mardi 19 avril 2011

Les tueurs d'Itamar découverts ?

Naplouse - 19 avril 2011
Par Mohammad
Article du 18 avril 2011.
La presse israélienne est en ébullition ce matin, avec la nouvelle que les tueurs de la famille Fogel, dans la colonie illégale d'Itamar en Cisjordanie occupée ont été découverts. Après avoir assiégé pendant plusieurs semaines le village d'Awarta, avoir arrêté pratiquement tous ses habitants et avoir causé d'énormes dégâts matériels, les autorités israéliennes ont annoncé que deux adolescents du village avaient reconnu avoir perpétré le massacre. Cette affaire est particulièrement intéressante, parce que toutes les factions palestiniennes s'en sont officiellement distanciés et ont nié toute responsabilité dans son exécution. Bien que le gouvernement israélien ait immédiatement accusé le "terrorisme palestinien" sans aucune preuve et en utilisant la mort des Fogel comme prétexte à une extension de la colonisation illégale de la Cisjordanie, l'enquête a été placée sous secret tandis que les rumeurs et les théories se propageaient sur l'identité du ou des véritables coupables.
Les tueurs d'Itamar découverts ?
Itamar est une colonie lourdement fortifiée surplombant les villages palestiniens environnants, sur la terre desquels elle a été construite en toute illégalité. Il est avéré que la colonie a été fortifié pour garantir que des intrus n'y pénètrent pas ; elle est entourée, sur ses quatre côtés, d'une clôture électrifié de 2m50 de hauteur, avec deux rangées de barbelés en lames de rasoir à son sommet, des détecteurs qui signalent si elle a été coupée, des caméras automatiques qui couvrent tout le périmètre, la présence de gardes de sécurité 24h/24 et la protection de l'armée israélienne. Tous ses habitants sont armés et, comme la plupart des colonies israéliennes, elle est entourée de centaines de mètres de zone-tampon dans laquelle les Palestiniens ne peuvent pas mettre le pied.
Le fait qu'Itamar soit probablement mieux sécurisée que la Maison Blanche a conduit beaucoup à conclure que ceux qui ont tué les Fogel n'ont tout simplement pas pu se glisser à l'intérieur, puis à nouveau se faufiler pour sortir.
Mais aujourd'hui, les autorités de la sécurité israélienne, ce bastion de la transparence et des droits de l'homme, disent avoir arraché les aveux d'Amjad Awad, 19 ans, et Hakim Awad, 18 ans, tous les deux d'Awarta. Selon le Ha'aretz, les deux adolescents ont décidé, sur un coup de tête, d'aller à Itamar armés seulement de tenailles et d'une prière. Ils ont traversé la zone tampon sans être remarqués par les caméras, les gardes de sécurité, les soldats ou les habitants de la colonie. Ils sont arrivés à la clôture électrique, où ils ont passé dix minutes à couper le fil de fer. Les caméras automatiques et les détecteurs semblent, par un coup de chance antisémite, avoir dormi ce jour-là.
Après avoir coupé la clôture, les deux adolescents sont entrés dans la colonie, où, là non plus, personne ne les a remarqués. Ils ont trouvé une maison qui, par pur hasard, était 1) ouverte, 2) vide, et 3) où trainait un fusil d'assaut M16 et des munitions. Amjad et Hakim ont ramassé le fusil et les munitions, et sont sortis de la maison vide. De là, ils sont allés chez les Fogel. Ils sont entrés et ont tué quatre membres de la famille, un avec un fusil et les autres avec un couteau.
Après avoir défié tous les obstacles, les adolescents ont ensuite quitté la maison et sont repartis. Toujours sans être remarqués. Personne n'a entendu ni les coups de feu ni les cris (les services de sécurité expliquent que le temps n'était pas propice à la propagation des ondes sonores ce soir-là). Réalisant qu'ils n'avaient TOUJOURS pas été remarqués ni par les habitants, ni par les soldats, ni par les gardes de sécurité ou les caméras, Amjad et Hakim ont repéré le bébé Fogel de 3 mois par la fenêtre. Alors ils ont décidé de revenir à l'intérieur et de tuer le bébé.
Toujours cette insatiable soif de sang des Arabes.
Puis les adolescents, armés du gros fusil d'assaut M16 volé, et d'un couteau, sont simplement sortis de la colonie, toujours sans être remarqués par les caméras, les soldats, les gardes, les colons, les capteurs, ni même par Dieu en personne. Ils ont traversé la zone tampon, sont rentrés dans leur village et ont pensé qu'ils s'en étaient tirés avec leur crime odieux. Bien sûr, ils avaient omis de prendre en compte les efforts infatigables de l'armée israélienne et des services secrets, qui ont assiégé leur village pendant des jours, barrant l'entrée de la nourriture et des médicaments, raflant les villageois, tabassant sauvagement les autres et détruisant les biens à Awarta.
L'histoire présentée par les forces de la sécurité israélienne a plus de trous qu'un morceau de fromage suisse criblé de grenaille. Comme le souligne Ali Abunimah, ils n'arrivent même pas à affirmer si Amjad et Hakim ont agi seul ou au nom du FPLP. Et le penchant d'Israël à recourir à la torture et aux menaces pour obtenir des aveux n'ajoute pas beaucoup à leur crédibilité dans cette affaire. Si des gamines de 6 ans et une vieille dame de 60 sont brutalisées et arrêtées à Awarta, nul besoin de beaucoup d'imagination pour deviner comment le Shin Bet a obtenu les aveux des deux jeunes gens.
Et avant que les masses survoltées de sionistes indignés aient fini de se tordre les mains, voilà que la famille de Hakim Awad a le mauvais goût de révéler que leur fils venait de subir une intervention chirurgicale aux testicules qui rend impossible qu'il ait parcouru, à pied, de longues distances, qu'il a besoin d'aller aux toilettes toutes les heures et que la nuit où les Fogel ont été tués, il était chez lui, en convalescence. Aïe.
Le sionisme perd vraiment de son éclat : ils ont décidé de s'attaquer à un gars qui peut à peine marcher et qui, selon leur scénario, aurait randonné dans une zone tampon, traversé une clôture électrifiée, forcé deux maisons, tué toute une famille puis serait revenu gaiement chez lui.
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Amjad Awad
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Hakim Awad
Source : Kabobfest
Traduction : MR pour ISM