Jérusalem - 2 juin 2011
Par Anne Paq
Un groupe d'activistes palestiniens, israéliens et internationaux ont protesté contre la marche organisée pour la "Journée de Jérusalem", dans le quartier palestinien de Sheikh Jarrah, le 01/06/2011. Des milliers de colons et d'Israéliens d’extrême-droite ont défilé dans le quartier Sheikh Jarrah de Jérusalem-Est dans le cadre de la journée de Jérusalem qui commémore la prise de Jérusalem-Est au cours de la guerre de 1967. Les Israéliens d’extrême-droite ont été filmés chantant "Mort aux gauchistes" et "Mohammad est mort". La marche s'est déroulée sous haute sécurité avec une impressionnante présence de 3.000 policiers dans toute la ville.
En début d'après midi, je me suis rendue à Sheikh Jarrah, ce quartier palestinien de Jérusalem-Est d'où de nombreuses familles palestiniens ont été expulsées au cours des trois dernières années pour être remplacées par des colons israéliens. Des groupes de colons étaient déjà là, ainsi que des activistes et des habitants palestiniens, tous se préparant pour la grande marche, soit pour y participer (les colons et les Israéliens d’extrême-droite), soit pour protester contre elle. Les colons avaient installé des haut-parleurs sur le toit d'une des maisons dont ils ont réussi à s'emparer : la musique à plein volume était insupportable (pour la plupart des chansons religieuses ou nationalistes israéliennes).
Les "célébrations" du Jour de Jérusalem ont été sponsorisées par l’État israélien qui veut ainsi célébrer la prise de Jérusalem-Est pendant la guerre de 1967 et ce que les Israéliens ont appelé "la réunification" de Jérusalem. Sauf que l'annexion de Jérusalem-Est par Israël n'a jamais été reconnue par la communauté internationale (toutes les ambassades sont donc à Tel-Aviv) et par le droit international selon lequel Jérusalem-Est reste un territoire occupé.
Pour la première fois, le départ de la marche était prévu à Jérusalem-Est pour ensuite continuer le long de la route 1 jusqu’à la porte de Damas, un lieu particulièrement symbolique pour les Palestiniens. Ce n'est pas seulement de la provocation, mais les choix liés à l’évènement reflètent bien la politique de l'actuel gouvernement israélien qui ne cesse de répéter : Jérusalem est à nous, restera indivisible et est notre capitale éternelle. Non seulement ils le répètent, mais ils joignent l'action à leurs paroles : les colonies se développent à un rythme effréné, des milliers de Palestiniens ont vu leur identité de Jérusalem révoquées, les expulsions et les démolitions de maisons sont à la hausse ainsi que le harcèlement et les arrestations de Palestiniens, y compris les enfants. La semaine dernière, une loi a été votée pour remplacer tous les noms des quartiers de Jérusalem par des noms hébreux !
Alors oui, les Israéliens de droite et les colons ont de quoi se réjouir et faire la fête !
A Sheikh Jarrah, un groupe d'activistes certes modeste par le nombre mais déterminé ont fait face avec beaucoup de courage au groupe de colons afin de protester contre la marche. Les colons israéliens face à eux criaient et chantaient des slogans racistes et ont essayé de tourner en ridicule les activistes qui sont restés néanmoins fermes sur leurs positions bien qu'ils étaient totalement en infériorité numérique.
La police israélienne est intervenue rapidement et a violemment repoussé les activistes derrière une ligne de soldats. Deux activistes ont été arrêtés, l'un a été jeté sur le sol et s'est relevé le visage en sang. Les colons étaient ravis. Les résidents palestiniens ont eux aussi continuer à protester. Un résident palestinien portait un T-shirt où était écrit "Nous n'abandonnerons jamais" et tenait un drapeau palestinien. Une vieille dame palestinienne criait en anglais sur les colons : "Vous êtes des voleurs ! Des occupants ! C'est ma terre ici ! Toutes les terres ici sont arabes, et aussi les arbres !". Une autre femme tapait avec une tige métallique sur un poteau pour troubler les chants des colons. Non, sûrement, ces gens ne sont pas prêts d'abandonner.
Les colons sont partis peu à peu pour rejoindre la grande marche, qui allait de Sheikh Jarrah au Mur des Lamentations, en passant par la Porte de Damas. La foule était vraiment impressionnante. Une mer de drapeaux israéliens. Beaucoup des participants étaient très jeunes, ils dansaient et chantaient comme s'ils étaient dans une rave party, aux sons des chants nationalistes israéliens. Les Palestiniens ont dû rester derrière les barrières de police. En passant, les extrémistes israéliens ont souvent insulté et provoqué les Palestiniens.
Je suis tombée sur deux touristes français qui étaient en état de choc. Ce n’était certainement pas l’idée qu'ils se faisaient de Jérusalem. La femme m'a dit : "Je ne peux pas supporter ça ! Tous ces gens, si jeunes, si pleins de haine, ils insultaient même les enfants palestiniens !". "Oui", je lui ai répondu, "c'est le vrai visage d'Israël et de ses tendances fascistes mais tout cela est protégé, soutenu et encouragé par l’État". Plus tôt, deux activistes israéliennes assez âgées m'ont aussi dit, visiblement aussi sous le choc : "Nous n'avons jamais vu quelque chose comme ça. C'est effrayant."
Je suis revenue chez moi aussi dans un état de choc. Mais le chauffeur de taxi, un Palestinien d'Al Tur à Jérusalem-Est, m'a consolée : "Ne vous inquiétez pas, ils peuvent chanter ce qu'ils veulent, nous sommes toujours là !".
Voir les photos prises par Anne Paq
Et cette vidéo, pour mieux réaliser avec quel genre de malades certains de leurs soi-disant amis demandent aux Palestiniens de "cohabilter" :
Source : Chroniques de Palestine Les "célébrations" du Jour de Jérusalem ont été sponsorisées par l’État israélien qui veut ainsi célébrer la prise de Jérusalem-Est pendant la guerre de 1967 et ce que les Israéliens ont appelé "la réunification" de Jérusalem. Sauf que l'annexion de Jérusalem-Est par Israël n'a jamais été reconnue par la communauté internationale (toutes les ambassades sont donc à Tel-Aviv) et par le droit international selon lequel Jérusalem-Est reste un territoire occupé.
Pour la première fois, le départ de la marche était prévu à Jérusalem-Est pour ensuite continuer le long de la route 1 jusqu’à la porte de Damas, un lieu particulièrement symbolique pour les Palestiniens. Ce n'est pas seulement de la provocation, mais les choix liés à l’évènement reflètent bien la politique de l'actuel gouvernement israélien qui ne cesse de répéter : Jérusalem est à nous, restera indivisible et est notre capitale éternelle. Non seulement ils le répètent, mais ils joignent l'action à leurs paroles : les colonies se développent à un rythme effréné, des milliers de Palestiniens ont vu leur identité de Jérusalem révoquées, les expulsions et les démolitions de maisons sont à la hausse ainsi que le harcèlement et les arrestations de Palestiniens, y compris les enfants. La semaine dernière, une loi a été votée pour remplacer tous les noms des quartiers de Jérusalem par des noms hébreux !
Alors oui, les Israéliens de droite et les colons ont de quoi se réjouir et faire la fête !
A Sheikh Jarrah, un groupe d'activistes certes modeste par le nombre mais déterminé ont fait face avec beaucoup de courage au groupe de colons afin de protester contre la marche. Les colons israéliens face à eux criaient et chantaient des slogans racistes et ont essayé de tourner en ridicule les activistes qui sont restés néanmoins fermes sur leurs positions bien qu'ils étaient totalement en infériorité numérique.
La police israélienne est intervenue rapidement et a violemment repoussé les activistes derrière une ligne de soldats. Deux activistes ont été arrêtés, l'un a été jeté sur le sol et s'est relevé le visage en sang. Les colons étaient ravis. Les résidents palestiniens ont eux aussi continuer à protester. Un résident palestinien portait un T-shirt où était écrit "Nous n'abandonnerons jamais" et tenait un drapeau palestinien. Une vieille dame palestinienne criait en anglais sur les colons : "Vous êtes des voleurs ! Des occupants ! C'est ma terre ici ! Toutes les terres ici sont arabes, et aussi les arbres !". Une autre femme tapait avec une tige métallique sur un poteau pour troubler les chants des colons. Non, sûrement, ces gens ne sont pas prêts d'abandonner.
Les colons sont partis peu à peu pour rejoindre la grande marche, qui allait de Sheikh Jarrah au Mur des Lamentations, en passant par la Porte de Damas. La foule était vraiment impressionnante. Une mer de drapeaux israéliens. Beaucoup des participants étaient très jeunes, ils dansaient et chantaient comme s'ils étaient dans une rave party, aux sons des chants nationalistes israéliens. Les Palestiniens ont dû rester derrière les barrières de police. En passant, les extrémistes israéliens ont souvent insulté et provoqué les Palestiniens.
Je suis tombée sur deux touristes français qui étaient en état de choc. Ce n’était certainement pas l’idée qu'ils se faisaient de Jérusalem. La femme m'a dit : "Je ne peux pas supporter ça ! Tous ces gens, si jeunes, si pleins de haine, ils insultaient même les enfants palestiniens !". "Oui", je lui ai répondu, "c'est le vrai visage d'Israël et de ses tendances fascistes mais tout cela est protégé, soutenu et encouragé par l’État". Plus tôt, deux activistes israéliennes assez âgées m'ont aussi dit, visiblement aussi sous le choc : "Nous n'avons jamais vu quelque chose comme ça. C'est effrayant."
Je suis revenue chez moi aussi dans un état de choc. Mais le chauffeur de taxi, un Palestinien d'Al Tur à Jérusalem-Est, m'a consolée : "Ne vous inquiétez pas, ils peuvent chanter ce qu'ils veulent, nous sommes toujours là !".
Voir les photos prises par Anne Paq
Et cette vidéo, pour mieux réaliser avec quel genre de malades certains de leurs soi-disant amis demandent aux Palestiniens de "cohabilter" :
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