Marc Henry
Le premier ministre israélien fait appel au Shin Beth pour trouver parmi ses proches l’auteur de fuites portant sur des informations « sensibles ».
Passer au détecteur de mensonges, subir des interrogatoires serrés et voir son téléphone mis sur écoute comme un vulgaire « suspect », tel est le traitement de choc auquel ont eu droit les membres de la garde rapprochée de Benyamin Nétanyahou. Le premier ministre israélien voulait ainsi découvrir à tout prix l’auteur d’une fuite à la presse portant sur des informations « sensibles ».
Les limiers du Shin Beth, le service de sécurité intérieure chargé notamment du contre-espionnage, n’ont pas hésité à frapper fort et surtout très haut. Uzi Arad, le tout-puissant directeur de la Sécurité nationale, Nir Hefetz, le conseiller médiatique de Benyamin Nétanyahou, et Tzvi Hauser, le directeur général du bureau du premier ministre, ont été parmi les dix personnalités mises sur le gril. Cette traque n’a toutefois rien donné. Officiellement, le Shin Beth a reconnu dans un communiqué ne pas avoir réussi à repérer la « gorge profonde » responsable des indiscrétions.
Plusieurs hypothèses
Le mystère reste donc entier, d’autant que la censure a empêché de préciser la nature de la fuite. Plusieurs hypothèses ont toutefois été avancées par les médias. Selon la radio publique, Nétanyahou aurait été rendu furieux par l’annonce d’une visite qu’il voulait garder secrète à Moscou en septembre 2009 pour tenter de convaincre les Russes de ne pas vendre le dernier cri en matière de batteries de défense antiaérienne à l’Iran et à la Syrie. Israël Hayom, un quotidien gratuit très proche du pouvoir, estime en revanche que l’affaire portait sur la teneur d’un entretien téléphonique entre Nétanyahou et la chancelière allemande.
Cette enquête traduit le climat d’extrême tension, de jalousies régnant dans l’entourage de Nétanyahou. En l’espace de quelques mois, ces querelles intestines et les multiples coups bas ont provoqué trois démissions : Nir Hefetz a rendu son tablier la semaine dernière et auparavant deux conseillers en avaient fait autant. D’autres pourraient suivre. Pour couronner le tout, Sarah Nétanyahou, l’épouse du premier ministre, a été accusée le mois dernier de semer « la pagaille dans le bureau » de son mari. « Elle intervient sur tout, elle nous rend fous », ont confié des collaborateurs de Nétanyahou.
Commentaire de la radio de l’armée : « Il y a parfois de quoi s’inquiéter sur le sérieux de la gestion du pays lorsque l’on constate de telles chamailleries au plus haut niveau. »