Joseph Dana - +972
Quelle est la meilleure stratégie pour Israël contre la résistance non violente palestinienne à l’occupation ? Peut-être est-ce la pire qui se mettra en place quand, demain, la Knesset israélienne aura voté la loi qui criminalise tout soutien israélien à la campagne de Boycott, Désinvestissement et Sanctions (BDS)
La tentative désespérée d’Israël d’interdire la Cisjordanie aux militants israéliens et internationaux montre que les stratèges militaires prennent au sérieux ces manifestations localisées de résistance non violente.
Au lendemain de l’arrivée à Tel Aviv de la « Flottille de l’air », des militants palestiniens et israéliens organisaient une manifestation dans le village cisjordanien de Nabi Saleh, à l’ouest de Ramallah. Les colons juifs de la colonie proche de Halamish se sont emparés il y a deux ans de la source servant à l’agriculture du village. Depuis, chaque vendredi, les villageois et des sympathisants israéliens et internationaux organisent une manifestation non violente pour protester contre cette saisie. Hier, cette manifestation a eu lieu, mais pour la première fois depuis des mois, les Palestiniens ont pu s’approcher tout près de la source elle-même. habituellement, l’armée bloque les manifestants alors qu’ils sont encore à l’intérieur du village, mais hier, il semble qu’elle ait été prise au dépourvu.
Au cours de la manifestation de vendredi (8 juillet), trois militants israéliens ont été arrêtés par les soldats. La presse israélienne a rapporté que ces militants faisaient en réalité partie de la campagne « Bienvenue en Palestine » sans pouvoir avancer des éléments concrets confirmant cette affirmation. Les militants israéliens ont été accusés d’avoir agressé des officiers et ont été transférés dans l’enceinte pénitentiaire russe à Jérusalem. Cet après-midi, les militants ont été présentés à un juge, l’État recherchant une sanction d’une sévérité inhabituelle de six mois d’interdiction de Cisjordanie et un mois en résidence surveillée. Finalement, il leur est interdit pendant un mois de se rendre à Ni’lin, Bil’in et Nabi Saleh (trois villages de Cisjordanie où les Palestiniens, avec des militants israéliens et internationaux, organisent chaque semaine et depuis des années une manifestation non violente contre le mur, la colonisation et l’occupation - ndt). Autrement dit, leur sanction leur interdit de participer à des manifestations pendant un mois.
La sanction qu’Israël a recherchée contre ces militants de Tel Aviv semble prouver qu’après avoir empêché des internationaux de rejoindre des manifestations non violentes en Cisjordanie, Israël tente de faire la même chose avec les militants israéliens. Interdire la Cisjordanie aux militants, qu’ils soient européens ou israéliens, est seulement l’une des réponses concrètes d’Israël à la non-violence palestinienne. Naturellement, les dirigeants palestiniens de la non-violence comme Bassem Tamimi de Nabi Saleh ou Abdallah abu Rahmah de Bil’in, subissent de longues peines dans les prisons israéliennes sur des accusations montées de toutes pièces d’ « incitation » et de « manifestation illégale » pour avoir résisté, de façon non violente, à l’occupation israélienne de la Cisjordanie. Cette tentative désespérée d’Israël d’interdire aux militants israéliens et internationaux de venir manifester montre que les stratèges militaires prennent au sérieux ces manifestations localisées de résistance non violente. A l’ère des nouvelles technologies de communication, les militants étrangers, équipés de caméras vidéo et de smartphones, qui participent aux manifestations non violentes de Nabi Saleh, représentent un risque clair et présent pour l’occupation continue par Israël de la Cisjordanie.
Cependant, la question demeure. Quelle est la meilleure stratégie pour Israël contre la résistance non violente palestinienne à l’occupation ? Peut-être est-ce la pire qui se mettra en place quand, demain, la Knesset israélienne aura voté la loi qui criminalise tout soutien israélien à la campagne de Boycott, Désinvestissement et Sanctions (BDS). Une fois la loi votée, les citoyens israéliens qui soutiendront cette initiative non violente palestinienne seront passibles d’amendes importantes et d’un possible emprisonnement pour avoir exercé leur liberté d’expression. Interdire la Cisjordanie aux militants et criminaliser le soutien à BDS sont les deux réponses concrètes qu’Israël a choisies pour combattre la récente vague de résistance non violente palestinienne. Alors que des initiatives non violentes comme la « Flottille de l’air » continuent de prendre de la dynamique, Israël, hargneux, devra se trouver un autre chemin pour maintenir son occupation et garder sa position dans la communauté internationale.
10 juillet 2011 - +972 - traduction : JPP