Je vous livre les confidences d’un diplomate français en Israël, une semaine après l’assaut meurtrier contre la flottille humanitaire, qui a provoqué une crise avec la Turquie et isolé l'Etat hébreu :
« Les responsables israéliens n’ont pas l’air d’avoir compris que quelque chose avait changé. Ils campent sur leur refus d’une commission d’enquête internationale, mais en face, le monde affiche la même détermination. Et la pression monte sur Israël. La proposition de Ban ki-Moon (le secrétaire général de l’ONU, ndlr) est assez précise. Il a suggéré que cette commission comprenne un représentant israélien, un Américain, un Turc, et qu’elle soit présidée par un ancien Premier ministre néo-zélandais, spécialiste des affaires maritimes. Les Américains, après avoir mis la semaine dernière une forte pression sur les Turcs pour que l’ONU adopte une simple déclaration et non une résolution, tiennent aujourd’hui à une commission d’enquête. Comme l’a dit, il y a deux mois, le général David Petraeus, certains agissements israéliens mettent en danger les intérêts américains au Moyen-Orient. Les Israéliens n’ont pas compris que la période Bush était révolue. Ils ont pensé que l’administration américaine couvrirait encore une fois leurs agissements. Mais ce n’est plus Bush qui est à la Maison Blanche. Ils ont commis le faux pas de trop. Ils se sont dits : on a eu raison de l’opposition américaine sur le gel de la colonisation; on a eu raison de la colère de Joe Biden après sa visite à Jérusalem pendant laquelle Israël a annoncé de nouveaux logements dans les colonies, il n’y a donc pas de raison que cela change. Mais d’après ce que nous savons, ce n’est pas Benjamin Netanyahou qui a annulé la semaine dernière sa visite à Washington auprès d’Obama, c’est ce dernier qui lui a demandé de ne pas venir le voir. Barack Obama ne tenait pas à se montrer avec Bibi ».