Par Eva Bartlett
"Nous cultivons sur notre toit parce que nous sommes agriculteurs, mais nous n'avons plus de terre," dit Moatassan Hamad, 21 ans, de Beit Hanoun, au nord de la Bande de Gaza.
"Notre famille est nombreuse, et heureusement, ce que nous cultivons nous nourrit," dit-ils. "Nous faisons pousser une variété de légumes de base. Des choux et des aubergines l'hiver, et des endochriyya (une plante utilisée dans la soupe), des piments, de l'ail et des oignons l'été. Et d'autres plantes que nous pouvons vendre, comme des fleurs et des plants de palmier."
Moatassan et sa famille vivent dans une maison typique en ciment, dans l'entassement d'un camp de réfugiés. "Il n'y a pas d'espace dans les camps, pas d'arbres, pas de jardins publics," dit Hamad.
L'épanouissement de la verdure et la couleur de son jardin contraste avec le gris utilitaire de leurs maisons et de celles qui l'entourent. Dans de grands containers en plastique bleu, poussent des plants de dattiers, d'orangers et de palmiers, du persil, des cactus et des piments.
"Nos amis et nos invités aiment s'asseoir ici parce que la plupart d'entre eux n'ont rien de semblable," ajoute Hamad.
Hussein Shabat, directeur du Centre palestinien pour le développent de la jeunesse, conseille les familles sur les projets de jardins en terrasses, quelquefois avec l'aide de donateurs étrangers.
"Beit Hanoun est un endroit important pour de tels jardins. La ville est près de la frontière avec Israël, et la plus grande partie de la terre agricole a été systématiquement ravagée par l'armée israélienne," dit-il. Le Comité palestinien d'aide à l'agriculture (Palestinian Agricultural Relief Committee – PARC) rapporte que jusqu'à 75.000 dunams (7.500 hectares) de terres à fort rendement agricole ont été détruits par les bulldozers et les bombardements israéliens.
"A cause des Israéliens, beaucoup de fermiers n'ont pas accès à leurs terres," ajoute Shabat. L'imposition israélienne d'une "zone tampon" le long des frontières de Gaza engloutit au moins un tiers de la terre agricole de Gaza et les agriculteurs qui tentent de s'en approcher risquent la mort. Des terres qui produisaient auparavant du blé, de l'orge et une grande variété de fruits et de noix, et qui étaient le grenier de Gaza.
"Beaucoup de familles ont quitté leurs maisons et leurs terres dans ces zones frontalières parce qu'ils avaient peur des tirs et des bombardements constants des Israéliens," dit Shabat. Beit Hanoun est maintenant un paysage sans eau, sans arbre.
Sur la terrasse plate, carrée et cimentée d'une autre maison de Beit Hanoun, Ahet Shabat, 42 ans, s'occupe des plants et des légumes qui poussent dans des bacs et des jardinières installés au milieu des cordes à linge et des citernes à eau.
"Nous faisons pousser des plantes que nous utilisons toute l'année, comme l'ail et les oignons," dit-il. "Mais aussi des plantes saisonnières comme les épinards, le persil, les radis, les aubergines, le mais, le gombo et les piments."
"Nous avons aussi des fleurs et des plantes que nous mettons dans le thé, comme la menthe, le merrimea et le zaatar," ajoute-t-il. Ces deux dernières herbes, qui poussent à l'état sauvage dans les collines de Cisjordanie occupée, sont des éléments de base pour faire le thé palestinien et ont des utilisations médicinales.
La terrasse contribue au soutien de sa famille de six personnes, et c'est un ilot de tranquillité. "Ce jardin est principalement pour notre consommation familiale, et en même temps il nous fait économiser de l'argent," explique Ahed Shabat. "Ma famille aime venir s'asseoir ici, au milieu des plantes, parce que la plupart des plantations de Beit Hanoun ont été détruites."
Des projets de production vivrière domestique comme les jardins sur les terrasses, ainsi que l'élevage de lapins et de poulets, aident à combattre la grande pauvreté de 80% des Gazaouis qui dépendent de l'aide alimentaire. Ceux qui vivent entassés dans des camps de réfugiés ou des villes surpeuplées mais qui ont accès à une terrasse peuvent éviter la malnutrition et en même temps générer un petit revenu.
"J'aime élever des oiseaux," dit Abu Jehad, 17 ans, entouré d'environ 100 poulets et d'une vingtaine de pigeons sur sa terrasse au centre de Gaza. "Au début, j'ai appris à m'occuper des poulets en regardant faire un de mes amis qui travaillait dans une coopérative. Le seul endroit où je pouvais les mettre, c'était sur notre toit."
Le poulailler d'Abu Jehad consiste en un enclos de bric et de broc d'1m50 x 3, construit avec des morceaux de bois, de métal et de grillage qu'il ouvre tous les jours pour que les volailles courent et picorent sur toute la terrasse.
"J'ai commencé avec neufs poussins que mon ami m'a donnés, et j'en acheté dix autres avec de l'argent de poche que j'avais économisé. Ma famille m'a donné un peu d'argent pour m'aider, alors j'en ai acheté 30 autres."
L'entreprise n'est pas facile. "Ce printemps, il y a eu des vents froids le matin. Je n'avais que des matériaux de base pour une seule cage qui était très exposée. Quelques-uns des poussins sont morts à cause du vent et de l'exposition au plein soleil."
D'autres ont eu des maladies. "Les médicaments coûtent très cher, à cause du blocus, et j'avais déjà à lutter pour les nourrir. Mais j'ai acheté des médicaments parce que sinon, ils seraient tous morts."
Survivant à ces débuts délicats, ses volailles se sont multipliées et ont prospéré. "Aujourd'hui, j'ai environ 50 couples, et différents types de poulets," dit Abu Jehad.
Les œufs et la viande sont de meilleure qualité que celle des poulets élevés en batterie, dit-il, grâce à la nourriture naturelle qu'il leur donne. "Je ne les nourris pas avec des stéroïdes ou des produits chimiques, juste avec les épluchures de légumes, du pain sec et des graines, et je les laisse se promener sur le toit toute la journée."
Quelques ONG à Gaza aident de tels projets, mais Abu Jehad a pris l'initiative de démarrer le projet lui-même.
"J'ai dépensé beaucoup d'argent quand j'ai commencé avec les volailles, et pendant longtemps, je n'ai rien gagné. Quand j'ai eu davantage de poulets, et de différents types, j'ai commencé à gagner un peu d'argent. Quand ma famille n'a pas besoin d'argent, alors je me sers de l'argent des œufs pour acheter les graines pour les oiseaux."
Pour Abu Jehad, le projet est devenu un moyen relativement lucratif de contribution aux besoins de sa famille.
Toutes les photos sont d'Emad Badwan.
"Notre famille est nombreuse, et heureusement, ce que nous cultivons nous nourrit," dit-ils. "Nous faisons pousser une variété de légumes de base. Des choux et des aubergines l'hiver, et des endochriyya (une plante utilisée dans la soupe), des piments, de l'ail et des oignons l'été. Et d'autres plantes que nous pouvons vendre, comme des fleurs et des plants de palmier."
Moatassan et sa famille vivent dans une maison typique en ciment, dans l'entassement d'un camp de réfugiés. "Il n'y a pas d'espace dans les camps, pas d'arbres, pas de jardins publics," dit Hamad.
L'épanouissement de la verdure et la couleur de son jardin contraste avec le gris utilitaire de leurs maisons et de celles qui l'entourent. Dans de grands containers en plastique bleu, poussent des plants de dattiers, d'orangers et de palmiers, du persil, des cactus et des piments.
"Nos amis et nos invités aiment s'asseoir ici parce que la plupart d'entre eux n'ont rien de semblable," ajoute Hamad.
Hussein Shabat, directeur du Centre palestinien pour le développent de la jeunesse, conseille les familles sur les projets de jardins en terrasses, quelquefois avec l'aide de donateurs étrangers.
"Beit Hanoun est un endroit important pour de tels jardins. La ville est près de la frontière avec Israël, et la plus grande partie de la terre agricole a été systématiquement ravagée par l'armée israélienne," dit-il. Le Comité palestinien d'aide à l'agriculture (Palestinian Agricultural Relief Committee – PARC) rapporte que jusqu'à 75.000 dunams (7.500 hectares) de terres à fort rendement agricole ont été détruits par les bulldozers et les bombardements israéliens.
"A cause des Israéliens, beaucoup de fermiers n'ont pas accès à leurs terres," ajoute Shabat. L'imposition israélienne d'une "zone tampon" le long des frontières de Gaza engloutit au moins un tiers de la terre agricole de Gaza et les agriculteurs qui tentent de s'en approcher risquent la mort. Des terres qui produisaient auparavant du blé, de l'orge et une grande variété de fruits et de noix, et qui étaient le grenier de Gaza.
"Beaucoup de familles ont quitté leurs maisons et leurs terres dans ces zones frontalières parce qu'ils avaient peur des tirs et des bombardements constants des Israéliens," dit Shabat. Beit Hanoun est maintenant un paysage sans eau, sans arbre.
Sur la terrasse plate, carrée et cimentée d'une autre maison de Beit Hanoun, Ahet Shabat, 42 ans, s'occupe des plants et des légumes qui poussent dans des bacs et des jardinières installés au milieu des cordes à linge et des citernes à eau.
"Nous faisons pousser des plantes que nous utilisons toute l'année, comme l'ail et les oignons," dit-il. "Mais aussi des plantes saisonnières comme les épinards, le persil, les radis, les aubergines, le mais, le gombo et les piments."
"Nous avons aussi des fleurs et des plantes que nous mettons dans le thé, comme la menthe, le merrimea et le zaatar," ajoute-t-il. Ces deux dernières herbes, qui poussent à l'état sauvage dans les collines de Cisjordanie occupée, sont des éléments de base pour faire le thé palestinien et ont des utilisations médicinales.
La terrasse contribue au soutien de sa famille de six personnes, et c'est un ilot de tranquillité. "Ce jardin est principalement pour notre consommation familiale, et en même temps il nous fait économiser de l'argent," explique Ahed Shabat. "Ma famille aime venir s'asseoir ici, au milieu des plantes, parce que la plupart des plantations de Beit Hanoun ont été détruites."
Des projets de production vivrière domestique comme les jardins sur les terrasses, ainsi que l'élevage de lapins et de poulets, aident à combattre la grande pauvreté de 80% des Gazaouis qui dépendent de l'aide alimentaire. Ceux qui vivent entassés dans des camps de réfugiés ou des villes surpeuplées mais qui ont accès à une terrasse peuvent éviter la malnutrition et en même temps générer un petit revenu.
"J'aime élever des oiseaux," dit Abu Jehad, 17 ans, entouré d'environ 100 poulets et d'une vingtaine de pigeons sur sa terrasse au centre de Gaza. "Au début, j'ai appris à m'occuper des poulets en regardant faire un de mes amis qui travaillait dans une coopérative. Le seul endroit où je pouvais les mettre, c'était sur notre toit."
Le poulailler d'Abu Jehad consiste en un enclos de bric et de broc d'1m50 x 3, construit avec des morceaux de bois, de métal et de grillage qu'il ouvre tous les jours pour que les volailles courent et picorent sur toute la terrasse.
"J'ai commencé avec neufs poussins que mon ami m'a donnés, et j'en acheté dix autres avec de l'argent de poche que j'avais économisé. Ma famille m'a donné un peu d'argent pour m'aider, alors j'en ai acheté 30 autres."
L'entreprise n'est pas facile. "Ce printemps, il y a eu des vents froids le matin. Je n'avais que des matériaux de base pour une seule cage qui était très exposée. Quelques-uns des poussins sont morts à cause du vent et de l'exposition au plein soleil."
D'autres ont eu des maladies. "Les médicaments coûtent très cher, à cause du blocus, et j'avais déjà à lutter pour les nourrir. Mais j'ai acheté des médicaments parce que sinon, ils seraient tous morts."
Survivant à ces débuts délicats, ses volailles se sont multipliées et ont prospéré. "Aujourd'hui, j'ai environ 50 couples, et différents types de poulets," dit Abu Jehad.
Les œufs et la viande sont de meilleure qualité que celle des poulets élevés en batterie, dit-il, grâce à la nourriture naturelle qu'il leur donne. "Je ne les nourris pas avec des stéroïdes ou des produits chimiques, juste avec les épluchures de légumes, du pain sec et des graines, et je les laisse se promener sur le toit toute la journée."
Quelques ONG à Gaza aident de tels projets, mais Abu Jehad a pris l'initiative de démarrer le projet lui-même.
"J'ai dépensé beaucoup d'argent quand j'ai commencé avec les volailles, et pendant longtemps, je n'ai rien gagné. Quand j'ai eu davantage de poulets, et de différents types, j'ai commencé à gagner un peu d'argent. Quand ma famille n'a pas besoin d'argent, alors je me sers de l'argent des œufs pour acheter les graines pour les oiseaux."
Pour Abu Jehad, le projet est devenu un moyen relativement lucratif de contribution aux besoins de sa famille.
Toutes les photos sont d'Emad Badwan.
Traduction : MR pour ISM