Gilles Paris
Il y a bientôt neuf ans, un gouvernement israélien dirigé par la droite reprenait à son compte, en l’adaptant, une idée née à gauche : la construction d’une “clôture de sécurité” visant à se séparer, en pleine deuxième intifada, des Palestiniens. Ce nouveau “mur”, et d’autres, a inspiré un dossier publié par l’Institut français des relations internationales (IFRI, un think-tank) dans le numéro d’hiver de sa revue Politique étrangère.
Disons-le tout de suite, le jugement porté sur les nouvelles murailles par les contributeurs de l’IFRI est assez négatif. “Non seulement les murs ne sont pas aussi efficaces qu’on veut le faire croire, mais ils constituent des facteurs de déstabilisation encore plus importants sur le long terme. Le mur est, en effet, une réponse binaire à des problématiques complexes, à des crises profondes (…) [ils] isolent les crises mais ne les résolvent pas. Il ne sert donc à rien de se cacher derrière le mur…”, estiment Franck Neisse et Alexandra Novosseloff.
C’est à un antropologue bon connaisseur de la région, Cédric Parizot, qu’est revenue la tâche dresser le bilan de la “clôture” israélienne. Avec une série de constats : la baisse des attentats en Israël est moins liée à la construction du “mur” (en 2010, rappelle-t-il, seuls 61% de son tracé sont érigés, et le rythme de construction a ralenti) qu’au retour massif de l’armée dans les palestiniens territoires à partir de l’opération Homat Magen (rempart) de mars 2002, à la multiplication des check-points et au renseignement.
“Les Israéliens attribuent à cet édifice une continuité et une efficacité qu’il n’a pas”, écrit Cédric Parizot, s’appuyant sur l’analyse d’un officier de réserve israélien Yaakov Amidror. Muraille séparant les Israéliens de l’intérieur de ceux des colonies isolées, isolant les Palestiniens pris dans les “poches” créées par un tracé sinueux jusqu’à l’absurde, le mur “peine à imposer une vision uniforme des espaces et des frontières”. Une formule éculée veut que les bonnes frontières fassent les bons voisins, mais ce principe est inapplicable dans un contexte aussi complexe que l’ensemble territorial que composent Israël et la Cisjordanie.