Aisha Mohammed
Un groupe israélien de défense des droits de l’Homme affirme, dans un rapport rendu public mardi, que l’armée israélienne a failli à enquêter adéquatement sur des cas de civils palestiniens tués par des militaires israéliens.
Le rapport de l’organisme B’Tselem note que durant les quatre dernières années, des soldats israéliens ont tué 1510 Palestiniens, dont 617 civils, mais qu’aucun soldat n’a été accusé relativement à ces incidents. Ces données n’incluent pas les civils tués lors de l’offensive israélienne dans la bande de Gaza en 2008-2009.
Le rapport, qui fait écho à d’autres précédents rapports de l’organisme, touche à l’un des aspects les plus complexes et les plus litigieux du conflit israélo-palestinien.
B’Tselem définit les civils comme des personnes n’ayant pas participé aux violences et qui n’étaient pas membres de groupes militants au moment de leur mort.
Israël estime toutefois que la définition d’un civil n’est pas aussi tranchée puisque de nombreux Palestiniens impliqués dans les violences sont vêtus en civil ou mènent des attaques à partir de zones résidentielles, mettant les civils à risque. De nombreux Palestiniens sympathisent avec les militants armés, et des hommes armés ont déjà été aidés par des civils.
B’Tselem a demandé à l’armée israélienne d’enquêter sur 148 cas impliquant la mort de 288 civils palestiniens, mais peu de dossiers ont jusqu’à présent été ouverts et aucune accusation n’a été déposée à ce sujet, affirme le rapport. Quelque 230 de ces décès sont survenus dans la bande de Gaza, une zone densément peuplée qui a connu de lourds affrontements dans les dernières années, précise le rapport.
L’organisme a exclu les autres cas pour toute une série de raisons, dont le manque de témoins ou parce que les décès sont survenus lors d’importantes opérations militaires.
Lorsqu’une violente insurrection palestinienne a éclaté en 2000, le gouvernement israélien a classé les événements en tant que « conflit armé », définissant la plupart de ses activités, dont les patrouilles policières de routine, comme des activités militaires légitimes. L’armée a aussi automatiquement cessé d’enquêter sur les décès de civils, ne menant des enquêtes que dans les cas inhabituels, affirme B’Tselem.
La directrice de l’organisme, Jessica Montell, estime que la situation devait plutôt être considérée comme une occupation militaire. Sous cette classification, il est plus facile de mener des enquêtes parce que les soldats ne peuvent se prévaloir de l’immunité en considérant toutes leurs actions comme des activités militaires légitimes.
L’armée israélienne n’a pas répondu directement aux allégations voulant qu’elle n’ait pas engagé de poursuites adéquates dans les cas d’actes répréhensibles. Mais elle a affirmé avoir répondu directement à B’Tselem au sujet de certains incidents relevés dans le rapport.
Les autres allégations font toujours l’objet d’un examen, affirme l’armée.