliens et que la bande de Gaza soit tout ce qui reste d’Israël.
Supposons pour un instant qu’à la place des Palestiniens, plus d’1,8 million de Juifs soit entassé dans la bande de Gaza (d’une superficie égale à la moitié de la ville de New York) et
que l’Etat de Palestine, financé et soutenu par une superpuissance,
administre la prise de calories des Juifs à Gaza à un niveau limité à
2300 calories par jour.
Imaginons que les enfants palestiniens de ce Gaza- là soient des
enfants juifs, soumis à un embargo qui les prive de jouets, de livres,
de musique et, jusqu’à il y a quelques années, de pâtes. Quelle serait, à
votre avis, la réaction du monde?
Imaginons que ce soient des commandos palestiniens qui aient pris
d’assaut un navire dépourvu d’intentions belliqueuses, désireux de
briser l’embargo pour apporter des vivres aux Juifs de Gaza, tuant neuf
personnes à bord dont un Américain ? Croyez-vous que 85 sénateurs
auraient signé une lettre pour appuyer l’embargo sur Gaza et la mortelle
attaque du cargo ?
Le correspondant de NBC à Gaza, Mohyeldin Ayama rapportait la mort des quatre enfants sur la plage de Gaza, le 16 juillet dernier ainsi : «… Quelques instants avant, les garçons jouaient au football avec des journalistes… ».
NBC a ordonné à Mohyeldin de quitter Gaza suite à des pressions des
néo-conservateurs US. Est-ce que vous pensez qu’il aurait été remplacé
si son reportage avait concerné la mort de quatre enfants juifs tués par
une canonnière palestinienne ?
Nous assistons à Gaza à une discrimination médiatique de la vie à
l’encontre des Palestiniens. C’est ainsi que s’exprimait l’ambassadeur
US aux Nations unies, Samantha Power, au lendemain de l’agression
israélienne : « Les Etats-Unis s’inquiètent des attaques à la
roquette du Hamas et de l’escalade dangereuse des hostilités dans la
région. Plus particulièrement, nous nous soucions des conséquences
désastreuses de la crise sur les populations israélienne et
palestinienne ». Il est impensable que si un engin du Hamas avait
atterri dans un parc tuant quatre enfants israéliens, ses propos eussent
été les mêmes. Parce que le gouvernement qu’elle représente soutient le
régime d’apartheid israélien….
Un autre reporter de CNN, Diana Magnay fut aussi déplacé à Moscou pour avoir écrit : « … Après son reportage (sur les bombardements sur Gaza), elle avait fait un Twit : « Les
Israéliens se tenant sur une colline au-dessus de Sderot ont applaudi
aux bombardements sur Gaza et ont menacé de « détruire ma voiture » si
j’écrivais un mot de travers ». Aurait-elle été envoyée ailleurs si les protagonistes eussent été différents ?
L’écrivain israélien internationalement connu, Amos Oz, a qualifié la guerre de « justifiée » bien qu’ « excessive » et, au cours d’une interview, posé le problème par deux questions:
« Que feriez-vous si votre voisin proche s’asseyait sur son
balcon, son petit garçon sur ses genoux et tirait à la mitraillette sur
votre crèche ? »
« Que feriez-vous si votre voisin creusait un tunnel de sa crèche
jusqu’à la vôtre pour exploser votre maison ou enlever votre famille ? »
Mais, peut-être que la question pour M. Oz aurait dû être celle-ci:
Que feriez-vous si votre voisinage tout entier était forcé de
vivre dans une prison à ciel ouvert, où les enfants n’ont pas droit aux
livres ou jouets et doivent se contenter d’un minimum de calories ? Vous
battriez-vous ? Votre rhétorique ne deviendrait-elle pas radicale ?
Plus de 400 enfants palestiniens ont été tués au cours des combats à
Gaza (…) pour avoir commis le crime d’être nés sur la terre de leurs
ancêtres. Personne plus qu’eux n’a le droit de vivre en Palestine mais
il n’empêche que Bob Scheifer de CBS News écrit: « Au
Moyen-Orient, les Palestiniens se trouvent aux prises avec un groupe
terroriste qui embrasse une stratégie où ses propres enfants sont tués
afin de susciter la sympathie… ». En gros, les Palestiniens ont provoqué les forces armées israéliennes !
Roger Cohen du New York Times va plus loin: « Il y a
quelque chose de terriblement rusé en matière d’antisémitisme, la façon
dont il peut se dissimuler, insoupçonnable, dans les esprits les plus
progressistes » (…) « … la guerre suggère aussi comment un
puissant sentiment anti-israélien, visible parmi les bien-pensants de la
gauche européenne, peut créer un climat favorisant, une fois de plus,
une profonde haine des juifs». Pour Roger Cohen, l’outrage moral
que provoque le massacre des enfants palestiniens par Israël s’apparente
à de l’antisémitisme de type national-socialiste. Jimmy Carter en avait
fait les frais lorsqu’il avait qualifié la situation à Gaza d’ « apartheid ».
Dans la relation Etats-Unis/Israël, il ne peut y avoir aucun doute
sur la partie qui tire les ficelles. Quand en 2009, lors du dernier
conflit à Gaza, Condolezza Rice s’apprêtait à voter favorablement pour
une résolution onusienne pour un cessez-le-feu, Ehud Olmert, alors
Premier ministre israélien, avait contacté Bush qui avait donné l’ordre à
Rice pour que la résolution qu’elle avait rédigée, organisée ne soit
pas votée. …(…)…
Photo : Scène d’occupation à Gaza
Traduction et synthèse : Xavière Jardez
Version originale :
France Irak Actualités