mardi 2 août 2011
Les Lyonnais militants pro-palestiniens ont tiré samedi dernier un bilan des opérations Un bateau pour Gaza et Bienvenu en Palestine. Ils ont raconté leur rencontre avec les autorités israéliennes, les jours passés en prison, mais aussi le sabotage de deux bateaux et un passage à tabac.
Les Lyonnais militants pro-palestiniens ont tiré samedi dernier un bilan des opérations Un bateau pour Gaza et Bienvenu en Palestine. Ils ont raconté leur rencontre avec les autorités israéliennes, les jours passés en prison, mais aussi le sabotage de deux bateaux et un passage à tabac.
Selon les témoignages concordants des participants aux deux opérations, les autorités israéliennes semblaient parfaitement préparées, disposant même d’une liste de tous les participants français à Bienvenu en Palestine. Toutefois, elles se sont avérées relativement embarrassées face à des militants pacifistes, souvent âgés, qu’elles ne pouvaient traiter de manière musclée.
Moins connue que la Flottille pour Gaza, l’opération Bienvenu en Palestine devait répondre à l’invitation de quinze organisation palestinienne. Le 8 juillet dernier, environ 600 militants dont 342 Français étaient censés prendre l’avion pour se rendre en Israël, où ils devaient aussitôt annoncer ouvertement leur intention de se rendre en Palestine. Une opération militante pour dénoncer le blocus israélien. Censés, car une bonne partie des Français se sont vus refuser l’accès à bord par les compagnies aériennes à qui leur nom avaient été communiqués. Ceci au motif qu’ils « représentaient une menace pour la sécurité d’Israël ».
Ceux qui ont néanmoins pu embarquer étaient quant à eux attendus dès leur descente d’avion. C’est le cas d’Alain, qui a décollé de Saint-Exupéry à destination de Tel-Aviv. Bien que ce soit le premier voyage de ce retraité en Palestine, il a été arrêté dès qu’il s’est présenté à la douane. « Quand nous avons été une soixantaine, ils nous ont parqué dans un camion prison. Nous étions huit dans des cellules de 4m² », raconte-t-il. Au bout de deux heures d’attente, direction un centre de rétention. A nouveau, les militants sont priés d’attendre avant qu’on leur fasse vider leurs sacs et confisque leurs téléphones portables. Lorsqu’enfin, ils sont envoyés dans des cellules définitives, il est 4h du matin. Certains sont à Tel Aviv depuis le début d’après-midi, la doyenne du groupe est âgée de 83 ans.
Nadia, l’une de participantes de Bienvenu en Palestine se souvient surtout des « hurlements toutes les nuits. Ils s’arrêtaient dix secondes, puis reprenaient. Toute la nuit. » Quand elle interroge le personnel du centre de rétention sur ces cris, on lui répond qu’ils viennent d’un hôpital psychiatrique. « Mais alors, pourquoi on n’entendait jamais rien la journée ? » se demande la jeune femme. Elle affirme par ailleurs avoir été témoin du passage à tabac d’une jeune militante toulousaine par une dizaine de soldats à l’aéroport.
Alors les militants s’interrogent : « les Français étaient les seuls dont Israël avait les noms. Nous n’avons jamais communiqué la liste des participants à quiconque et pourtant ils savaient qui nous étions. » De là à accuser les services français d’avoir prêté main forte à leur homologues israéliens, il n’y a qu’un pas que certains dans la salle n’ont pas hésité à franchir à demi-mot.
Finalement, le gouvernement grec interdit à la flottille de partir « à la demande de l’ONU », précise Foued. Quelques bateaux tentent alors des sorties mais sont arraisonnés. Les capitaines sont menacés du retrait de leurs licences. Le Louise-Michelle, bloqué, se résout à une levée symbolique du pavillon avant que chacun ne rentre chez soi.
Le lendemain, à 30 miles du blocus, le Dignité-Al-Karama entre en contact avec l’armée israélienne. « On a vu surgir trois gros navires de guerre, dont l’un était équipé d’un canon à eau. Ils étaient entourés de neuf zodiacs, » raconte Yamin. Devant le refus du navire à stopper sa route, les Israéliens commencent à asperger le pont à l’aide du canon, avant que les commandos sur les zodiacs ne passent à l’abordage. « Ce qui m’a impressionné, ce sont les regards des commandos à travers leurs cagoules. Ils étaient terrorisés », croit se souvenir Yamin.
Les passagers du Dignité-Al-Karama suivent ensuite le même chemin que leurs compagnons de Bienvenu en Palestine. Après un passage en centre de rétention assorti d’une dizaine de fouilles et de 36 heures d’interrogatoire, ils sont expulsés, direction la France. « J’ai passé le trajet de retour à côté d’un colon israélien, nous avons eu un débat enflammé mais très intéressant », se souvient Yamin.
Moins connue que la Flottille pour Gaza, l’opération Bienvenu en Palestine devait répondre à l’invitation de quinze organisation palestinienne. Le 8 juillet dernier, environ 600 militants dont 342 Français étaient censés prendre l’avion pour se rendre en Israël, où ils devaient aussitôt annoncer ouvertement leur intention de se rendre en Palestine. Une opération militante pour dénoncer le blocus israélien. Censés, car une bonne partie des Français se sont vus refuser l’accès à bord par les compagnies aériennes à qui leur nom avaient été communiqués. Ceci au motif qu’ils « représentaient une menace pour la sécurité d’Israël ».
Ceux qui ont néanmoins pu embarquer étaient quant à eux attendus dès leur descente d’avion. C’est le cas d’Alain, qui a décollé de Saint-Exupéry à destination de Tel-Aviv. Bien que ce soit le premier voyage de ce retraité en Palestine, il a été arrêté dès qu’il s’est présenté à la douane. « Quand nous avons été une soixantaine, ils nous ont parqué dans un camion prison. Nous étions huit dans des cellules de 4m² », raconte-t-il. Au bout de deux heures d’attente, direction un centre de rétention. A nouveau, les militants sont priés d’attendre avant qu’on leur fasse vider leurs sacs et confisque leurs téléphones portables. Lorsqu’enfin, ils sont envoyés dans des cellules définitives, il est 4h du matin. Certains sont à Tel Aviv depuis le début d’après-midi, la doyenne du groupe est âgée de 83 ans.
« Vous avez des discours agressifs »
Durant les cinq jours de rétention, les militants vont alterner entre interrogatoires, négociations et entretiens avec la consule de France. Selon les participants, cette dernière ne trouve pas d’autre conseil à leur donner que de signer un document d’expulsion. Devant leur refus, elle se montre menaçante, qualifiant leurs propos « d’agressifs » et allant même jusqu’à affirmer devant plusieurs témoins qu’elle « représente la France mais pas ce type de Français. » Une attitude qu’elle reproduira devant les participants à la Flottille pour Gaza selon Yamin Makri (photo), passager du Dignité-Al-Karama.Nadia, l’une de participantes de Bienvenu en Palestine se souvient surtout des « hurlements toutes les nuits. Ils s’arrêtaient dix secondes, puis reprenaient. Toute la nuit. » Quand elle interroge le personnel du centre de rétention sur ces cris, on lui répond qu’ils viennent d’un hôpital psychiatrique. « Mais alors, pourquoi on n’entendait jamais rien la journée ? » se demande la jeune femme. Elle affirme par ailleurs avoir été témoin du passage à tabac d’une jeune militante toulousaine par une dizaine de soldats à l’aéroport.
Alors les militants s’interrogent : « les Français étaient les seuls dont Israël avait les noms. Nous n’avons jamais communiqué la liste des participants à quiconque et pourtant ils savaient qui nous étions. » De là à accuser les services français d’avoir prêté main forte à leur homologues israéliens, il n’y a qu’un pas que certains dans la salle n’ont pas hésité à franchir à demi-mot.
Intimidations et fouilles des chambres
Du côté de la Flottille, les événements se sont également très vite enchaînés. Foued, présent sur le Louise-Michelle, l’un des deux bateaux français, témoigne : « presque dès notre arrivée en Grèce, un bateau a été saboté, l’hélice a été sciée. » Un sabotage bientôt suivi d’un deuxième, puis d’une fouille des chambres d’hôtel. Jusqu’à l’agression : sept militants sont tabassés à la sortie d’un bar athénien par une vingtaine de personnes non identifiées. « Le plus curieux », selon Foued, « c’est que dès le lendemain, alors même que la police grecque ignorait ce qui s’était passé, l’agression était racontée en détail sur le site français de la Ligue de Défense Juive. »Finalement, le gouvernement grec interdit à la flottille de partir « à la demande de l’ONU », précise Foued. Quelques bateaux tentent alors des sorties mais sont arraisonnés. Les capitaines sont menacés du retrait de leurs licences. Le Louise-Michelle, bloqué, se résout à une levée symbolique du pavillon avant que chacun ne rentre chez soi.
« On n’arrête pas avant qu’ils nous abordent »
Cependant, un navire parvient à échapper au blocus. Le Dignité-Al-Karama, l’autre bateaux français qui ne fait pas officiellement partie de la flottille, passe d’île en île en esquivant les arraisonnements. Profitant de son statut flou, Yamin et quelques autres rejoignent le bateau et partent au large, en direction de l’Égypte. Ils passent la nuit dans les eaux internationales afin d’arriver en plein jour.Le lendemain, à 30 miles du blocus, le Dignité-Al-Karama entre en contact avec l’armée israélienne. « On a vu surgir trois gros navires de guerre, dont l’un était équipé d’un canon à eau. Ils étaient entourés de neuf zodiacs, » raconte Yamin. Devant le refus du navire à stopper sa route, les Israéliens commencent à asperger le pont à l’aide du canon, avant que les commandos sur les zodiacs ne passent à l’abordage. « Ce qui m’a impressionné, ce sont les regards des commandos à travers leurs cagoules. Ils étaient terrorisés », croit se souvenir Yamin.
Les passagers du Dignité-Al-Karama suivent ensuite le même chemin que leurs compagnons de Bienvenu en Palestine. Après un passage en centre de rétention assorti d’une dizaine de fouilles et de 36 heures d’interrogatoire, ils sont expulsés, direction la France. « J’ai passé le trajet de retour à côté d’un colon israélien, nous avons eu un débat enflammé mais très intéressant », se souvient Yamin.
Photo : © Eve Renaudin
Publié le : mardi 2 août 2011, par Les Lyonnais militants pro-palestiniens ont tiré samedi dernier un bilan des opérations Un bateau pour Gaza et Bienvenu en Palestine. Ils ont raconté leur rencontre avec les autorités israéliennes, les jours passés en prison, mais aussi le sabotage de deux bateaux et un passage à tabac.
Selon les témoignages concordants des participants aux deux opérations, les autorités israéliennes semblaient parfaitement préparées, disposant même d’une liste de tous les participants français à Bienvenu en Palestine. Toutefois, elles se sont avérées relativement embarrassées face à des militants pacifistes, souvent âgés, qu’elles ne pouvaient traiter de manière musclée.
Moins connue que la Flottille pour Gaza, l’opération Bienvenu en Palestine devait répondre à l’invitation de quinze organisation palestinienne. Le 8 juillet dernier, environ 600 militants dont 342 Français étaient censés prendre l’avion pour se rendre en Israël, où ils devaient aussitôt annoncer ouvertement leur intention de se rendre en Palestine. Une opération militante pour dénoncer le blocus israélien. Censés, car une bonne partie des Français se sont vus refuser l’accès à bord par les compagnies aériennes à qui leur nom avaient été communiqués. Ceci au motif qu’ils « représentaient une menace pour la sécurité d’Israël ».
Ceux qui ont néanmoins pu embarquer étaient quant à eux attendus dès leur descente d’avion. C’est le cas d’Alain, qui a décollé de Saint-Exupéry à destination de Tel-Aviv. Bien que ce soit le premier voyage de ce retraité en Palestine, il a été arrêté dès qu’il s’est présenté à la douane. « Quand nous avons été une soixantaine, ils nous ont parqué dans un camion prison. Nous étions huit dans des cellules de 4m² », raconte-t-il. Au bout de deux heures d’attente, direction un centre de rétention. A nouveau, les militants sont priés d’attendre avant qu’on leur fasse vider leurs sacs et confisque leurs téléphones portables. Lorsqu’enfin, ils sont envoyés dans des cellules définitives, il est 4h du matin. Certains sont à Tel Aviv depuis le début d’après-midi, la doyenne du groupe est âgée de 83 ans.
Nadia, l’une de participantes de Bienvenu en Palestine se souvient surtout des « hurlements toutes les nuits. Ils s’arrêtaient dix secondes, puis reprenaient. Toute la nuit. » Quand elle interroge le personnel du centre de rétention sur ces cris, on lui répond qu’ils viennent d’un hôpital psychiatrique. « Mais alors, pourquoi on n’entendait jamais rien la journée ? » se demande la jeune femme. Elle affirme par ailleurs avoir été témoin du passage à tabac d’une jeune militante toulousaine par une dizaine de soldats à l’aéroport.
Alors les militants s’interrogent : « les Français étaient les seuls dont Israël avait les noms. Nous n’avons jamais communiqué la liste des participants à quiconque et pourtant ils savaient qui nous étions. » De là à accuser les services français d’avoir prêté main forte à leur homologues israéliens, il n’y a qu’un pas que certains dans la salle n’ont pas hésité à franchir à demi-mot.
Finalement, le gouvernement grec interdit à la flottille de partir « à la demande de l’ONU », précise Foued. Quelques bateaux tentent alors des sorties mais sont arraisonnés. Les capitaines sont menacés du retrait de leurs licences. Le Louise-Michelle, bloqué, se résout à une levée symbolique du pavillon avant que chacun ne rentre chez soi.
Le lendemain, à 30 miles du blocus, le Dignité-Al-Karama entre en contact avec l’armée israélienne. « On a vu surgir trois gros navires de guerre, dont l’un était équipé d’un canon à eau. Ils étaient entourés de neuf zodiacs, » raconte Yamin. Devant le refus du navire à stopper sa route, les Israéliens commencent à asperger le pont à l’aide du canon, avant que les commandos sur les zodiacs ne passent à l’abordage. « Ce qui m’a impressionné, ce sont les regards des commandos à travers leurs cagoules. Ils étaient terrorisés », croit se souvenir Yamin.
Les passagers du Dignité-Al-Karama suivent ensuite le même chemin que leurs compagnons de Bienvenu en Palestine. Après un passage en centre de rétention assorti d’une dizaine de fouilles et de 36 heures d’interrogatoire, ils sont expulsés, direction la France. « J’ai passé le trajet de retour à côté d’un colon israélien, nous avons eu un débat enflammé mais très intéressant », se souvient Yamin.
Moins connue que la Flottille pour Gaza, l’opération Bienvenu en Palestine devait répondre à l’invitation de quinze organisation palestinienne. Le 8 juillet dernier, environ 600 militants dont 342 Français étaient censés prendre l’avion pour se rendre en Israël, où ils devaient aussitôt annoncer ouvertement leur intention de se rendre en Palestine. Une opération militante pour dénoncer le blocus israélien. Censés, car une bonne partie des Français se sont vus refuser l’accès à bord par les compagnies aériennes à qui leur nom avaient été communiqués. Ceci au motif qu’ils « représentaient une menace pour la sécurité d’Israël ».
Ceux qui ont néanmoins pu embarquer étaient quant à eux attendus dès leur descente d’avion. C’est le cas d’Alain, qui a décollé de Saint-Exupéry à destination de Tel-Aviv. Bien que ce soit le premier voyage de ce retraité en Palestine, il a été arrêté dès qu’il s’est présenté à la douane. « Quand nous avons été une soixantaine, ils nous ont parqué dans un camion prison. Nous étions huit dans des cellules de 4m² », raconte-t-il. Au bout de deux heures d’attente, direction un centre de rétention. A nouveau, les militants sont priés d’attendre avant qu’on leur fasse vider leurs sacs et confisque leurs téléphones portables. Lorsqu’enfin, ils sont envoyés dans des cellules définitives, il est 4h du matin. Certains sont à Tel Aviv depuis le début d’après-midi, la doyenne du groupe est âgée de 83 ans.
« Vous avez des discours agressifs »
Durant les cinq jours de rétention, les militants vont alterner entre interrogatoires, négociations et entretiens avec la consule de France. Selon les participants, cette dernière ne trouve pas d’autre conseil à leur donner que de signer un document d’expulsion. Devant leur refus, elle se montre menaçante, qualifiant leurs propos « d’agressifs » et allant même jusqu’à affirmer devant plusieurs témoins qu’elle « représente la France mais pas ce type de Français. » Une attitude qu’elle reproduira devant les participants à la Flottille pour Gaza selon Yamin Makri (photo), passager du Dignité-Al-Karama.Nadia, l’une de participantes de Bienvenu en Palestine se souvient surtout des « hurlements toutes les nuits. Ils s’arrêtaient dix secondes, puis reprenaient. Toute la nuit. » Quand elle interroge le personnel du centre de rétention sur ces cris, on lui répond qu’ils viennent d’un hôpital psychiatrique. « Mais alors, pourquoi on n’entendait jamais rien la journée ? » se demande la jeune femme. Elle affirme par ailleurs avoir été témoin du passage à tabac d’une jeune militante toulousaine par une dizaine de soldats à l’aéroport.
Alors les militants s’interrogent : « les Français étaient les seuls dont Israël avait les noms. Nous n’avons jamais communiqué la liste des participants à quiconque et pourtant ils savaient qui nous étions. » De là à accuser les services français d’avoir prêté main forte à leur homologues israéliens, il n’y a qu’un pas que certains dans la salle n’ont pas hésité à franchir à demi-mot.
Intimidations et fouilles des chambres
Du côté de la Flottille, les événements se sont également très vite enchaînés. Foued, présent sur le Louise-Michelle, l’un des deux bateaux français, témoigne : « presque dès notre arrivée en Grèce, un bateau a été saboté, l’hélice a été sciée. » Un sabotage bientôt suivi d’un deuxième, puis d’une fouille des chambres d’hôtel. Jusqu’à l’agression : sept militants sont tabassés à la sortie d’un bar athénien par une vingtaine de personnes non identifiées. « Le plus curieux », selon Foued, « c’est que dès le lendemain, alors même que la police grecque ignorait ce qui s’était passé, l’agression était racontée en détail sur le site français de la Ligue de Défense Juive. »Finalement, le gouvernement grec interdit à la flottille de partir « à la demande de l’ONU », précise Foued. Quelques bateaux tentent alors des sorties mais sont arraisonnés. Les capitaines sont menacés du retrait de leurs licences. Le Louise-Michelle, bloqué, se résout à une levée symbolique du pavillon avant que chacun ne rentre chez soi.
« On n’arrête pas avant qu’ils nous abordent »
Cependant, un navire parvient à échapper au blocus. Le Dignité-Al-Karama, l’autre bateaux français qui ne fait pas officiellement partie de la flottille, passe d’île en île en esquivant les arraisonnements. Profitant de son statut flou, Yamin et quelques autres rejoignent le bateau et partent au large, en direction de l’Égypte. Ils passent la nuit dans les eaux internationales afin d’arriver en plein jour.Le lendemain, à 30 miles du blocus, le Dignité-Al-Karama entre en contact avec l’armée israélienne. « On a vu surgir trois gros navires de guerre, dont l’un était équipé d’un canon à eau. Ils étaient entourés de neuf zodiacs, » raconte Yamin. Devant le refus du navire à stopper sa route, les Israéliens commencent à asperger le pont à l’aide du canon, avant que les commandos sur les zodiacs ne passent à l’abordage. « Ce qui m’a impressionné, ce sont les regards des commandos à travers leurs cagoules. Ils étaient terrorisés », croit se souvenir Yamin.
Les passagers du Dignité-Al-Karama suivent ensuite le même chemin que leurs compagnons de Bienvenu en Palestine. Après un passage en centre de rétention assorti d’une dizaine de fouilles et de 36 heures d’interrogatoire, ils sont expulsés, direction la France. « J’ai passé le trajet de retour à côté d’un colon israélien, nous avons eu un débat enflammé mais très intéressant », se souvient Yamin.
Photo : © Eve Renaudin
Publié le : mardi 2 août 2011, par Les Lyonnais militants pro-palestiniens ont tiré samedi dernier un bilan des opérations Un bateau pour Gaza et Bienvenu en Palestine. Ils ont raconté leur rencontre avec les autorités israéliennes, les jours passés en prison, mais aussi le sabotage de deux bateaux et un passage à tabac.
Selon les témoignages concordants des participants aux deux opérations, les autorités israéliennes semblaient parfaitement préparées, disposant même d’une liste de tous les participants français à Bienvenu en Palestine. Toutefois, elles se sont avérées relativement embarrassées face à des militants pacifistes, souvent âgés, qu’elles ne pouvaient traiter de manière musclée.
Moins connue que la Flottille pour Gaza, l’opération Bienvenu en Palestine devait répondre à l’invitation de quinze organisation palestinienne. Le 8 juillet dernier, environ 600 militants dont 342 Français étaient censés prendre l’avion pour se rendre en Israël, où ils devaient aussitôt annoncer ouvertement leur intention de se rendre en Palestine. Une opération militante pour dénoncer le blocus israélien. Censés, car une bonne partie des Français se sont vus refuser l’accès à bord par les compagnies aériennes à qui leur nom avaient été communiqués. Ceci au motif qu’ils « représentaient une menace pour la sécurité d’Israël ».
Ceux qui ont néanmoins pu embarquer étaient quant à eux attendus dès leur descente d’avion. C’est le cas d’Alain, qui a décollé de Saint-Exupéry à destination de Tel-Aviv. Bien que ce soit le premier voyage de ce retraité en Palestine, il a été arrêté dès qu’il s’est présenté à la douane. « Quand nous avons été une soixantaine, ils nous ont parqué dans un camion prison. Nous étions huit dans des cellules de 4m² », raconte-t-il. Au bout de deux heures d’attente, direction un centre de rétention. A nouveau, les militants sont priés d’attendre avant qu’on leur fasse vider leurs sacs et confisque leurs téléphones portables. Lorsqu’enfin, ils sont envoyés dans des cellules définitives, il est 4h du matin. Certains sont à Tel Aviv depuis le début d’après-midi, la doyenne du groupe est âgée de 83 ans.
Nadia, l’une de participantes de Bienvenu en Palestine se souvient surtout des « hurlements toutes les nuits. Ils s’arrêtaient dix secondes, puis reprenaient. Toute la nuit. » Quand elle interroge le personnel du centre de rétention sur ces cris, on lui répond qu’ils viennent d’un hôpital psychiatrique. « Mais alors, pourquoi on n’entendait jamais rien la journée ? » se demande la jeune femme. Elle affirme par ailleurs avoir été témoin du passage à tabac d’une jeune militante toulousaine par une dizaine de soldats à l’aéroport.
Alors les militants s’interrogent : « les Français étaient les seuls dont Israël avait les noms. Nous n’avons jamais communiqué la liste des participants à quiconque et pourtant ils savaient qui nous étions. » De là à accuser les services français d’avoir prêté main forte à leur homologues israéliens, il n’y a qu’un pas que certains dans la salle n’ont pas hésité à franchir à demi-mot.
Finalement, le gouvernement grec interdit à la flottille de partir « à la demande de l’ONU », précise Foued. Quelques bateaux tentent alors des sorties mais sont arraisonnés. Les capitaines sont menacés du retrait de leurs licences. Le Louise-Michelle, bloqué, se résout à une levée symbolique du pavillon avant que chacun ne rentre chez soi.
Le lendemain, à 30 miles du blocus, le Dignité-Al-Karama entre en contact avec l’armée israélienne. « On a vu surgir trois gros navires de guerre, dont l’un était équipé d’un canon à eau. Ils étaient entourés de neuf zodiacs, » raconte Yamin. Devant le refus du navire à stopper sa route, les Israéliens commencent à asperger le pont à l’aide du canon, avant que les commandos sur les zodiacs ne passent à l’abordage. « Ce qui m’a impressionné, ce sont les regards des commandos à travers leurs cagoules. Ils étaient terrorisés », croit se souvenir Yamin.
Les passagers du Dignité-Al-Karama suivent ensuite le même chemin que leurs compagnons de Bienvenu en Palestine. Après un passage en centre de rétention assorti d’une dizaine de fouilles et de 36 heures d’interrogatoire, ils sont expulsés, direction la France. « J’ai passé le trajet de retour à côté d’un colon israélien, nous avons eu un débat enflammé mais très intéressant », se souvient Yamin.
Moins connue que la Flottille pour Gaza, l’opération Bienvenu en Palestine devait répondre à l’invitation de quinze organisation palestinienne. Le 8 juillet dernier, environ 600 militants dont 342 Français étaient censés prendre l’avion pour se rendre en Israël, où ils devaient aussitôt annoncer ouvertement leur intention de se rendre en Palestine. Une opération militante pour dénoncer le blocus israélien. Censés, car une bonne partie des Français se sont vus refuser l’accès à bord par les compagnies aériennes à qui leur nom avaient été communiqués. Ceci au motif qu’ils « représentaient une menace pour la sécurité d’Israël ».
Ceux qui ont néanmoins pu embarquer étaient quant à eux attendus dès leur descente d’avion. C’est le cas d’Alain, qui a décollé de Saint-Exupéry à destination de Tel-Aviv. Bien que ce soit le premier voyage de ce retraité en Palestine, il a été arrêté dès qu’il s’est présenté à la douane. « Quand nous avons été une soixantaine, ils nous ont parqué dans un camion prison. Nous étions huit dans des cellules de 4m² », raconte-t-il. Au bout de deux heures d’attente, direction un centre de rétention. A nouveau, les militants sont priés d’attendre avant qu’on leur fasse vider leurs sacs et confisque leurs téléphones portables. Lorsqu’enfin, ils sont envoyés dans des cellules définitives, il est 4h du matin. Certains sont à Tel Aviv depuis le début d’après-midi, la doyenne du groupe est âgée de 83 ans.
« Vous avez des discours agressifs »
Durant les cinq jours de rétention, les militants vont alterner entre interrogatoires, négociations et entretiens avec la consule de France. Selon les participants, cette dernière ne trouve pas d’autre conseil à leur donner que de signer un document d’expulsion. Devant leur refus, elle se montre menaçante, qualifiant leurs propos « d’agressifs » et allant même jusqu’à affirmer devant plusieurs témoins qu’elle « représente la France mais pas ce type de Français. » Une attitude qu’elle reproduira devant les participants à la Flottille pour Gaza selon Yamin Makri (photo), passager du Dignité-Al-Karama.Nadia, l’une de participantes de Bienvenu en Palestine se souvient surtout des « hurlements toutes les nuits. Ils s’arrêtaient dix secondes, puis reprenaient. Toute la nuit. » Quand elle interroge le personnel du centre de rétention sur ces cris, on lui répond qu’ils viennent d’un hôpital psychiatrique. « Mais alors, pourquoi on n’entendait jamais rien la journée ? » se demande la jeune femme. Elle affirme par ailleurs avoir été témoin du passage à tabac d’une jeune militante toulousaine par une dizaine de soldats à l’aéroport.
Alors les militants s’interrogent : « les Français étaient les seuls dont Israël avait les noms. Nous n’avons jamais communiqué la liste des participants à quiconque et pourtant ils savaient qui nous étions. » De là à accuser les services français d’avoir prêté main forte à leur homologues israéliens, il n’y a qu’un pas que certains dans la salle n’ont pas hésité à franchir à demi-mot.
Intimidations et fouilles des chambres
Du côté de la Flottille, les événements se sont également très vite enchaînés. Foued, présent sur le Louise-Michelle, l’un des deux bateaux français, témoigne : « presque dès notre arrivée en Grèce, un bateau a été saboté, l’hélice a été sciée. » Un sabotage bientôt suivi d’un deuxième, puis d’une fouille des chambres d’hôtel. Jusqu’à l’agression : sept militants sont tabassés à la sortie d’un bar athénien par une vingtaine de personnes non identifiées. « Le plus curieux », selon Foued, « c’est que dès le lendemain, alors même que la police grecque ignorait ce qui s’était passé, l’agression était racontée en détail sur le site français de la Ligue de Défense Juive. »Finalement, le gouvernement grec interdit à la flottille de partir « à la demande de l’ONU », précise Foued. Quelques bateaux tentent alors des sorties mais sont arraisonnés. Les capitaines sont menacés du retrait de leurs licences. Le Louise-Michelle, bloqué, se résout à une levée symbolique du pavillon avant que chacun ne rentre chez soi.
« On n’arrête pas avant qu’ils nous abordent »
Cependant, un navire parvient à échapper au blocus. Le Dignité-Al-Karama, l’autre bateaux français qui ne fait pas officiellement partie de la flottille, passe d’île en île en esquivant les arraisonnements. Profitant de son statut flou, Yamin et quelques autres rejoignent le bateau et partent au large, en direction de l’Égypte. Ils passent la nuit dans les eaux internationales afin d’arriver en plein jour.Le lendemain, à 30 miles du blocus, le Dignité-Al-Karama entre en contact avec l’armée israélienne. « On a vu surgir trois gros navires de guerre, dont l’un était équipé d’un canon à eau. Ils étaient entourés de neuf zodiacs, » raconte Yamin. Devant le refus du navire à stopper sa route, les Israéliens commencent à asperger le pont à l’aide du canon, avant que les commandos sur les zodiacs ne passent à l’abordage. « Ce qui m’a impressionné, ce sont les regards des commandos à travers leurs cagoules. Ils étaient terrorisés », croit se souvenir Yamin.
Les passagers du Dignité-Al-Karama suivent ensuite le même chemin que leurs compagnons de Bienvenu en Palestine. Après un passage en centre de rétention assorti d’une dizaine de fouilles et de 36 heures d’interrogatoire, ils sont expulsés, direction la France. « J’ai passé le trajet de retour à côté d’un colon israélien, nous avons eu un débat enflammé mais très intéressant », se souvient Yamin.
Photo : © Eve Renaudin
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