K. Habib - Le Quotidien d’Oran
L’enthousiasme ne s’affichait pas sur les visages des présents à la cérémonie d’ouverture des négociations directes entre Palestiniens et Israéliens, qui a eu lieu jeudi à la Maison-Blanche. Il était même visible que certains d’entre eux étaient là à leur corps défendant, n’ayant pu faire autrement sinon à manquer d’égards envers le président américain qui a voulu et œuvré à cette reprise.
Obama lui-même n’a pas été débordant d’optimisme dans son discours inaugural. Mahmoud Abbas et Benyamin Netanyahu, qui se sont exprimés après lui, n’en ont guère manifesté. Ils se sont limités chacun à faire état qu’ils sont animés de l’intention d’œuvrer à rendre possible un accord de paix entre leurs deux peuples. Sauf que bien rares sont ceux qui, présents à la cérémonie ou ailleurs, croient que les négociations entamées à Washington atteindront cet objectif. Le scepticisme ambiant se justifie au regard de l’écart pratiquement infranchissable qu’il y a entre les concessions et les renoncements que Palestiniens et Israéliens entendent obtenir les uns des autres dans ces négociations.
En tant que promoteur et parrain de la reprise du dialogue direct entre Palestiniens et Israéliens, Barak Obama a-t-il un « plan de paix » susceptible de convenir aux deux parties ? Il semblerait que oui, selon certains milieux pour qui le président américain a non seulement un projet de plan de paix, mais serait aussi déterminé à mettre dans la balance tout le poids des pressions que son pays est en mesure d’exercer sur les autorités tant palestiniennes qu’israéliennes pour le leur faire accepter.
Les Palestiniens, en butte à des exigences israéliennes dont l’acceptation déboucherait sur la création d’un semblant d’Etat national totalement inféodé à Israël, ont eux-mêmes demandé l’implication de la communauté internationale dans leurs négociations avec celui-ci. Celle des Etats-Unis ne les rassure pas, tant ils font preuve de partialité favorable aux desseins de l’Etat hébreu à l’égard du futur qui devrait être à bâtir entre les deux peuples.
De ce point de vue, Barak Obama ne peut être crédité d’une démarche plus équitable que celle de son prédécesseur. Certes, il n’a de cesse de proclamer qu’il est pour une solution acceptable pour les Palestiniens. Dans les faits, il se positionne néanmoins clairement en faveur de l’objectif final que poursuit l’Etat sioniste. Ses renoncements successifs aux demandes d’assouplissement dans son attitude qu’il a formulées au cabinet israélien en guise de gestes de bonne volonté pour l’instauration d’un climat propice à la reprise du dialogue, le prouvent.
Peut-être qu’Obama s’est fait à la conviction que le règlement du conflit israélo-palestinien est une affaire d’importance vitale pour les intérêts géostratégiques de l’Amérique au Proche-Orient et dans l’ensemble du monde musulman. Il n’est pas certain pour autant qu’il soit en capacité d’imposer à l’Etat d’Israël d’en tenir compte.
C’est pourquoi les Palestiniens ne doivent pas s’illusionner sur l’arbitrage de Washington qui leur serait demandé d’accepter quand interviendra le blocage annoncé des négociations en cours. Du pessimisme, c’est tout ce qu’inspirent les pourparlers directs de Washington. Tant les Palestiniens sont les seuls à qui il est demandé de réviser leurs positions et leurs exigences.