28/02/2011
Une délégation égyptienne, conduite par le général Mohammed Ibrahim, est attendue incessamment à Ramallah, capitale administrative de l’Autorité palestinienne.
Ce sera le premier contact de haut niveau entre les militaires au pouvoir au Caire et les responsables palestiniens de Cisjordanie. À l’ordre du jour de leurs discussions : préparer le terrain à une éventuelle réconciliation Fatah-Hamas, et envisager une relance du processus de paix israélo-palestinien.
Toutefois, à Ramallah, l’optimisme ne prédomine pas. Le président Mahmoud Abbas était très proche de Hosni Moubarak. Et la démission de ce dernier a été durement ressentie au sein de l’Autorité palestinienne.
Le général Ibrahim va surtout s’efforcer de dégager un terrain d’entente entre le gouvernement du Fatah de Ramallah et les islamistes de Gaza. Le Caire s’inquiète de l’influence croissante de l’Iran dans la bande de Gaza, et une réconciliation interpalestinienne pourrait mettre un frein au rôle grandissant de Téhéran en Méditerranée orientale.
L’arrivée dans un port syrien de deux navires de la marine de guerre iranienne, qui ont traversé au préalable le canal de Suez (une première en trente ans), illustre, dit-on ici, la volonté du régime de Téhéran d’apparaître dorénavant comme la puissance montante dans une région en proie aux révoltes et à la déstabilisation.
« L’Iran voudrait en faire un de ses bations »
L’Iran, affirment de leur côté les militaires israéliens, cherche à mettre à profit la situation chaotique qui prévaut toujours dans la péninsule égyptienne du Sinaï, pour mettre en place de nouvelles voies de contrebande d’armes vers la bande de Gaza. Il s’agirait d’y introduire en grande quantité de l’armement sophistiqué, notamment des missiles sol-sol et sol-air, ainsi que des instructeurs en grand nombre. « L’Iran voudrait faire de la bande de Gaza un de ses bastions en Méditerranée », assurent encore les militaires israéliens. Autre source d’inquiétude pour le gouvernement Netanyahou : la péninsule du Sinaï, qui a une frontière commune avec le désert israélien du Neguev, échappe au contrôle des autorités cairotes.
C’est dans ce contexte qu’il ne se passe pas de jour sans tirs de roquettes ou d’obus en direction d’Israël. « Cet engrenage de la violence peut déboucher à tout moment sur un affrontement majeur », écrivait la semaine dernière un quotidien israélien. En fait — la plupart des observateurs en sont persuadés — seul un accord Fatah-Hamas est susceptible de prévenir un nouveau conflit régional.
À Ramallah, le Premier ministre Salam Fayyad se dit capable de réconcilier les frères ennemis palestiniens, mais rares sont ceux qui le croient sur parole.