Par Rania Khalek
Tous les yeux sont fixés sur Gaza, où l'implacable campagne israélienne
de bombardements a déjà causé plus de 1 000 morts. Mais revenons à
Jérusalem, où l'adolescent de 16 ans, Muhammad Abu Khudeir, a été brûlé
vif par un groupe de juifs armés dans un "meurtre de vengeance"
largement incité par des discours politiques tenus en début de mois ;
Jérusalem où des groupes hargneux de lyncheurs, politiquement à droite,
continuent à parcourir les rues à la recherche d'Arabes à attaquer.
Une foule haineuse au début du mois, à Al-Quds occupée (Tali Mayer / ActiveStills)
Leurs dernières victimes sont deux jeunes Palestiniens âgés de 20 ans, Amir Shwiki et Samer Mahfouz, originaires du quartier de Beit Hannina, à Jérusalem Est occupée. Vendredi 25 juillet au soir, ils ont tous deux été très brutalement passés à tabac et laissés inconscients par des jeunes Israéliens armés de barres de fer et de battes de base-ball.
Mahfouz a raconté au journal israélien Ha'aretz que Shwiki et lui étaient en train de marcher pour aller prendre le tramway quand ils ont été arrêtés par « un gars qui venait de la direction de Neve Yaakov », une colonie illégale réservée aux seuls juifs, située dans Jérusalem-Est occupée. « Il a dit "donne moi une cigarette". Comme je lui ai répondu que je n'en avais pas, il a entendu [avec mon accent] que je suis arabe et il s'est éloigné, avant de revenir avec des amis, peut-être 12 personnes. Ils avaient des bâtons et des barres en fer, et nous ont frappés avec sur la tête. » a relaté Mahfouz. Ha'aretz ajoutait dans son article que : « D'après les victimes, les policiers qui sont arrivés sur les lieux n'ont pas appelé d'ambulance, et ce sont des gens qui passaient par là qui les ont emmenés à une clinique de Beit Khanina [sic] pour y être soignés. De là, ils ont été évacués en urgence vers l'hôpital de l'Université d'Hadasah, Amir Shwiki se trouvant dans un état qualifié de grave.
Bien que les enquêteurs pensent qu'ils ont été tabassés pour des motifs racistes, personne n'a été arrêté.
La police complice
La police israélienne a pris l'habitude d'ignorer les crimes haineux dont les Palestiniens sont victimes, comme cela a été le cas dans les moments qui ont suivi le signalement du kidnapping de Muhammad Abu Khudair. La police n'a pas immédiatement donné suite aux appels de sa famille qui les prévenait qu'il venait d'être enlevé, puis ils ont sciemment contrecarré les efforts pour localiser ceux qui l'avaient assassiné en répandant de fausses rumeurs disant que Muhammad avait été assassiné par sa propre famille, dans un crime d'honneur, en raison de sa sexualité. La police avait également négligé de donner suite à la tentative d'enlèvement dont avait été victime le petit Mousa Zalum âgé de 10 ans, par ceux qui sont devenus les assassins de Abu Khudeir, dans ce même quartier de Jérusalem Est, deux jours plus tôt.
Lorsque la police n'est pas occupée à ignorer les violences de bandes armées contre des Palestiniens, elle y participe activement. Dans la soirée du jeudi 24 juillet dernier, la police s'est associée à un groupe israélien qui s'attaquait à deux hommes palestiniens en train de livrer du pain aux épiceries de la rue de Jaffa, avec leur camionnette, à Jérusalem Est. Les deux hommes, dont les identités ont été dévoilées depuis par Ma'an News Agency, sont Amir Mazin Abu Eisha, âgé de 20 ans, et Laith Ubeidat dont l'âge n'est pas spécifié. Ils ont été encerclés, puis frappés à coups de bouteilles vides, par un groupe composé de 20 à 30 Israéliens, a relaté leur avocat, Khaldun Nijim. Plutôt que d'aider les deux hommes en train se faire agresser, Nijim a dit à Ma'an que « La police israélienne les a stoppés au volant de leur camionnette en pointant leurs armes sur eux, » puis il a ajouté « Plus tard, quand il se sont éloignés de quelques mètres, le police a ouvert le feu sur eux. Ils se sont alors arrêtés et ont à nouveau été agressés. » Ensuite, après avoir renvoyé l'ambulance venue pour évacuer Abu Eisha, qui souffrait de blessures au crâne et aux oreilles, vers un hôpital pour y être soigné, la police a arrêté les deux Palestiniens et les a transférés au poste de police du Russian Compound, proche des lieux de l'agression. Selon Nijim, elle a retenu contre eux la charge de « détention d'arme blanche et obstruction au travail de la police. » Abu Eisha et Ubeidat ont finalement été relâchés sous caution, et demeurent assignés à résidence pendant 10 jours. Pendant ce temps, plusieurs des assaillants ont porté plainte contre leurs victimes, les accusant d'avoir tenter de les agresser avec un couteau...
Activisme raciste en hausse
Ce même article de Ma'an note qu'à Jérusalem, « les murs de la rue de Jaffa ont été recouverts, ces dernières semaines, d'affichettes avertissant les Arabes de ne pas toucher aux femmes juives, dans le cadre d'une campagne organisée par la Droite juive, visant à empêcher la mixité entre Juifs et Arabes ». Ces affichettes ont probablement été réalisées et distribuées par Lehava, un groupe fanatique luttant conte le métissage, dont l'organisation jumelle, Hemla, reçoit des fonds de l'Etat dans le but de "sauver" des femmes juives ayant des relations romantiques avec des hommes arabes.
Leanne Gale, un militant antiracisme qui vit à Jérusalem, a récemment posté sur son blog que Lehava a plusieurs fois organisé des rassemblements nocturnes, à Zion Square, à Jérusalem Est, ainsi que des tournées à travers tout Jérusalem pour inonder la ville d'affichettes et d'autocollants en arabe, aux messages variés parmi lesquels « N'ose même pas rêver d'une femme juive. » Parmi les phrases figurant sur les tee-shirts et autocollants de Lehava, figurent aussi « Les Juifs aiment les Juifs » ou « Les femmes d'Israël pour la nation d'Israël, » selon Gale.
Des groupes fascistes de Haïfa à Tel Aviv
Ces attaques par des groupes violents de fascistes anti-Arabes ne sont pas le seul fait de Jérusalem. La semaine dernière à Haïfa, le maire-adjoint arabe de la ville et son fils ont été sauvagement agressés par un groupe de suprémacistes juifs chantant des slogans comme « Mort aux Arabes » ou « Les gauchistes, à mort », en réponse à une manifestation dénonçant l'offensive sur Gaza. La police n'a rien fait pour mettre fin à l'agression.
Des manifestants tout aussi fascistes ont également fait surface dans la ville supposée libérale de Tel Aviv, et se sont attaqués verbalement et physiquement à des Palestiniens et à des militants de gauche qui dénonçaient la guerre sur Gaza.
La blogueuse israélienne Elizabeth Tsurkov, qui a régulièrement assisté aux attaques dont sont victimes ceux qui manifestent contre la guerre, et qui les a commentés en direct sur son fil twitter ces dernières semaines, a entendu une nouvelle chansonnette se riant des plus de 200 enfants morts assassinés par l'impitoyable campagne de bombardements israélienne : « Demain, y'a pas école à Gaza, ils n'ont plus d'enfants à y mettre, ohé, ohé, ohé »
Vidéo de la chanson sur les écoles de Gaza fermées faute d'enfants...
Le "Tibi" à qui ils s'adressent est le député palestinien à la Knesset sioniste.
Leurs dernières victimes sont deux jeunes Palestiniens âgés de 20 ans, Amir Shwiki et Samer Mahfouz, originaires du quartier de Beit Hannina, à Jérusalem Est occupée. Vendredi 25 juillet au soir, ils ont tous deux été très brutalement passés à tabac et laissés inconscients par des jeunes Israéliens armés de barres de fer et de battes de base-ball.
Mahfouz a raconté au journal israélien Ha'aretz que Shwiki et lui étaient en train de marcher pour aller prendre le tramway quand ils ont été arrêtés par « un gars qui venait de la direction de Neve Yaakov », une colonie illégale réservée aux seuls juifs, située dans Jérusalem-Est occupée. « Il a dit "donne moi une cigarette". Comme je lui ai répondu que je n'en avais pas, il a entendu [avec mon accent] que je suis arabe et il s'est éloigné, avant de revenir avec des amis, peut-être 12 personnes. Ils avaient des bâtons et des barres en fer, et nous ont frappés avec sur la tête. » a relaté Mahfouz. Ha'aretz ajoutait dans son article que : « D'après les victimes, les policiers qui sont arrivés sur les lieux n'ont pas appelé d'ambulance, et ce sont des gens qui passaient par là qui les ont emmenés à une clinique de Beit Khanina [sic] pour y être soignés. De là, ils ont été évacués en urgence vers l'hôpital de l'Université d'Hadasah, Amir Shwiki se trouvant dans un état qualifié de grave.
Bien que les enquêteurs pensent qu'ils ont été tabassés pour des motifs racistes, personne n'a été arrêté.
La police complice
La police israélienne a pris l'habitude d'ignorer les crimes haineux dont les Palestiniens sont victimes, comme cela a été le cas dans les moments qui ont suivi le signalement du kidnapping de Muhammad Abu Khudair. La police n'a pas immédiatement donné suite aux appels de sa famille qui les prévenait qu'il venait d'être enlevé, puis ils ont sciemment contrecarré les efforts pour localiser ceux qui l'avaient assassiné en répandant de fausses rumeurs disant que Muhammad avait été assassiné par sa propre famille, dans un crime d'honneur, en raison de sa sexualité. La police avait également négligé de donner suite à la tentative d'enlèvement dont avait été victime le petit Mousa Zalum âgé de 10 ans, par ceux qui sont devenus les assassins de Abu Khudeir, dans ce même quartier de Jérusalem Est, deux jours plus tôt.
Lorsque la police n'est pas occupée à ignorer les violences de bandes armées contre des Palestiniens, elle y participe activement. Dans la soirée du jeudi 24 juillet dernier, la police s'est associée à un groupe israélien qui s'attaquait à deux hommes palestiniens en train de livrer du pain aux épiceries de la rue de Jaffa, avec leur camionnette, à Jérusalem Est. Les deux hommes, dont les identités ont été dévoilées depuis par Ma'an News Agency, sont Amir Mazin Abu Eisha, âgé de 20 ans, et Laith Ubeidat dont l'âge n'est pas spécifié. Ils ont été encerclés, puis frappés à coups de bouteilles vides, par un groupe composé de 20 à 30 Israéliens, a relaté leur avocat, Khaldun Nijim. Plutôt que d'aider les deux hommes en train se faire agresser, Nijim a dit à Ma'an que « La police israélienne les a stoppés au volant de leur camionnette en pointant leurs armes sur eux, » puis il a ajouté « Plus tard, quand il se sont éloignés de quelques mètres, le police a ouvert le feu sur eux. Ils se sont alors arrêtés et ont à nouveau été agressés. » Ensuite, après avoir renvoyé l'ambulance venue pour évacuer Abu Eisha, qui souffrait de blessures au crâne et aux oreilles, vers un hôpital pour y être soigné, la police a arrêté les deux Palestiniens et les a transférés au poste de police du Russian Compound, proche des lieux de l'agression. Selon Nijim, elle a retenu contre eux la charge de « détention d'arme blanche et obstruction au travail de la police. » Abu Eisha et Ubeidat ont finalement été relâchés sous caution, et demeurent assignés à résidence pendant 10 jours. Pendant ce temps, plusieurs des assaillants ont porté plainte contre leurs victimes, les accusant d'avoir tenter de les agresser avec un couteau...
Activisme raciste en hausse
Ce même article de Ma'an note qu'à Jérusalem, « les murs de la rue de Jaffa ont été recouverts, ces dernières semaines, d'affichettes avertissant les Arabes de ne pas toucher aux femmes juives, dans le cadre d'une campagne organisée par la Droite juive, visant à empêcher la mixité entre Juifs et Arabes ». Ces affichettes ont probablement été réalisées et distribuées par Lehava, un groupe fanatique luttant conte le métissage, dont l'organisation jumelle, Hemla, reçoit des fonds de l'Etat dans le but de "sauver" des femmes juives ayant des relations romantiques avec des hommes arabes.
Leanne Gale, un militant antiracisme qui vit à Jérusalem, a récemment posté sur son blog que Lehava a plusieurs fois organisé des rassemblements nocturnes, à Zion Square, à Jérusalem Est, ainsi que des tournées à travers tout Jérusalem pour inonder la ville d'affichettes et d'autocollants en arabe, aux messages variés parmi lesquels « N'ose même pas rêver d'une femme juive. » Parmi les phrases figurant sur les tee-shirts et autocollants de Lehava, figurent aussi « Les Juifs aiment les Juifs » ou « Les femmes d'Israël pour la nation d'Israël, » selon Gale.
Des groupes fascistes de Haïfa à Tel Aviv
Ces attaques par des groupes violents de fascistes anti-Arabes ne sont pas le seul fait de Jérusalem. La semaine dernière à Haïfa, le maire-adjoint arabe de la ville et son fils ont été sauvagement agressés par un groupe de suprémacistes juifs chantant des slogans comme « Mort aux Arabes » ou « Les gauchistes, à mort », en réponse à une manifestation dénonçant l'offensive sur Gaza. La police n'a rien fait pour mettre fin à l'agression.
Des manifestants tout aussi fascistes ont également fait surface dans la ville supposée libérale de Tel Aviv, et se sont attaqués verbalement et physiquement à des Palestiniens et à des militants de gauche qui dénonçaient la guerre sur Gaza.
La blogueuse israélienne Elizabeth Tsurkov, qui a régulièrement assisté aux attaques dont sont victimes ceux qui manifestent contre la guerre, et qui les a commentés en direct sur son fil twitter ces dernières semaines, a entendu une nouvelle chansonnette se riant des plus de 200 enfants morts assassinés par l'impitoyable campagne de bombardements israélienne : « Demain, y'a pas école à Gaza, ils n'ont plus d'enfants à y mettre, ohé, ohé, ohé »
Vidéo de la chanson sur les écoles de Gaza fermées faute d'enfants...
Le "Tibi" à qui ils s'adressent est le député palestinien à la Knesset sioniste.
Incitation venant d'en haut
Si les appels à l'extermination se sont répandus à la fois dans les rues d'Israël et sur les réseaux sociaux israéliens depuis des mois, la tendance «Mort aux Arabes » n'est pas réservée aux seuls groupes armés.
Le législateur Ayelet Shaked, par exemple, étoile montante du partie d'extrême-droite Jewish Home (Foyer Juif), a récemment appelé au génocide en proposant l'assassinat de toutes les mères palestiniennes afin de les empêcher de donner naissance à de « petits serpents ». Et quelques semaines plus tard, l'ONU déplore une hausse alarmante du nombre de fausse-couches et de naissances prématurées à Gaza, où les nouveaux-nés meurent aussi dans leurs couveuses à cause des coupures d'électricité.
Une autre personnalité publique israélienne incitant à la violence est Dov Lior, Grand Rabbin de la colonie illégale de Kiryat Arba en Cisjordanie , qui a édicté un décret religieux déclarant que la loi religieuse juive autorise l'armée israélienne « à punir la population ennemie avec tous les moyens qui lui semblent appropriés », même si cela signifie « exterminer l'ennemi ». Depuis lors, des portions entières de Gaza ont été réduites à des décombres dans des scènes dignes de l'Apocalypse et rendues à un état qui ne les distingue en rien des villes rasées de Syrie.
Pendant que les yeux sont braqués sur la destruction de la Bande de Gaza assiégée par Israël, peu d'attention est donnée aux hauts niveaux où s'élève le racisme dans la société israélienne, tandis que les cris de « Mort aux Arabes » résonnent à travers le pays avec des conséquences désastreuses pour les Palestiniens de Shujaiya à Qalandia, et de Jérusalem à Haïfa.
Si les appels à l'extermination se sont répandus à la fois dans les rues d'Israël et sur les réseaux sociaux israéliens depuis des mois, la tendance «Mort aux Arabes » n'est pas réservée aux seuls groupes armés.
Le législateur Ayelet Shaked, par exemple, étoile montante du partie d'extrême-droite Jewish Home (Foyer Juif), a récemment appelé au génocide en proposant l'assassinat de toutes les mères palestiniennes afin de les empêcher de donner naissance à de « petits serpents ». Et quelques semaines plus tard, l'ONU déplore une hausse alarmante du nombre de fausse-couches et de naissances prématurées à Gaza, où les nouveaux-nés meurent aussi dans leurs couveuses à cause des coupures d'électricité.
Une autre personnalité publique israélienne incitant à la violence est Dov Lior, Grand Rabbin de la colonie illégale de Kiryat Arba en Cisjordanie , qui a édicté un décret religieux déclarant que la loi religieuse juive autorise l'armée israélienne « à punir la population ennemie avec tous les moyens qui lui semblent appropriés », même si cela signifie « exterminer l'ennemi ». Depuis lors, des portions entières de Gaza ont été réduites à des décombres dans des scènes dignes de l'Apocalypse et rendues à un état qui ne les distingue en rien des villes rasées de Syrie.
Pendant que les yeux sont braqués sur la destruction de la Bande de Gaza assiégée par Israël, peu d'attention est donnée aux hauts niveaux où s'élève le racisme dans la société israélienne, tandis que les cris de « Mort aux Arabes » résonnent à travers le pays avec des conséquences désastreuses pour les Palestiniens de Shujaiya à Qalandia, et de Jérusalem à Haïfa.
Source : Electronic Intifada
Traduction : CR pour ISM