Barak Ravid
Puisque les Palestiniens refusent de reconnaître Israël en tant qu’Etat juif, les négociations doivent traiter la question de la « loyauté » des Arabes israéliens, déclare le ministre des Affaires étrangères, s’attirant les accusations d’ apartheid et de nettoyage ethnique de la part des députés arabes à la Knesset.
Les personnalités politiques arabes ont répondu avec colère dimanche (19 septembre) à la déclaration du ministre des Affaires étrangères, Avigdor Lieberman, suggérant que les membres « déloyaux » de ce secteur de la société devaient prendre la citoyenneté palestinienne.
La reconnaissance d’Israël comme Etat uniquement juif est l’une des principales exigences du Premier ministre Netanyahou dans les récents pourparlers de paix qui ont commencé avec les Palestiniens au début du mois.
« Nous ne pouvons pas continuer à ignorer des questions comme celle de Hanin Zuabi, qui s’identifie complètement avec l’autre côté » a déclaré Lieberman, faisant allusion à la députée arabe israélienne qui a été privée de ses privilèges parlementaires parce qu’elle était à bord du convoi d’aide aux Palestiniens qui fut attaqué par Israël alors qu’il naviguait vers la bande de Gaza.
« C’est comme si quelqu’un vous vendait un appartement puis vous demandait que sa belle-mère puisse continuer à y vivre » a-t-il dit. « Tout Israélien qui est fier de sa citoyenneté doit pouvoir occuper n’importe quel poste, mais des gens comme Hanin Zuabi devraient, à mon avis, être des citoyens palestiniens élus à Gaza sous le Hamas ».
En réponse aux déclarations de Liebermann, Zuabi a affirmé : "Nous[les Arabes israéliens] représentons la seule option démocratique possible alors que Lieberman symbolise l’apartheid et le nettoyage ethnique." "Lieberman base ses prétentions sur une doctrine raciste tandis que la mienne est fondée sur le principe d’égalité des citoyens -mais nous sommes tous deux d’accord qu’il faut une discussion sur la question des Palestiniens en Israël et sur la manière dont on qualifie l’Etat dans toute négociation entre Israël et les Palestiniens," a-t-elle ajouté.
Le député Ahmed Tibi a fait délibérément référence au statut d’immigrant de l’ex URSS de Lieberman, disant "Nous n’appelons pas à l’expulsion de citoyens hors de l’Etat d’Israël, mais si nous le faisions, alors ceux qui sont arrivés ici au siècle dernier devraient être les premiers à partir".
"Il est très préoccupant que le Vice-premier ministre soit un colon, constamment occupé à des programmes liés à l’expulsion de citoyens ou à la privation collective de la citoyenneté," a-t-il dit.
"Nous étions ici avant l’immigrant fasciste qu’est Lieberman et nous y resterons toujours, même après lui".
Mohammed Barakeh, député arabe israélien, a affirmé que sa communauté voulait simplement "vivre dans la dignité et l’égalité dans nos foyers."
Lieberman, dont le parti ultra nationaliste Yisrael Beiteinu a fait campagne avec le slogan "pas de loyauté, pas de citoyenneté", a fait de l’allégeance nationale une composante centrale de son agenda politique, exigeant que tous les Israéliens fassent serment de loyauté à l’Etat.
Le ministre des Affaires étrangères a fait ces remarques quelques jours tout juste après que le président égyptien, Hosni Mubarak, eut rejeté comme "non nécessaire" l’exigence d’Israël d’être reconnu comme juif par les Palestiniens. "Je dis aux citoyens israéliens, juifs, musulmans et autres, que ça n’existe pas, un Etat où tous les citoyens sont juifs," a déclaré Mubarak. "En Egypte, nous avons des musulmans, des chrétiens et des juifs et ça ne pose pas de problèmes. Quand nous avons voulu établir un Etat musulman au Kosovo, le monde s’est élevé contre ça parce que qu’il ne voulait pas d’un etat musulman au centre de l’Europe."
Les Arabe israéliens forment environ un cinquième de la population du pays.