entretien avec les leaders du Comité populaire de Ni'lin contre le mur d'annexion
Par ISM
Le 3 décembre 2010, trois dirigeants du Comité populaire de Ni'lin contre le mur de séparation (1) ont été libérés de détention militaire israélienne : Ibrahim Amireh, coordonnateur du Comité populaire, Hassam Mousa, porte-parole et Zaydoon Srour.
Israël les a, en toute illégalité, emprisonnés pendant 11 mois en représailles pour leurs rôles de leaders du mouvement non violent. Pendant leur emprisonnement, Saeed Amireh, 19 ans, fils d'Ibrahim, a pris la tête de la campagne de libération de son père (2).
ISM a interviewé les quatre activistes le 15 décembre.
Saeed Amireh
Je voudrais parler de la stratégie de l'occupation israélienne ici à Ni'lin. En 2004, Israël a commencé à construire le mur de séparation. A cette époque, il n'y avait pas de manifestations organisées et aucune organisation comme le Comité populaire que nous avons aujourd'hui. Nous allions juste sur le site, des milliers d'entre nous, pour empêcher la construction. Un des manifestants a perdu un œil par balle caoutchouc-acier.
Nous n'avons pas abandonné ; nous avons continué nos protestations contre le mur d'annexion parce qu'il n'est rien d'autre qu'un moyen de voler davantage de notre terre. Si nous restons silencieux, ils continueront de voler notre terre.
En 2008, la construction du mur a commencé et nous les avons surpris par un grand nombre de manifestations. Lors de notre manifestation du 27 mai 2008, les Israéliens ont inauguré une nouvelle stratégie : une très grande violence contre nous, avec un très grand nombre de soldats. Si nous étions 400 manifestants, il y avait 300 soldats. Nous avons manifesté tous les jours, nous arrivions à stopper la construction pendant disons 5 minutes, mais alors, ils nous attaquaient à coups de balles réelles, de gaz lacrymogènes, de grenades assourdissantes et de balles caoutchouc-acier. Ils ont été surpris que nous revenions chaque fois le lendemain, et en plus grand nombre !
Ibrahim et Saeed Amireh
Ils voulaient nous empêcher de manifester parce que les autres villages se sont regroupés et la lutte populaire non violente s'est développée. Nous avions avec nous des activistes internationaux, des Israéliens et les médias.
Hassan Mousa
Avant notre arrestation, il n'y avait que 4 ou 5 lieux de protestations organisées en Cisjordanie. Aujourd'hui, il y en a environ 50. Si vous réprimez le peuple, il se soulève. Israël a commis des crimes très brutaux contre notre peuple, mais notre réaction fut l'inverse de ce à quoi il s'attendait. Quand ils tirent sur notre peuple, le peuple sait qui est son ennemi. De plus en plus d'oppression crée de plus en plus de résistance.
Saeed Amireh
Notre organisation, le Comité populaire, représente les familles et les agriculteurs. Parce que nous avons pensé que les manifestations non violentes étaient la forme de protestation la plus efficace, tout le monde nous a suivi. Nous arrivions à bloquer les bulldozers pendant des heures, et ça contrariait l'armée israélienne.
Leur nouvelle stratégie contre nous fut le couvre-feu. A partir du 5 juillet 2008, personne ne pouvait quitter sa maison sans être menacé de recevoir une balle.
Au troisième jour du couvre-feu, les autres villages sont venus nous soutenir et briser le couvre-feu – nous sommes tous sortis des maisons ! L'armée a tiré, deux manifestants ont été blessés et l'un d'entre eux a passé six mois à l'hôpital, mais ils sont tous les deux vivants. Quand ils ont vu que les tirs ne marchaient pas, ils ont arrêté des gens pour avoir violé le couvre-feu. Quand ils ont vu que les arrestations ne marchaient pas, ils ont tiré et tué Ahmed Mousa, 10 ans, pendant la manifestation du 29 juillet 2008. [Ahmed était le neveu de Hassan Mousa]
Ahmed Mousa
Hassan Mousa
J'ai perdu mon neveu dix ans. Pour moi, ça a été terrible. Il était mon neveu préféré et il faisait partie de notre famille. Les soldats israéliens lui ont tiré une balle dans la tête et il est mort sur le coup. Je ne souhaite à personne – pas même aux Israéliens ni à personne au monde – de perdre un être cher à cause d'un conflit.
Saeed Amireh
Ils ont pensé que nous aurions peur, mais après les funérailles – le même jour ! – nous avons organisé une protestation contre ce qu'ils avaient fait à Ahmed et contre le mur d'apartheid.
Les soldats ont commencé les raids nocturnes contre notre village, et la maison de notre famille a été attaquée 25 fois. Mon père a été ciblé par qu'il avait été élu coordonnateur du Comité populaire. Ils l'ont arrêté et l'ont envoyé dans le sous-sol d'une prison militaire à Jérusalem, dans des conditions très dures. Ils l'ont frappé, insulté, et ont essayé de lui faire signer des déclarations contre ceux qui participaient aux manifestations.
Ils ont continué les raids nocturnes et ont arrêté 150 gars qui avaient participé aux manifestations, pour en réduire la taille. Ils ont été surpris de voir que les femmes continuaient à la place des hommes. Impossible de briser notre détermination !
J'ai été arrêté pendant un des horribles raids nocturnes. J'ai été incarcéré du 22 décembre 2008 à avril 2009. C'était pendant ma dernière année de collège et tout mon avenir dépendait de mes résultats. J'avais une moyenne de 94/100 à tous mes cours. Ils voulaient détruire mon avenir et punir mon père, qui voulait que ses enfants soient instruits.
Hassan Mousa
Avant mon arrestation, le village a été envahi par des dizaines de soldats, pendant un raid nocturne. J'ai parlé à un des commandants, quand il m'a demandé pourquoi nous protestions, je lui ai dit que le mur nous provoquait tellement de souffrances. Je lui ai dit : rendez-moi ma terre et j'arrêterai de protester.
Quand ils m'ont arrêté et m'ont jugé, j'ai été étonné d'entendre de quoi j'étais accusé. Ils m'ont accusé d'avoir jeté des pierres. J'ai dit, "comment une personne de 37 ans, professeur d'anglais, peut-elle jeter des pierres ? Je suis quelqu'un qui n'a jamais levé la main contre une autre personne. Si je jette quelque chose, ce sont mes paroles, en disant la vérité aux soldats."
Ils m'ont accusé d'avoir des contacts avec des étrangers. Si c'est illégal, alors cet entretien est illégal ! Je leur ai dit que ces étrangers étaient venus en Palestine en passant par leur aéroport israélien et qu'ils étaient venus ici pour travailler pour la paix et la liberté.
En troisième, ils m'ont accusé d'incitation. Je leur ai demandé de définir le mot et ils ont refusé. Si vous considérez que l'incitation, c'est d'aider les blessés, de s'occuper des prisonniers, d'aider ceux qui souffrent parce qu'ils ont perdu leur terre à cause du mur d'annexion -, alors, dites au monde entier que je suis coupable.
En dernier, ils m'ont accusé d'avoir participé à une manifestation interdite. Il y a là une belle ironie. Ils s'emparent de ma terre, et maintenant, ils veulent que je demande une autorisation pour exprimer mon désaccord. Je ne demanderai jamais la permission de protester sur ma propre terre. Je ne protestais pas dans une ville israélienne.
Ils m'ont envoyé en prison pendant un an et 9000 shekels d'amende. Mais tout le temps où nous étions en prison, les protestations n'ont jamais cessé.
Etre en prison est au-delà de toute description. Notre moral était au plus bas. Nous pensions tout le temps à nos familles, à nos enfants. Les autres prisonniers nous réconfortaient, avec des histoires et des blagues. Mais je leur ai dit que je ne voulais pas partager mes sentiments. Je veux oublier. C'est au-delà de toute description.
Il y a beaucoup d'injustices contre nous. Nous voulons la paix et la justice, mais Israël ne respecte pas ça. Le peuple palestinien n'a pas le droit d'expression, le droit de culte, le droit à circuler. Je pense que le peuple palestinien a le droit de résister de façon non violente.
Quand vous avez un objectif, vous devez avancer dans ce sens. Malgré le vol de notre terre, la répression, les raids nocturnes, nous ne chercherons jamais à nous venger ; nous voulons la justice. Je veux que la paix et la tranquillité l'emportent sur cette terre, pour mettre fin à la haine. Je continuerai à avancer vers ce rêve. Même si nous ne réussissons pas rapidement, même si je meurs, au moins j'aurais planté les racines.
Il reste beaucoup de défis et d'obstacles, mais j'espère que nous les surmonterons.
Saeed Amireh
Dans notre lutte non violente à Ni'lin, des centaines de personnes ont été blessés, des centaines ont été arrêtées et cinq ont été tuées par les soldats. Ils font ce qu'ils veulent, mais notre espoir, c'est d'abattre le mur, et nous espérons de tout cœur atteindre cet objectif.
Chronologie de la lutte à Ni'lin
2004: Début de la construction du mur d'annexion, puis interruption à cause des protestations non violentes. Le Cour suprême israélienne et la Cour internationale de Justice prennent parti pour les villageois de Ni'lin et jugent le mur "illégal".
2008: Reprise de la construction du mur. Lorsqu'il sera terminé, il volera près d'un tiers de la terre de Ni'lin. Le village crée le Comité populaire contre le mur de séparation. La répression augmente contre Ni'lin ; des centaines de personnes sont arrêtées lors de raids nocturnes et le permis de travail en Israël d'Ibrahim Amireh est révoqué.
28 mai 2008 : Début des manifestations non violentes, qui cherchent à bloquer la construction du mur.
5 juillet 2008 : L'armée israélienne impose un couvre-feu total à Ni'lin.
8 juillet 2008 : Trois jours après, les villageois des alentours rejoignent les habitants de Ni'lin dans une manifestation pour briser le couvre-feu. L'armée israélienne tire sur deux manifestants, qui survivent.
29 juillet 2008 : Ahmed Mousa (10 ans), neveu d'Hassan Mousa, est tué par balle pendant la manifestation non violente.
30 juillet 2008 : Yousef Amira (17 ans, photo ci-dessous) est tué par balle pendant la manifestation non violente.
22 décembre 2008 : Saeed Amireh est arrêté au cours d'un raid nocturne.
31 décembre 2008 : Arafat Rateb Khawaje (22 ans) et Mohammed Khawaje (20 ans) (photos ci-dessous) sont tués par balle pendant une manifestation.
13 mars 2009 : L'activiste ISM Tristan Anderson est grièvement blessé par une grenade lacrymogène à haute vélocité, qui le frappe à la tête.
2009 : Israël installe des checkpoints autour de Ni'lin pour tenter d'empêcher les activistes internationaux et israéliens de participer aux manifestations.
5 juin 2009 : L'armée israélienne tire sur les manifestants, blessant quatre personnes et tuant Yousef Akil Srour (photo ci-dessous)
Octobre 2009 : Les manifestants non violents abattent une partie du mur en béton. Les soldats israéliens le renforcent avec des poutres métalliques.
12 janvier 2010 : Ibrahim Amireh, Hassan Mousa et Zaydoon Srour – dirigeants du Comité populaire – sont arrêtés à leurs domiciles pendant un raid nocturne.
3 décembre 2010 : Après 11 mois de prison, ils sont libérés. 10 autres prisonniers politiques de Ni'lin sont toujours derrière les barreaux.
(1) Site "Ni'lin Village"
(2) Site "Support my father, peace & freedom activist Ibrahim Amireh"
Israël les a, en toute illégalité, emprisonnés pendant 11 mois en représailles pour leurs rôles de leaders du mouvement non violent. Pendant leur emprisonnement, Saeed Amireh, 19 ans, fils d'Ibrahim, a pris la tête de la campagne de libération de son père (2).
ISM a interviewé les quatre activistes le 15 décembre.
Saeed Amireh
Je voudrais parler de la stratégie de l'occupation israélienne ici à Ni'lin. En 2004, Israël a commencé à construire le mur de séparation. A cette époque, il n'y avait pas de manifestations organisées et aucune organisation comme le Comité populaire que nous avons aujourd'hui. Nous allions juste sur le site, des milliers d'entre nous, pour empêcher la construction. Un des manifestants a perdu un œil par balle caoutchouc-acier.
Nous n'avons pas abandonné ; nous avons continué nos protestations contre le mur d'annexion parce qu'il n'est rien d'autre qu'un moyen de voler davantage de notre terre. Si nous restons silencieux, ils continueront de voler notre terre.
En 2008, la construction du mur a commencé et nous les avons surpris par un grand nombre de manifestations. Lors de notre manifestation du 27 mai 2008, les Israéliens ont inauguré une nouvelle stratégie : une très grande violence contre nous, avec un très grand nombre de soldats. Si nous étions 400 manifestants, il y avait 300 soldats. Nous avons manifesté tous les jours, nous arrivions à stopper la construction pendant disons 5 minutes, mais alors, ils nous attaquaient à coups de balles réelles, de gaz lacrymogènes, de grenades assourdissantes et de balles caoutchouc-acier. Ils ont été surpris que nous revenions chaque fois le lendemain, et en plus grand nombre !
Ibrahim et Saeed Amireh
Ils voulaient nous empêcher de manifester parce que les autres villages se sont regroupés et la lutte populaire non violente s'est développée. Nous avions avec nous des activistes internationaux, des Israéliens et les médias.
Hassan Mousa
Avant notre arrestation, il n'y avait que 4 ou 5 lieux de protestations organisées en Cisjordanie. Aujourd'hui, il y en a environ 50. Si vous réprimez le peuple, il se soulève. Israël a commis des crimes très brutaux contre notre peuple, mais notre réaction fut l'inverse de ce à quoi il s'attendait. Quand ils tirent sur notre peuple, le peuple sait qui est son ennemi. De plus en plus d'oppression crée de plus en plus de résistance.
Saeed Amireh
Notre organisation, le Comité populaire, représente les familles et les agriculteurs. Parce que nous avons pensé que les manifestations non violentes étaient la forme de protestation la plus efficace, tout le monde nous a suivi. Nous arrivions à bloquer les bulldozers pendant des heures, et ça contrariait l'armée israélienne.
Leur nouvelle stratégie contre nous fut le couvre-feu. A partir du 5 juillet 2008, personne ne pouvait quitter sa maison sans être menacé de recevoir une balle.
Au troisième jour du couvre-feu, les autres villages sont venus nous soutenir et briser le couvre-feu – nous sommes tous sortis des maisons ! L'armée a tiré, deux manifestants ont été blessés et l'un d'entre eux a passé six mois à l'hôpital, mais ils sont tous les deux vivants. Quand ils ont vu que les tirs ne marchaient pas, ils ont arrêté des gens pour avoir violé le couvre-feu. Quand ils ont vu que les arrestations ne marchaient pas, ils ont tiré et tué Ahmed Mousa, 10 ans, pendant la manifestation du 29 juillet 2008. [Ahmed était le neveu de Hassan Mousa]
Ahmed Mousa
Hassan Mousa
J'ai perdu mon neveu dix ans. Pour moi, ça a été terrible. Il était mon neveu préféré et il faisait partie de notre famille. Les soldats israéliens lui ont tiré une balle dans la tête et il est mort sur le coup. Je ne souhaite à personne – pas même aux Israéliens ni à personne au monde – de perdre un être cher à cause d'un conflit.
Saeed Amireh
Ils ont pensé que nous aurions peur, mais après les funérailles – le même jour ! – nous avons organisé une protestation contre ce qu'ils avaient fait à Ahmed et contre le mur d'apartheid.
Les soldats ont commencé les raids nocturnes contre notre village, et la maison de notre famille a été attaquée 25 fois. Mon père a été ciblé par qu'il avait été élu coordonnateur du Comité populaire. Ils l'ont arrêté et l'ont envoyé dans le sous-sol d'une prison militaire à Jérusalem, dans des conditions très dures. Ils l'ont frappé, insulté, et ont essayé de lui faire signer des déclarations contre ceux qui participaient aux manifestations.
Ils ont continué les raids nocturnes et ont arrêté 150 gars qui avaient participé aux manifestations, pour en réduire la taille. Ils ont été surpris de voir que les femmes continuaient à la place des hommes. Impossible de briser notre détermination !
J'ai été arrêté pendant un des horribles raids nocturnes. J'ai été incarcéré du 22 décembre 2008 à avril 2009. C'était pendant ma dernière année de collège et tout mon avenir dépendait de mes résultats. J'avais une moyenne de 94/100 à tous mes cours. Ils voulaient détruire mon avenir et punir mon père, qui voulait que ses enfants soient instruits.
Hassan Mousa
Avant mon arrestation, le village a été envahi par des dizaines de soldats, pendant un raid nocturne. J'ai parlé à un des commandants, quand il m'a demandé pourquoi nous protestions, je lui ai dit que le mur nous provoquait tellement de souffrances. Je lui ai dit : rendez-moi ma terre et j'arrêterai de protester.
Quand ils m'ont arrêté et m'ont jugé, j'ai été étonné d'entendre de quoi j'étais accusé. Ils m'ont accusé d'avoir jeté des pierres. J'ai dit, "comment une personne de 37 ans, professeur d'anglais, peut-elle jeter des pierres ? Je suis quelqu'un qui n'a jamais levé la main contre une autre personne. Si je jette quelque chose, ce sont mes paroles, en disant la vérité aux soldats."
Ils m'ont accusé d'avoir des contacts avec des étrangers. Si c'est illégal, alors cet entretien est illégal ! Je leur ai dit que ces étrangers étaient venus en Palestine en passant par leur aéroport israélien et qu'ils étaient venus ici pour travailler pour la paix et la liberté.
En troisième, ils m'ont accusé d'incitation. Je leur ai demandé de définir le mot et ils ont refusé. Si vous considérez que l'incitation, c'est d'aider les blessés, de s'occuper des prisonniers, d'aider ceux qui souffrent parce qu'ils ont perdu leur terre à cause du mur d'annexion -, alors, dites au monde entier que je suis coupable.
En dernier, ils m'ont accusé d'avoir participé à une manifestation interdite. Il y a là une belle ironie. Ils s'emparent de ma terre, et maintenant, ils veulent que je demande une autorisation pour exprimer mon désaccord. Je ne demanderai jamais la permission de protester sur ma propre terre. Je ne protestais pas dans une ville israélienne.
Ils m'ont envoyé en prison pendant un an et 9000 shekels d'amende. Mais tout le temps où nous étions en prison, les protestations n'ont jamais cessé.
Etre en prison est au-delà de toute description. Notre moral était au plus bas. Nous pensions tout le temps à nos familles, à nos enfants. Les autres prisonniers nous réconfortaient, avec des histoires et des blagues. Mais je leur ai dit que je ne voulais pas partager mes sentiments. Je veux oublier. C'est au-delà de toute description.
Il y a beaucoup d'injustices contre nous. Nous voulons la paix et la justice, mais Israël ne respecte pas ça. Le peuple palestinien n'a pas le droit d'expression, le droit de culte, le droit à circuler. Je pense que le peuple palestinien a le droit de résister de façon non violente.
Quand vous avez un objectif, vous devez avancer dans ce sens. Malgré le vol de notre terre, la répression, les raids nocturnes, nous ne chercherons jamais à nous venger ; nous voulons la justice. Je veux que la paix et la tranquillité l'emportent sur cette terre, pour mettre fin à la haine. Je continuerai à avancer vers ce rêve. Même si nous ne réussissons pas rapidement, même si je meurs, au moins j'aurais planté les racines.
Il reste beaucoup de défis et d'obstacles, mais j'espère que nous les surmonterons.
Saeed Amireh
Dans notre lutte non violente à Ni'lin, des centaines de personnes ont été blessés, des centaines ont été arrêtées et cinq ont été tuées par les soldats. Ils font ce qu'ils veulent, mais notre espoir, c'est d'abattre le mur, et nous espérons de tout cœur atteindre cet objectif.
Chronologie de la lutte à Ni'lin
2004: Début de la construction du mur d'annexion, puis interruption à cause des protestations non violentes. Le Cour suprême israélienne et la Cour internationale de Justice prennent parti pour les villageois de Ni'lin et jugent le mur "illégal".
2008: Reprise de la construction du mur. Lorsqu'il sera terminé, il volera près d'un tiers de la terre de Ni'lin. Le village crée le Comité populaire contre le mur de séparation. La répression augmente contre Ni'lin ; des centaines de personnes sont arrêtées lors de raids nocturnes et le permis de travail en Israël d'Ibrahim Amireh est révoqué.
28 mai 2008 : Début des manifestations non violentes, qui cherchent à bloquer la construction du mur.
5 juillet 2008 : L'armée israélienne impose un couvre-feu total à Ni'lin.
8 juillet 2008 : Trois jours après, les villageois des alentours rejoignent les habitants de Ni'lin dans une manifestation pour briser le couvre-feu. L'armée israélienne tire sur deux manifestants, qui survivent.
29 juillet 2008 : Ahmed Mousa (10 ans), neveu d'Hassan Mousa, est tué par balle pendant la manifestation non violente.
30 juillet 2008 : Yousef Amira (17 ans, photo ci-dessous) est tué par balle pendant la manifestation non violente.
22 décembre 2008 : Saeed Amireh est arrêté au cours d'un raid nocturne.
31 décembre 2008 : Arafat Rateb Khawaje (22 ans) et Mohammed Khawaje (20 ans) (photos ci-dessous) sont tués par balle pendant une manifestation.
13 mars 2009 : L'activiste ISM Tristan Anderson est grièvement blessé par une grenade lacrymogène à haute vélocité, qui le frappe à la tête.
2009 : Israël installe des checkpoints autour de Ni'lin pour tenter d'empêcher les activistes internationaux et israéliens de participer aux manifestations.
5 juin 2009 : L'armée israélienne tire sur les manifestants, blessant quatre personnes et tuant Yousef Akil Srour (photo ci-dessous)
Octobre 2009 : Les manifestants non violents abattent une partie du mur en béton. Les soldats israéliens le renforcent avec des poutres métalliques.
12 janvier 2010 : Ibrahim Amireh, Hassan Mousa et Zaydoon Srour – dirigeants du Comité populaire – sont arrêtés à leurs domiciles pendant un raid nocturne.
3 décembre 2010 : Après 11 mois de prison, ils sont libérés. 10 autres prisonniers politiques de Ni'lin sont toujours derrière les barreaux.
(1) Site "Ni'lin Village"
(2) Site "Support my father, peace & freedom activist Ibrahim Amireh"
Traduction : MR pour ISM