Une avancée significative s’est produite au terme d’un débat
difficile et passionné, le19 mars 2014 : le pilier de l’institut
professionnel des architectes du Royaume Uni, l’Institut Royal des
Architectes Britanniques (RIBA), a voté une motion de soutien à une
action qui devrait être engagée par l’Union Internationale des
Architectes en vue de suspendre la participation de l’Association
Israélienne des Architectes Unis (IAUA) de l’organisation internationale
des Architectes (UIA). La motion est passée avec 23 pour, 16 contre et
10 abstentions.
En voici le texte :
« Attendu que l’Association Israélienne des Architectes
Unis (IAUA) n’a tenu aucun compte de la résolution 13 de l’UIA de 2005
et de 2009, le RIBA appelle l’UIA, en tant que gardien des normes
professionnelles et éthiques de notre profession, à suspendre la
participation de l’Association Israélienne des Architectes Unis jusqu’à
ce qu’elle s’oppose à ces projets illégaux (la construction des colonies ndlt) et qu’elle respecte le droit international, les accords de l’UIA et la Résolution 13 ».
La campagne initiée et menée depuis plus de sept ans par l’APJP,
« Architectes et Urbanistes pour la Justice en Palestine » a porté ses
fruits grâce à un fort travail d’équipe et à l’action courageuse de l’ex
présidente du RIBA, Angela Brady, de même qu’à des membres actifs du
Conseil, George Odham et Owen O’Carroll qui ont déposé la motion.
Celle-ci a été signée par de nombreux membres du RIBA et par des
architectes agréés, y compris des personnalités phares de la profession
comme Ted Cullinan, Charles Jenck, Peter Ahrends, Will Alsop, Neave
Brown et Richard Murphy.
Le RIBA s’est fait coiffer au poteau, plus tôt cette semaine par
la Corporation Royale des Architectes d’Ecosse (RIAS), l’organisation
sœur, qui a fait passer une résolution semblable, à la demande également
d’Angela Brady, membre honoraire de RIAS, sur la base de la motion du
RIBA. C’est une décision historique.
La construction de colonies illégales en opposition à l’article 49 de la 4ème
Convention de Genève qui interdit le transfert d’une population civile
dans un territoire occupé par la force, est considérée comme une grave
violation de cette Convention et, de ce fait, comme un crime de guerre
auquel les architectes israéliens sont étroitement associés. Cette
expansion des colonies a entraîné le déplacement forcé de milliers de
Palestiniens et l’expropriation de leurs maisons et de leurs terres, en
même temps que l’effacement de leur culture et de leur histoire. Cela
dure depuis 1967 en toute impunité, en dépit des condamnations répétées
du monde entier.
Angela Brady, last year's President of the RIBA
La persistance de l’APJP à inciter l’UIA à intervenir contre ces
violations des droits humains et des codes éthique de la pratique de
l’architecture selon les accords de l’UIA, a abouti à la « Résolution
13 » de 2005, confirmée en 2009, qui condamne ces projets illégaux : « le
Conseil de l’UIA condamne les projets de développement et de
construction sur une terre qui a fait l’objet d’une éradication ethnique
ou qui a été appropriée illégalement, de même que les projets fondés
sur des règles discriminatoires au plan ethnique ou culturel ; il
condamne de la même façon toute action contrevenant à la quatrième
Convention de Genève ».
Cette déclaration n’a rencontré qu’indifférence et refus d’agir ou de
condamner de la part de l’Association Israélienne des Architectes Unis
(IAUA) qui a insisté sur le fait qu’elle n’était concernée que par la
conception et non par les activités politiques de ses membres. Pour
autant, tout le secteur de l’immobilier est étroitement lié au programme
politique et militaire d’Israël qui vise à s’approprier le plus de
terre possible, en contradiction avec la possibilité d’un Etat
palestinien pleinement souverain.
2013 a été une année record en construction de nouvelles colonies et
les chiffres de 2014 sont encore plus élevés, avec des projets de
construction de 2 534 logements s’ajoutant aux plus de 550 000 colons
présents en Cisjordanie occupée. Pendant ce temps, les Palestiniens
vivent dans des enclaves étroitement contrôlées et entourées par le Mur
de séparation et par des routes ségrégées ; les permis de construire
leur sont refusés, tandis que leurs maisons sont saisies ou démolies –
tout cela rappelle l’apartheid en Afrique du Sud.
S’il n’avait pas agi, le RIBA aurait été coupable de silence et
aurait cautionné cette faute grave de ses homologues israéliens. Le
message très clair que le RIBA et le RIAS ont adressé à l’IAUA et à
l’UIA est un grand coup frappé pour l’intégrité et la pratique éthique
de notre profession, en soutien à l’appel de la société civile
palestinienne pour des sanctions contre l’impunité d’Israël
Abe Hayeem, RIBAPrésident des Architectes et Urbanistes pour la Justice en Palestine
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Traduction SF pour AURDIP
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