Gaza - 15 avril 2011
Par Abdellah Haïfi
Abdellah Haïfi est enseignant en histoire.
Poursuite de la colonisation de peuplement, mur de séparation, cantonisation de la Palestine, agressions répétées, massacres, droit international toujours ridiculisé, judaïsation à outrance de Jérusalem et en Israël où, par différents moyens : modification des rues à connotation arabe, censure du mot « nakba », discrimination des arabes à toutes les échelles, on tente de fabriquer une mémoire historique où les repères mémoriaux nient les désastres palestiniens et soutiennent la narration juive des événements. Tout cela sur fond de carnage à Gaza encore vif dans les esprits et crimes récents israéliens dans cette région.
Mais d’ailleurs d’où vient cette étonnante volonté de lutte qui semble former l’identité palestinienne ? Un bref aperçu de l’Histoire de Gaza. A quoi renvoie la bande de Gaza dans l’imaginaire de chacun d’entre nous : une région rongée par la misère et la promiscuité, gagnée par le désespoir et la mort partout, où règne la terreur d’un pouvoir, soi-disant et faussement, « usurpé » par le Hamas.
Un imaginaire surtout alimenté par des images toujours enclines à évoquer Gaza en termes de violence, ville-région sans Histoire où les résistances ne sont la faveur que de certains groupuscules extrémistes.
Glorieuse Histoire
Pourtant, Gaza c’est une ville cinq fois millénaire. Gaza, depuis sa naissance, c’est une volonté de vivre époustouflante. De l’âge dit de « Bronze ancien » jusqu'à aujourd’hui, les Gazaouis ont offert à l’Histoire des peuples 5000 ans de résistance et d’acharnement à vivre.
Située dans une position stratégique entre les régions palestiniennes du nord et l’Égypte au sud, Gaza trouve ses origines à l’époque cananéenne. En effet, il y a 5500 ans environ, des Égyptiens ou Arabes cananéens s’installent dans les territoires cananéens à cinq kilomètres du sud-ouest de l’actuel Gaza, la ville se nommera Tell-as-sakan et forme aujourd’hui une partie de la périphérie de Gaza. Cette ville sera très vite prospère grâce à son environnement naturel généreux : sols fertiles, ressources en eau, blé, vignes, arbres fruitiers. Les égyptiens se retirent et fondent d’autres villes comme Tell al-‘ajjul, il est à noter que ce sont des tribus pastorales qui se déplacent souvent. Cependant, les Égyptiens se réinstallent durablement, dans la région, sous l’impulsion de la pharaonne Hatchepsout.
Un imaginaire surtout alimenté par des images toujours enclines à évoquer Gaza en termes de violence, ville-région sans Histoire où les résistances ne sont la faveur que de certains groupuscules extrémistes.
Glorieuse Histoire
Pourtant, Gaza c’est une ville cinq fois millénaire. Gaza, depuis sa naissance, c’est une volonté de vivre époustouflante. De l’âge dit de « Bronze ancien » jusqu'à aujourd’hui, les Gazaouis ont offert à l’Histoire des peuples 5000 ans de résistance et d’acharnement à vivre.
Située dans une position stratégique entre les régions palestiniennes du nord et l’Égypte au sud, Gaza trouve ses origines à l’époque cananéenne. En effet, il y a 5500 ans environ, des Égyptiens ou Arabes cananéens s’installent dans les territoires cananéens à cinq kilomètres du sud-ouest de l’actuel Gaza, la ville se nommera Tell-as-sakan et forme aujourd’hui une partie de la périphérie de Gaza. Cette ville sera très vite prospère grâce à son environnement naturel généreux : sols fertiles, ressources en eau, blé, vignes, arbres fruitiers. Les égyptiens se retirent et fondent d’autres villes comme Tell al-‘ajjul, il est à noter que ce sont des tribus pastorales qui se déplacent souvent. Cependant, les Égyptiens se réinstallent durablement, dans la région, sous l’impulsion de la pharaonne Hatchepsout.
Gaza apparait, en tant que tel, au XIVème avant J-C et va s’imposer comme le centre politique et administratif de la région égyptienne de Canaan. Elle commerce avec les régions égyptiennes les jarres, avec Chypre les bols à lait, elle échange différents produits avec le Liban, la Syrie, l’Anatolie centrale, et la Cappadoce. De nombreux prophètes, d’après de nombreuses sources religieuses, mêlent leur histoire avec Gaza et la Palestine comme Muhammad, Abraham…
Le terme de Palestine nait de l’occupation et du nom des « Philistins » ou, d’après certains, d’une région appelé « Baalist ». Cette occupation des Philistins du territoire de Gaza ira jusqu'à la domination du roi babylonien, Nabuchodonosor II. Gaza passera sous le giron perse et va devenir une cité caravanière riche qui frappe sa monnaie et commerce avec les Grecs. Les Gazaouis vont résister héroïquement face à Alexandre Le Grand en 332 avant J-C. La ville sera, pratiquement, toute rasée pour abattre cette résistance qui ne veut pas fléchir. La ville va renaître, notamment, sous l’impulsion romaine. Gaza accueillera d’ailleurs l’équivalent des Jeux olympiques et aura l’honneur de recevoir la visite de l’empereur Hadrien au IIème après J-C. Son prestige est alors fulgurant, Gaza fait figure de ville modèle. En 1967, des fouilles font apparaître la présence de statuettes datant du IVème siècle. La ville va devenir un centre de la culture grecque à l’époque byzantine avec la figure de l’historien byzantin Procope et voit son destin chrétien naître avec l’empereur Constantin et Théodose.
Le terme de Palestine nait de l’occupation et du nom des « Philistins » ou, d’après certains, d’une région appelé « Baalist ». Cette occupation des Philistins du territoire de Gaza ira jusqu'à la domination du roi babylonien, Nabuchodonosor II. Gaza passera sous le giron perse et va devenir une cité caravanière riche qui frappe sa monnaie et commerce avec les Grecs. Les Gazaouis vont résister héroïquement face à Alexandre Le Grand en 332 avant J-C. La ville sera, pratiquement, toute rasée pour abattre cette résistance qui ne veut pas fléchir. La ville va renaître, notamment, sous l’impulsion romaine. Gaza accueillera d’ailleurs l’équivalent des Jeux olympiques et aura l’honneur de recevoir la visite de l’empereur Hadrien au IIème après J-C. Son prestige est alors fulgurant, Gaza fait figure de ville modèle. En 1967, des fouilles font apparaître la présence de statuettes datant du IVème siècle. La ville va devenir un centre de la culture grecque à l’époque byzantine avec la figure de l’historien byzantin Procope et voit son destin chrétien naître avec l’empereur Constantin et Théodose.
La présence musulmane, qui ira sans discontinuer jusqu'à aujourd’hui, remonte environ au VIIème siècle. La ville prospère de manière importante sous les Omeyyades et les Abbassides ou mêmes les Fatimides. Ibn Hawqal, géographe réputé, décrit Gaza comme une ville prospère de première importance, une ville dominée par la mosquée de ‘Umar ibn el khattab, le 3ème calife de l’islam. As Shafi’i, maître de sa prestigieuse école de droit, laissera son empreinte à Gaza. La ville en 1099, sera intégrée au royaume des Croisés et deviendra une ville de garnison. Salah Eddine se battra pour Gaza la même année, la mosquée Ayyoubide An-nasr est construite en 1239 pour célébrer la victoire. Elle sera détruite par les Israéliens en novembre 2006. Une zawiyya ou « centre spirituel et religieux » est fondée en 1330 pour perpétuer les enseignements spirituels du célèbre Ahmed Al Badawi. Le « Khan » (Caravansérail) est édifié par l’émir Younis Al-Nawazuri en 1379 d’où l’appellation de Khan-Younis. Gaza se prétendait même la capitale de la région palestinienne à la fin du XVIIIème siècle.
Gaza, ville mère, ville cinq fois millénaire, attend les égards, l’humilité et la solidarité que lui doivent ces villes si jeunes que sont Rome, Paris, New-York entrées respectivement dans l’Histoire au 8ème siècle avant J.C, 1er siècle et 19ème siècle. Car Gaza a déjà tracée à ces capitales le chemin de la longévité d’une ville dans l’Histoire : la résistance de son peuple face à l’injustice et une insaisissable volonté de vivre… debout.
Ici des photos des pièces exposées au Musée archéologique de GazaLien