publié le
mardi 4 octobre 2011
Cette suspension pourrait gêner la politique sécuritaire de Mahmoud Abbas.
Une partie du Congrès
américain semble décidée à faire payer cher aux Palestiniens leur
campagne pour l’adhésion de leur État à l’ONU. À titre d’avertissement,
les élus américains ont bloqué le versement d’une tranche de 200
millions de dollars d’aide destinée à l’Autorité palestinienne. Le
pactole correspond à un tiers de l’aide annuelle versée par les
États-Unis. Cette sanction a été prise contre l’avis de Barack Obama par
des membres du Congrès surtout républicains à l’approche de l’élection
présidentielle de l’an prochain.
Paradoxalement, la sanction, qui aurait dû satisfaire
Israël, suscite des réserves notamment chez Ehoud Barak, le ministre de
la Défense, et les responsables de l’armée, qui redoutent par-dessus
tout que l’Autorité palestinienne ne puisse plus assurer la paye des 150
000 fonctionnaires, avec à la clé, le risque de voir se propager un
chaos généralisé. En privé, les responsables militaires ne manquent pas
de souligner que l’étroite collaboration entre l’armée et les milliers
de policiers et d’agents de sécurité palestiniens, formés grâce à des
experts et des crédits américains, a permis ces dernières années de
faire échec à toute une série de projets d’attentats.
Cette action commune sur le terrain a également bridé
toute velléité de prise du pouvoir en Cisjordanie par les islamistes du
Hamas, qui contrôlent déjà la bande de Gaza. Seuls les « durs » du
gouvernement israélien, notamment le chef de la diplomatie, Avigdor
Lieberman, souhaitent « punir » les tentatives palestiniennes en faveur
de l’intégration d’un État palestinien au sein de l’ONU.
Obama contre l’arme économique
Cette opération est pourtant vouée à l’échec en raison
de l’opposition des États-Unis. Mais les Américains souhaitent ne pas
être contraints d’imposer leur veto au cas où Mahmoud Abbas, le
président de l’Autorité palestinienne, parviendrait à mobiliser une
majorité au Conseil de sécurité. Jusqu’à présent, Barack Obama s’est
toutefois opposé à utiliser l’arme économique, en coupant, par exemple,
une aide financière américaine vitale. Le président américain craint
également une déstabilisation d’une Autorité palestinienne acculée à la
cessation de paiements.
« Il y a apparemment des groupes de pression au Congrès
qui sont plus catholiques que le Pape », déplore Hassan Abou Libdeh, le
ministre palestinien de l’Économie, en faisant allusion aux élus
américains les plus pro-israéliens. Lui aussi souligne que la
suppression des subsides américains ne fait pas l’unanimité en Israël,
car elle pourrait « déboucher sur une instabilité dont les Palestiniens
ne seraient pas les seuls à payer les conséquences ». Oded Eran, un
ancien diplomate israélien en poste aux États-Unis, évoque, pour sa
part, une autre piste. « En fait, explique-t-il, Barack Obama dispose
désormais d’un moyen de pression supplémentaire sur Mahmoud Abbas, à qui
il peut désormais dire que, s’il s’obstine dans ses projets d’État à
l’ONU, le Congrès lui coupera les vivres sans qu’il puisse lever le
petit doigt. »