mardi 4 octobre 2011 - 07h:17
Saed Bannoura
Le meurtre d’une enfant palestinienne ne justifie pas une enquête sérieuse.
Iman, 13 ans... Un assassinat cruel et barbare, typique des pratiques de l’armée israélienne d’occupation...
Le soldat qui a tiré sur elle puis qui a procédé à « la
confirmation de la mort » en vidant son chargeur sur le corps de la
fillette, n’a pas seulement été libéré de toutes les accusations mais a
aussi récemment reçu une promotion en passant au rang de major. Le
soldat, identifié comme le capitaine « R » et qui avait tiré de façon
répétée sur l’enfant est un capitaine druze dans l’armée israélienne. Il
était passé en jugement pour ce meurtre, mais avait été totalement
acquitté.
Mardi 16 février, la police militaire israélienne pour
les enquêtes internes a révélé qu’il y a eu de sérieuses failles dans la
façon dont l’enquête sur le meurtre avait été menée.
Selon un rapport publié sur le site internet du journal
israélien Ha’aretz, le commandant général de la police militaire, Roni
Benny a nommé il y a peu de temps deux officiers de réserve pour
enquêter sur le comportement de la police militaire durant l’enquête. Le
travail d’enquête réalisé par les deux officiers révèle que les
enquêteurs se sont comportés de façon peu professionnelle et avec
négligence. Ils ont en premier critiqué le fait qu’il n’y ait pas eu une
équipe spéciale de désignée pour mener l’enquête. L’équipe [qui a mené
l’enquête] aurait due être composée d’officiers de plus haut rang et
plus expérimentés.
Les enregistrements radio qui rapportent les échanges
entre les soldats de l’avant-poste et leurs responsables révèlent qu’il
s’agissait non d’un incident mais d’un meurtre de sang-froid. Durant le
procès du capitaine « R » et qui s’est terminé par un acquittement, le
juge militaire a accusé le capitaine « R » d’avoir fait un mauvais usage
de son arme en vidant son chargeur sur le corps de la petite Iman Al
Hams, même après avoir constaté qu’elle avait été tuée.
Le juge avait aussi accusé « R » d’avoir fait
obstruction au cours de l’enquête en ayant demandé à ses soldats de
changer les témoignages rapportés aux enquêteurs militaires. Les sources
journalistes israéliennes rapportent que Yoav Meni et Elad Eisenberg,
les deux avocats représentant « R », ont manœuvré de façon à faire
apparaître des contradictions entre les « témoins ». Les témoins, qui
sont des soldats qui avaient été sous le commandement de « R », ont
déclaré avoir menti durant l’enquête puis d’avoir menti alors qu’ils
étaient sous serment devant la cour parce qu’ils auraient eu à ce
moment-là l’intention de faire évincer le capitaine « R » de leur
division.
Les avocats du capitaine « R » ont argumenté sur le fait
que « confirmer la mort » de la fillette était le résultat d’une
pratique connue de l’armée israélienne afin « d’éliminer les menaces »,
en l’occurrence une fillette palestinienne terrorisée, désarmée et qui
pleurait.
La jeune écolière âgée de 13 ans était sur le chemin de
l’école lorsqu’elle a été assassinée, ce 5 octobre 2004. Bien qu’elle ne
soit qu’une parmi les 850 enfants assassinés par l’armée israélienne
depuis le début du soulèvement en 2000, sa mort est devenue une des
rares qui ait fait l’objet d’une assez large information, ce qui est dû à
l’existence d’un enregistrement du meurtre.
Ce qui suit est la transcription des communications radio entre les soldats et leur capitaine :
« Nous identifions une arabe de sexe féminin à 100 mètres de l’entrée de l’avant-poste »
« Qu’est-ce que vous voyez ? »
« Nous voyons une ‘deux jambes’ 100 mètres en avant du poste »
« Pouvez-vous la voir ? »
« Positif ; une petite fille qui courre, la cible se déplace vers l’est »
« Définissez la position »
« Au nord de Morshah »
« Position non correcte »
« Elle est derrière le fossé, elle est morte de peur, les tirs sont passés à quelques centimètres d’elle »
« Ils lui tirent dessus ; nos soldats sont à 70 mètres d’elle »
« Je crois qu’un de nos postes l’a ‘envoyée par terre’ »
« Quoi ? Avez-vous vu qu’elle a été touchée ? Est-elle au sol ? »
« Oui, et elle ne bouge plus »
« Reçu »
« Moi et Jefro allons en avant pour confirmer la mort, couvrez-nous. La situation est la suivante : nous appliquons les ordres et tirons sur elle ; elle porte des jeans, un T-shirt et un bonnet. Mort confirmée »
« Reçu »
« Quoi que ce soit qui passe dans la zone doit être tué, même si c’est un enfant de 3 ans ».
« Qu’est-ce que vous voyez ? »
« Nous voyons une ‘deux jambes’ 100 mètres en avant du poste »
« Pouvez-vous la voir ? »
« Positif ; une petite fille qui courre, la cible se déplace vers l’est »
« Définissez la position »
« Au nord de Morshah »
« Position non correcte »
« Elle est derrière le fossé, elle est morte de peur, les tirs sont passés à quelques centimètres d’elle »
« Ils lui tirent dessus ; nos soldats sont à 70 mètres d’elle »
« Je crois qu’un de nos postes l’a ‘envoyée par terre’ »
« Quoi ? Avez-vous vu qu’elle a été touchée ? Est-elle au sol ? »
« Oui, et elle ne bouge plus »
« Reçu »
« Moi et Jefro allons en avant pour confirmer la mort, couvrez-nous. La situation est la suivante : nous appliquons les ordres et tirons sur elle ; elle porte des jeans, un T-shirt et un bonnet. Mort confirmée »
« Reçu »
« Quoi que ce soit qui passe dans la zone doit être tué, même si c’est un enfant de 3 ans ».
Après le meurtre d’Iman al-Hams, les avocats de « R »,
Elad Eisenberg et Yoav Meni ont tenté de focaliser le procès sur le
système dans son ensemble et sur les règles d’engagements demandées par
l’armée.
« Plutôt que de mener “ R” devant un tribunal, c’est
l’ensemble du système qui doit être mis en jugement, système qui
autorise l’armée à mener des actions mortelles à Gaza et provoque ainsi
la mort de dizaines de civils innocents », conclu le journal Ha’aretz.
Au contraire, l’officier a été acquitté, récompensé, promu et continue à
servir dans les Territoires Palestiniens sous Occupation.
Le frère d’Iman al-Hams montre des photos de sa jeune soeur massacrée - Photo : AFP
22% des Palestiniens tués par l’armée israélienne durant
l’Intifada al-Aqsa qui s’est déclenchée en 2000 étaient des enfants.
Ils ont été tués dans les rues, les écoles ou à leur domicile durant les
rafles dans les maisons palestiniennes.
Le Croissant Rouge Palestinien rapporte que le nombre de Palestiniens
tués par l’armée israélienne depuis le début de l’Intifada jusqu’au 13
février 2006 atteint 3808, et que le nombre de blessés est de 29456. Le
nombre d’enfants tués par les militaires israéliens durant la même
période est de 851, dont 160 avaient moins de 12 ans.
Apparemment, « l’impossibilité d’enquêter » lors de la
mort de civils Palestiniens tués par les soldats israéliens est la
règle.
Le cas d’al-Hams n’a donné lieu à aucun jugement devant une cour
criminelle car les enquêteurs eux-mêmes étaient impliqués dans les tirs
qui ont couté la vie à la fillette. A présent, l’armée dit qu’il y a eu
vice de forme dans la conduite de l’enquête sur « la confirmation de la
mort » d’une enfant palestinienne de 13 ans. Apparemment, la vie des
Palestiniens, y compris celle de leurs enfants, ne justifie pas la
moindre enquête sérieuse de la part de l’état israélien.
17 février 2006 - IMEMC - cet article peut être consulté à :
http://www.imemc.org/content/view/1...
Traduction : Info-Palestine.net
http://www.imemc.org/content/view/1...
Traduction : Info-Palestine.net
Pas coupable, le capitaine qui a tiré 17 balles dans le corps d’une écolière palestinienne...
Chris McGreal - Miftah
Pas coupable, le capitaine qui a tiré 17 fois sur une
écolière palestinienne... L’officier avait ignoré les avertissements
selon lesquels la fillette était terrifiée. La défense a déclaré :
« confirmer la mort » est une pratique usuelle.
Un officier israélien qui a vidé en entier le chargeur
de son fusil automatique sur une fillette palestinienne de 13 ans et qui
a fait savoir qu’il aurait fait la même chose même si elle avait eu
trois ans, a été entièrement acquitté par une cour militaire hier.
Le soldat, qui a été seulement identifié en tant que
« capitaine R », avait été accusé de fautes relativement mineures pour
le meurtre d’Iman al-Hams, après qu’il lui ait tiré 17 fois dessus alors
qu’elle passait à proximité d’un poste militaire israélien près du camp
de réfugié de Rafah dans Gaza il y a de cela un an.
La façon dont s’est déroulé le meurtre d’Iman, et la révélation d’un
enregistrement dans lequel le capitaine est averti qu’il ne s’agissait
que d’une enfant qui « était terrifiée », a fait de ce crime un des plus
controversés depuis l’éclatement du soulèvement palestinien [Intifada]
il y a maintenant cinq ans, bien que des centaines d’autres enfants
aient été également tués.
Après le verdict, le père d’Iman, Samir al-Hams, a
déclaré que l’armée n’avait jamais eu l’intention de demander des
comptes au soldat.
« Ils ne l’ont pas mis en accusation pour le meurtre
d’Iman, mais seulement pour des fautes mineures, et maintenant ils
disent qu’il est innocent alors qu’il a tiré sur ma fille tant de
fois », a-t-il dit. « C’était de sang-froid le meurtre d’une fillette.
Le soldat l’a assassinée et la cour l’a assassinée une nouvelle fois.
Quel est le message ? Ils signifient à leurs soldats qu’ils peuvent tuer
les enfants palestiniens. »
La cour militaire a blanchi le soldat de l’accusation
d’avoir utilisé illégalement son arme et de conduite inconvenante de la
part d’un officier voulant fausser le cours de la justice en demandant
aux soldats sous son commandement de modifier leurs comptes-rendus de ce
qui s’est passé.
Les avocats du capitaine « R » ont fait valoir que
« confirmer la mort » après que l’on ait tiré sur un suspect était un
comportement habituel pour les militaires israéliens afin d’éliminer les
menaces terroristes.
D’après le verdict de la cour, le capitaine « R » a
fondu en larmes, puis s’est tourné vers le public en disant : « Je vous
le dis, j’étais innocent ».
Le compte-rendu officiel de l’armée a indiqué qu’Iman
avait été abattue pour s’être trouvée dans une zone dite de sécurité et
que les soldats craignaient que son sac d’école ne contienne une bombe.
On ne sait toujours pas pourquoi la fillette a osé s’aventurer dans ce
secteur mais un témoin l’a signalée comme étant à environ 100 mètres du
poste militaire qui était de toute façon très protégé.
Un enregistrement des échanges radio entre le capitaine
"R" et ses soldats et obtenu par la télévision israélienne révèle que
depuis le début les soldats savaient qu’Iman était une enfant.
D’après l’enregistrement, un soldat dans la tour de guet avait tenu
informé un autre soldat dans la salle des opérations du poste militaire
et décrit Iman en tant que « petite fille » qui « était terrifiée ».
Après que les soldats aient ouvert la première fois le feu, elle a
laissé tomber son sac d’école qui avait alors été frappé par plusieurs
balles, prouvant ainsi qu’il ne contenait pas d’explosif. À ce moment-là
elle ne portait plus de sac et, selon l’enregistrement, elle
s’éloignait du poste militaire lorsqu’elle a été abattue.
Bien que les militaires aient spéculé sur le fait
qu’Iman pouvait avoir essayé « de tromper » les soldats en les amenant
hors de leur poste pour être ensuite attaqués par des complices, le
capitaine "R" a pris la décision de faire sortir certains de ses soldats
à découvert. Peu après on peut l’entendre dans la bande
d’enregistrement disant qu’il a tiré sur la fillette et, la supposant
morte, avait « confirmé la mise à mort ».
« Moi-même et un autre soldat ... nous approchons un peu
plus, pour confimer la mort ... Recevez notre point sur la situation
... Nous avons tiré sur elle et nous l’avons tuée... Over », at-il
encore dit.
Les témoins palestiniens ont dit avoir vu le capitaine
tirer deux fois à la tête, puis s’éloigner, puis revenir sur ses pas et
tirer une rafale dans le corps étendu.
Sur la bande son, le capitaine "R" a alors « expliqué »
aux soldats sous son commandement pourquoi il avait tué Iman : « C’était
une nécessité. Quelqu’un qui est mobile, qui se déplace dans [ la zone
de sécurité ], même s’il âgé de trois ans, doit être tué. »
A aucun moment les soldats israéliens n’avaient été
attaqués.
L’accusation a été mise à mal quand un soldat qui avait initialement dit
avoir vu le capitaine « R » diriger son arme vers le corps de la
fillette puis ouvert le feu a ensuite indiqué à la cour qu’il avait
inventé l’histoire.
Le capitaine « R » a affirmé n’avoir pas tiré sur la
fillette mais à côté d’elle. Cependant, le docteur Mohammed al-Hams qui a
inspecté le corps de l’enfant à l’hôpital de Rafah, a compté de
nombreuses blessures. « Elle a au moins 17 balles dans plusieurs parties
du corps, dans la poitrine, les mains, les bras, les jambes, » at-il
déclaré au [quotidien britannique] The Guardian peu après. « Les impacts
étaient grands et provoqués par des tirs à courte distance. Les
blessures les plus sérieuses étaient à la tête. Elle a eu trois balles
dans la tête. Une balle a été tirée sur le côté droit du visage près de
l’oreille. Elle a eu une grande blessure sur tout le visage. »
L’enquête préliminaire de l’armée a conclu que le
capitaine « n’avait pas agi de façon non éthique ». Mais après que
certains des soldats sous son commandement aient donné à la presse une
version différente, la police militaire a lancé une enquête séparée,
suite à laquelle « R » a été mis en accusation.
Le capitaine en question a accusé les soldats sous son commandement de
s’en prendre à lui car ils étaient juifs alors que lui était druze.
La transcription
Ci-dessous la transcription d’une conversation à trois
entre un soldat dans la tour de guet, un soldat dans la salle de
contrôle du poste militaire, et le capitaine « R », lequel a tué la
fillette.
Depuis la tour de guet :
« C’est une fillette. Elle court pour se mettre à l’abri vers l’est »
« Est-ce que nous parlons d’une fille de moins de 10 ans ? »
« Une fille d’environ 10 ans, elle est derrière le remblai. Elle a peur de mourir. »
« Je pense que quelqu’un l’a eue. » « Moi-même et un autre soldat ... allons voir plus près, vers l’avant, pour confirmer la mort ... Recevez un point de la situation. Nous avons tiré et nous l’avons tuée... Je confirme également la mort. Over. »
« Est-ce que nous parlons d’une fille de moins de 10 ans ? »
« Une fille d’environ 10 ans, elle est derrière le remblai. Elle a peur de mourir. »
« Je pense que quelqu’un l’a eue. » « Moi-même et un autre soldat ... allons voir plus près, vers l’avant, pour confirmer la mort ... Recevez un point de la situation. Nous avons tiré et nous l’avons tuée... Je confirme également la mort. Over. »
Le capitaine « R » a alors expliqué pourquoi il avait
tué Iman. « C’était une nécessité. Quelqu’un qui est mobile, qui se
déplace dans [ la zone de sécurité ], même s’il âgé de trois ans, doit
être tué. »
16 novembre 2005 - Vous pouvez consulter cet article à :
http://www.miftah.org/Display.cfm?D...
Traduction : Info-Palestine.net