Gaza – CPI
Des milliers de captifs palestiniens ont été
libérés par l’échange de prisonniers réalisé par la résistance
palestinienne, en particulier le mouvement de la résistance islamique
Hamas. Mais certains détenus libérés n’ont pas la chance de retourner
dans leur ville. L’accord d’échange consistait en leur libération, mais
vers la bande de Gaza ou même ailleurs, dans des pays arabes ou
musulmans.
Par cet accord, le détenu
libéré Ayad Abiyat n’allait pas rejoindre sa ville natale de Bethléem,
en Cisjordanie. Il allait être envoyé dans la bande de Gaza. Et on
imagine combien cet état de fait n’était pas au goût du détenu libéré.
Après tant d’années d’enfermement, il est normal qu’il veuille retourner
chez lui. Mais il ne s’attendait pas à cette belle surprise : retrouver
son frère Raïd, exilé lui aussi dans la bande de Gaza depuis 2002.
Neuf ans d’enfermement
Ayad
Abiyat, 35 ans, était enfermé dans les prisons israéliennes depuis
2002, condamné à trois perpétuités, accusé d’avoir participé à plusieurs
opérations de résistance dans la ville Bethléem, au sud de la
Cisjordanie. Il en a purgé neuf ans.
Le
correspondant du Centre Palestinien d’Information (CPI) a rencontré Ayad
dans un hôtel de la ville de Gaza. Il ne se sentait aucunement en
exil : « Je ne sens pas étranger. Nous mettrons en échec tous les
projets de l’occupation. L’occupation avait voulu nous punir, en nous
poussant vers l’exil. Mais Allah (le Tout Puissant) m’a réuni avec mon
frère que le même occupant avait exilé. Il ne savait pas combien je
serais heureux de vivre avec mon frère et ma famille de la bande de
Gaza ».
« C’est vrai que je ne me sentais
pas bien, au début, ajoute-t-il, mais je me suis tout de suite adapté à
cette nouvelle situation, à ma nouvelle vie dans la bande de Gaza. La
vie doit continuer. Et ici, je ne me sens pas étranger ; je suis dans
une autre ville de ma patrie et non dans un autre pays. Je serai heureux
de vivre avec mon frère ».
Une rencontre après un long éloignement
Et
son frère Raïd, lui, a vécu de longues années tout seul dans la bande
de Gaza. On imagine combien il est heureux de retrouver son frère, une
rencontre inimaginable. Il ne pensait pas revoir un jour un membre de sa
famille. Et voilà que la transaction réunit les deux frères Raïd et
Ayad. Les frères se réunissent, contrairement à l’envie de l’occupation
israélienne de les écarter.
Il y a tout de
même une question qui attriste les deux frères comme tous les
Palestiniens, malgré la libération de centaines de détenu : c’est le
fait qu’il y a encore des milliers d’autres détenus qui endurent encore
la souffrance des prisons sionistes : « Notre joie ne sera complète,
elle restera mélangée de tristesse pour nos frères qui restent encore
dans les prisons. Ils font partie de nous, nous ne les oublierons
jamais ».
Ayad ajoute : « L’amertume de
l’exil s’est allégé dès que j’ai vu mon frère que les occupants
israéliens avaient exilé, sans que j’aie pu le voir. Ils voulaient nous
séparer, mais la volonté d’Allah (le Tout Puissant) nous a réunis ».
Il
n’arrive à qualifier sa joie d’être libre, parce que « sont nombreuses
les souffrances de la prison ; on ne peut les résumer en quelques
mots ».
La libération de centaines de
détenus palestiniens est une fête nationale, dit Ayad. Il a de la chance
d’avoir son frère ici dans la bande de Gaza. Il est vrai qu’il aimerait
être avec sa famille à Bethléem, mais la liberté est inestimable où
qu’on soit.
Une nouvelle vie
Tout
le monde remarque combien il reste attaché à son frère, ce qui vient
comme une compensation pour l’éloignement qui existe entre lui et sa
famille. Il n’arrête de remercier Allah (le Tout Puissant) pour l’avoir
réuni avec son frère. Il confirme qu’il commence une nouvelle vie,
montrant aux occupants israéliens qu’ils ne réussissent pas à briser son
moral, même dans l’exil, surtout que sa famille et sa femme le
rejoindront bientôt.
En plus de son frère, dans la bande de Gaza vit leur cousin Naji Abiyat, exilé lui aussi en 2002.
Naji
conclue : « Bien que nous soyons heureux d’être réunis avec Ayad, nous
souhaitons toujours retourner chez nous dans la ville Bethléem, afin de
nous retrouver là-bas après que l’occupant nous a séparés par
l’arrestation, l’exil et l’assassinat ».