lundi 10 janvier 2011

Nouvelle provocation israélienne à Jérusalem-Est

10/01/2011
Les autorités israéliennes ont commencé à détruire hier matin toute une aile de l'ancien hôtel Shepherd dans le quartier palestinien de Cheikh Jarrah, situé dans la partie orientale de Jérusalem annexée après son occupation en 1967 pour construire sur le site des logements destinés à des colons juifs. Trois bulldozers ont démoli le bâtiment sous la protection de la police. Ce projet, approuvé en mars 2010 par la municipalité, est chapeauté par l'homme d'affaires juif américain Irving Moskowitz, qui finance des organisations ultranationalistes encourageant la colonisation juive de la partie orientale de Jérusalem.
L'indignation des Palestiniens est d'autant plus vive que cette opération, qui s'inscrit pour ses promoteurs dans une stratégie de « judaïsation » de Jérusalem-Est, touche un bâtiment chargé d'histoire. Il a appartenu en effet à la famille de l'ancien grand mufti de Jérusalem Amine al-Husseini et a servi de résidence à cette figure de proue de la grande révolte palestinienne de 1936 à 1939 contre les Britanniques et les sionistes, jusqu'à sa compromission durant la Seconde Guerre mondiale avec les nazis. L'hôtel, confisqué par les Britanniques après 1945, jusqu'à la fin de leur mandat en Palestine en 1948, a été saisi en 1967 par l'État d'Israël et revendu à l'homme d'affaires Moskowitz.
« En opérant de la sorte, Israël a ruiné tous les efforts américains », a estimé Nabil Abou Roudeina, le porte-parole du président de l'Autorité palestinienne Mahmoud Abbas. « Israël n'a aucun droit de construire, que ce soit à Jérusalem-Est ou dans tout autre lieu dans les territoires palestiniens occupés en 1967 », a ajouté M. Abou Roudeina en exhortant Washington à intervenir contre de telles actions. « L'État d'Israël démolit les propriétés palestiniennes les unes après les autres afin de nettoyer Jérusalem de son histoire, de son patrimoine et de ses habitants palestiniens », a protesté de son côté le négociateur en chef palestinien Saëb Erakat. « Tandis que Netanyahu poursuit sa campagne de relations publiques sur le processus de paix, sur le terrain il agit rapidement pour empêcher l'établissement d'un État souverain palestinien », a accusé M. Erakat. Le Hamas a dénoncé quant à lui « une tentative de judaïser la ville et d'isoler la Vieille Ville (de Jérusalem) des quartiers arabes voisins ».
Les négociations de paix, brièvement relancées en septembre à Washington après une suspension de 20 mois, sont à nouveau suspendues, les Palestiniens exigeant la prolongation d'un moratoire de la colonisation juive, à laquelle le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu s'est refusé. Le bureau de M. Netanyahu a annoncé samedi que le responsable israélien des négociations avec les Palestiniens, Yitzhak Molcho, se rendrait la semaine prochaine à Washington pour de nouveaux contacts. Mais les Palestiniens n'ont pas confirmé qu'ils accepteraient de le rencontrer. Compte tenu de cette impasse et d'une totale absence de perspective d'accord, même en cas de reprise des négociations, une résolution palestinienne condamnant la colonisation israélienne pourrait être mise au vote au Conseil de sécurité de l'ONU dès la semaine prochaine.
Sur le terrain, des ministres israéliens ont laissé planer la menace d'une nouvelle offensive contre la bande de Gaza si les tirs de roquettes à partir de ce territoire contre le sud d'Israël devaient se poursuivre. « Il n'est pas exclu de lancer une seconde opération Plomb durci », a averti Sylvan Shalom, le vice-Premier ministre cité par sa porte-parole, alors que les tensions s'accroissent depuis le mois dernier à la frontière entre Israël et le territoire palestinien. C'est dans ce contexte que le Hamas a déclaré avoir entamé des pourparlers avec d'autres factions palestiniennes présentes dans le territoire côtier pour obtenir qu'elles cessent de tirer des roquettes en direction du territoire israélien. « Le Hamas cherche à contrôler la situation sur le terrain et appelle les factions à bien respecter l'accord national », a déclaré un responsable du Hamas, Ayman Taha. Il faisait allusion à un accord que le Hamas dit avoir conclu avec les factions palestiniennes voici deux ans pour que cessent les tirs de roquettes et de mortier.