Adri Nieuwhof
Il y a vingt jours, les prisonniers politiques palestiniens ont
commence une grève de la faim pour demander que soit mis fin aux
déplorables conditions de leur détention.
Le 10 octobre, les prisonniers palestiniens de la prison
de Gilboa ont décidé de se joindre à la grève de la faim. Aujourd’hui,
j’ai appris que le gréviste de la faim Ameer Makhoul a été transféré,
par le Service Israélien des Prisons (IPS), de la prison de Gilboa vers
la prison de Megiddo près de Haifa. La décision a probablement été prise
dans le but de briser le mouvement de solidarité dans la prison de
Gilboa.
Le prisonnier palestinien, citoyen d’Israël, Walid Daka ,
participe également à la grève de la faim dans la prison de Gilboa.
Daka a passé près d’un quart de siècle en détention. Il a contribué au
livre « Une Menace, les Prisonniers Politiques Palestiniens en Israël » avec le chapitre « La Conscience remodelée ou la Torture Revisitée ».
Haneen Zoabi, member de la Knesset (le parlement
israélien) avait programmé une visite à Makhoul et Daka. Alors qu’elle
était détentrice d’une autorisation pour cette visite, elle en avait été
empêchée par l’IPS le samedi 16 octobre. Le lendemain, quand un avocat
demanda la permission de rendre visite à Ameer Makhoul, il devint clair
que celui-ci avait transféré celui-ci de Gilboa vers Megiddo. Les
conditions de la détention de Makhoul ne sont pas encore connues.
Les visites des avocats aux prisonniers sont refusées
L’IPS a empêché plusieurs avocats de rendre visite aux
prisonniers pendant la grève de la faim et Addameer, le groupe des
Droits de l’Homme qui concentre ses efforts sur les prisonniers
palestiniens a averti dans sa déclaration du 13 octobr que l’accord
d’échange de prisonniers entre Israël et Hamas pouvait être utilisé dans
le but de rendre ces visites encore plus difficiles.
L’agence de presse Ma’an a rapporté aujourd’hui
qu’Israël avait publié une liste de prisonniers à être relâchés. En
début de semaine, l’agence avait publié une liste nominale des détenus
de sexe féminin.
Dans sa déclaration du 13 octobre, Addameer a exprimé
son inquiétude à propos des grévistes de la faim « dont les conditions
sanitaires très dures et l’isolement ne pouvait qu’empirer durant les
trois jours à venir du fait que les prisons israéliennes seraient
fermées pendant les fêtes juives de Sukkot. »
Il sera absolument impossible aux avocats et au délégués
du Comité International de la Croix Rouge de visiter les prisons durant
ces trois jours à cause de ces fêtes. De ce fait et au plus tôt jusqu’à
dimanche 16 octobre, il n’y aura aucune surveillance indépendante du
déroulement de la grève de la faim ou de contact avec les grévistes de
la faim dont l’état de santé de certains d’entre eux est extrêmement
grave. En outre, il sera impossible de vérifier si ces prisonniers, qui
en sont au-delà de leur quatorzième jour de grève de la faim, auront
reçu, conformément à la loi israélienne, l’apport en sel nécessaire.
Cet interdiction illégale pourrait avoir un impact grave
sur la santé de ces prisonniers. Le 12 octobre, au 16ème jour de la
grève de la faim et la dernière fois que les avocats d’Addameer ont pu
avoir accès aux prisons, les administrations des prisons visitées
n’avaient pas donné leur apport en sel aux grévistes de la faim.
Addameer s’attend à ce que les visites des avocats aux grévistes soient
rendues encore plus difficiles par l’IPS durant tout le temps que
prendra la libération des prisonniers (libération liée à l’accord
d’échange) et cela sous le prétexte de questions logistiques que
pourront avancer les autorités.
Israël doit autoriser des médecins indépendants à donner des soins aux grévistes de la faim
La situation préoccupante des grévistes de la faim dans
les prisons israéliennes a été mise en exergue par une lettre du 11
octobre écrite par Physicians for Human Rights-Israel.
Cette organisation écrit :
Selon les conventions internationales et
l’éthique de l’Association Médicale Mondiale, il est de la plus haute
importance que durant une grève de la faim, les soins médicaux soient
donnés par des médecins indépendants auxquels les prisonniers
accordent confiance (. ..) PHR-Israël a appelé ses propres médecins
ainsi que les médecins familiaux à se porter volontaires pour rendre
visite aux prisonniers qui sont en grève de la faim. Une demande a été
faite auprès de l’IPS pour qu’ils soient autorisés à rendre visite à
tous les prisonniers engagés dans la grève de la faim mais elle a été
refusée. En outre, une lettre a été envoyée au médecin-chef de su
Service Israélien des Prisons lui demandant qu’elle se conforme à
l’éthique médicale et qu’elle s’abstienne d’utiliser la médecine comme
moyen de combattre la grève de la faim.
Un soutien croissant
Le Mouvement International de Solidarité a publié une photo-story sur les actions à Hébron, Gaza, Beit Ummar , Rammallah et Naplouse en Palestine occupée.
Rim Banna de Nazareth, une chanteuse palestinienne
célèbre et une militante s’est jointe à la grève de la faim la semaine
dernière. Installée au milieu du Square Ain Al Azraa de Nazareth, elle a
mis sur un écriteau en carton : « Je suis en grève de la faim pour
manifester ma solidarité avec les 6000 prisonniers palestiniens et
arabes détenus dans les prisons de l’Occupation. »
Un groupe de militants palestiniens a commencé un projet graffiti
dans le but de sensibiliser la société et de générer de la pression
publique. « Hungry4Freedom » , en arabe et en anglais, est projeté à la
bombe de peinture sur diverses surfaces pour manifester leur soutien à
la grève de la faim des prisonniers palestiniens.
Dans le même temps, des manifestations de soutien aux revendications des
prisonniers politiques palestiniens ont été organisées aux Etats-Unis,
en France et en Irlande. Nous demandons aux lecteurs de ce blog de nous
envoyer toute information qui touche aux activités de soutien aux
grévistes de la faim palestiniens dans les prisons israéliennes.
A Amman, The Jordan Times rapporte :
Depuis, trois autres les ont rejoints
dans une tente devant le siège du Parti de l’Unité Populaire
Démocratique Jordanienne, dans le quartier Jabal Hussein dans la
capitale. Hamzah Zaghloul prend part à la protestation, bien que ses
parents n’approuvaient pas sa décision. « Ils m’ont dit que cette grève
aura une incidence sur mes études, mais j’étais déterminé à soutenir nos
frères en Palestine », a déclaré cet étudiant de 23 ans au The Jordan
Times.
La solidarité avec les grévistes de la faim palestiniens
s’impose avec plus de force maintenant que cette grève a atteint un
stade critique.
* Adri Nieuwhof est avocate, conseiller et défenseur des droits de l’homme, travaillant en Suisse.
Traductionb de l’anglais : Najib Aloui