Ma’an news
Après avoir réfuté les rapports annonçant la fermeture de Karni à la fin janvier, des responsables de la sécurité israélienne ont déclaré au Jerusalem Post que les militaires ont bien l’intention de fermer ce terminal.
Jeudi (13 janvier) quand des responsables de Gaza ont appris l’annonce de cette fermeture, le Lieutenant Nili Aharon, porte-parole israélienne de l’Administration de Coordination et de Liaison pour la bande de Gaza, a déclaré à Ma’an qu’elle n’était pas au courant de changements prévus dans l’organisation des points de passage. Une notification en bonne et due forme serait donnée si un changement de cet ordre devait se produire, a-t-elle dit.
La fermeture du point où passe la plus grande partie des biens, qui ouvre 2 fois par semaine -ou moins- pour laisser entrer du granulat pour la construction, du blé, du riz et de la nourriture animale, déplacerait vers Kerem Shalom, le point situé le plus au sud, toute la charge des produits qui entrent à Gaza.
Même si le point de passage de Karni ouvre deux fois par semaine, des responsables du Bureau des Nations unies pour la Coordination des Affaires humanitaires ont mis en garde contre une pénurie de blé, puisque l’usage des tapis roulants utilisés pour le blé a été ramené à un par semaine au lieu de deux. Le deuxième étant réservé à l’entrée du granulat, dans le cadre de l’allègement prévu en juin du blocus israélien de Gaza.
En décembre 2009, quand les responsables israéliens ont fermé le terminal carburant de Nahal Oz et déplacé les infrastructures pour le carburant à Kerem Shalom, le nouvel arrangement a réduit la capacité de faire entrer du carburant, causant des pénuries au début. Alors que le blé manque déjà à Gaza, les habitants s’inquiètent de l’effet qu’aura cette fermeture.
"Kerem Shalom est un goulot d’étranglement par lequel nous sommes forcés de faire passer l’assistance à plus d’un million de personnes," a déclaré à Ma’an Chris Gunness, porte-parole de l’ UNRWA à Jérusalem. "L’accord de 2005 sur les points de passage doit être mis en oeuvre," a-t-il poursuivi, "et il faut établir un calendrier cohérent et prévisible pour l’entrée et la sortie de produits par Karni."
Sans un protocole approprié pour les points de passage, il serait impossible, selon Gunness, de faire entrer les produits qui sont nécessaires à un redressement complet de Gaza.
D’après des hommes d’affaires, des économistes et des représentants du secteur privé que nous avons interrogés pour ce reportage, la fermeture de Karni ne ferait que renforcer le siège, restreindre davantage encore l’entrée de marchandises à Gaza et -c’est une quasi certitude- empêcher le développement d’un véritable marché à l’exportation.
En décembre, des responsables israéliens déclaraient que la nouvelle année verrait un nouvel assouplissement du blocus et que certains produits seraient autorisés à l’exportation, dont les meubles et d’autres biens. Mais aucun changement dans les permissions d’exporter n’est intervenu et les seuls biens qui quittent Gaza entrent dans le programme mis en place par le gouvernement hollandais pour aider les fermiers de Gaza. Depuis deux ans, des fraises et des oeillets provenant d’une dizaine de fermes sont exportées vers l’Europe.
Des industriels ont dit à Ma’an que les infrastructures de Kerem Shalom étaient déjà insuffisantes pour permettre l’entrée des produits nécessaires. Le point de passage, construit à l’origine pour l’entrée de produits humanitaires, devra prendre en charge toutes les importations pour le 1. 5 million d’ habitants de Gaza.
De plus, selon un industriel, s’il arrivait que les exportations soient autorisées, les entreprises devraient transporter les produits des zones industrielles du nord jusqu’à l’autre bout de l’enclave côtière, puis les ramener directement vers le nord afin de les expédier vers la Cisjordanie ou vers les marchés étrangers.
Le coordinateur du Comité pour les points de passage à Gaza a affirmé à Ma’an que les infrastructures à Kerem Shalom étaient si limitées que l’encombrement au terminal déborderait vers la ville voisine de Rafah et poserait des problèmes de circulation sur la route Salah Ad-Din qui relie le sud au nord.
"La qualité de la route ne permet pas qu’il y ait beaucoup de circulation," a-t-il dit.
En juin, des protestations internationales imposèrent à Israël d’alléger le siège de Gaza, avec une augmentation immédiate de la variété des produits autorisés à entrer à Gaza.
La décision d’autoriser le ketchup et les lacets de chaussure – des produits précédemment interdits – fit l’objet de critiques et il y eut des appels à laisser entrer des produits industriels et des fournitures pour les usines afin qu’elles puissent rouvrir et que le marché se développe.
L’entrée de certaines fournitures fut autorisée mais pour les observateurs ce n’est pas suffisant pour relancer l’industrie manufacturière. [1]
Les protestations qui exigeaient la levée du blocus survinrent après l’assassinat de 9 militants à bord d’un navire turc qui allait apporter des marchandises à Gaza, dans un effort pour briser le blocus.