Julien Chehida
Les dirigeants israéliens et palestiniens vont se retrouver dès le 02 septembre à Washington pour relancer le processus de paix stoppé depuis 20 mois, sans conditions préalables. Plusieurs voix émettent des doutes quant à l’issue réelle de ces nouvelles négociations.
« Des discussions difficiles mais pas impossibles ! » Le premier ministre israélien, Benyamin Netanyahou, s’est montré ravi que les négociations sur un accord de paix israélo-palestiniens reprennent dès le 02 septembre sans conditions préalables. Pour les Palestiniens, la déception peut être grande. Leur président, Mahmoud Abbas, avait posé comme conditions à la négociation le gel définitif de la colonisation israélienne en Cisjordanie alors que le moratoire actuel doit prendre fin le 26 septembre prochain. Résultat ? Les négociations vont reprendre sans savoir si Israël continuera ou non sa colonisation. « C’est de mauvais augure pour la suite des événements », explique René Backmann, journaliste au Nouvel Observateur. « On ne sait jamais ce qu’ont en tête l’une ou l’autre partie ; concernant Netanyahou, il faut s’attendre à tout, au meilleur comme au pire ». Saëb Erakat, le principal médiateur palestinien pour le processus de paix a d’ores et déjà prévenu que « les Israéliens allaient devoir choisir entre la paix et la colonisation ».
Israël en porte-à-faux
Pour l’Etat hébreu, cette réunion arrive à point nommé alors que le gouvernement israélien se trouve isolé sur la scène internationale. Fin mai, plusieurs flottilles humanitaires turques avaient été prises d’assaut par l’armée israélienne. L’attaque avait fait 12 morts côté turc et quelques blessés du côté israélien. Pour Benyamin Netanyahou, l’assaut était « légitime » puisqu’il visait à « défendre les intérêts d’Israël ». La secrétaire d’Etat américaine, Hillary Clinton, avait alors haussé le ton en réclamant une enquête des Nations Unies sur cette tragédie. Trois mois plus tard, c’est cette même Hillary Clinton annonce une reprise des négociations directes entre israéliens et palestiniens dès le mois prochain. Une manière d’apaiser les tensions croissantes entre les gouvernements Obama et Netanyahou, selon le quotidien français, Le Monde.
Pour Benyamin Netanyahou, mettre un terme à la colonisation aurait été un risque trop grand pour sa coalition. Les partis ultra-conservateurs, Shas et surtout Beit Hanoun, dirigé par Avigdor Lieberman, le chef de la diplomatie, ont toujours clamé haut et fort pour le « droit du peuple israélien à la colonisation ». Autre problème pour le Premier ministre hébreu, Yesha, la principale organisation israélienne de colons, appelle à rompre le gel dès le 26 septembre au risque d’entraver le processus de paix. Netayahou doit donc choisir entre la paix avec le peuple palestinien et la tranquillité sur le plan intérieur. Pour René Backmann, il est impossible de savoir ce que décidera le Premier ministre avant son arrivée à Washington.
Un échec pour Mahmoud Abbas ?
Le chef du gouvernement israélien bénéficie d’un avantage indéniable face à un Mahmoud Abbas plus qu’affaibli au sein même de son gouvernement et de la population palestinienne. « Le peuple ne croit plus en lui. Les échecs d’Annapolis en 2007 et la gestion de la guerre de Gaza en 2008-2009 l’ont définitivement banni de la confiance des palestiniens », analyse René Backmann.
Pour le journal Haaretz, la principale inquiétude vient de l’apathie des peuples israéliens et palestiniens vis-à-vis du processus de paix. « Ils n’y croient plus depuis longtemps », analyse le quotidien. Or, comment faire la paix si ce n’est avec l’appui du peuple ? Dans la région, on s’inquiète aussi de l’issue de ces négociations. La Syrie a émis de vives inquiétudes quant à la signature d’un traité de paix « équitable ». « Rien n’indique quel les israéliens ne vont pas tenter de tirer au maximum leur avantage pour asseoir leur domination sur les palestiniens », a déclaré un responsable du gouvernement syrien. Sans réelles conditions à des négociations directes, l’issue des négociations reste encore incertaine. Pour certains analystes, cela ne pourrait être qu’un nouvel échec dans l’histoire des relations israélo-palestieniennes.
publié par iloubnan