Par Rania Massoud | 08/06/2010
Des enquêteurs de la commission Goldstone racontent les « horreurs » dont ils ont été témoins à Gaza.Invités par l'Institut Issam Fares de l'Université américaine de Beyrouth (AUB), des membres de la commission de l'ONU chargée d'enquêter sur le conflit à Gaza en 2009 ont affirmé hier que « les crimes israéliens contre le territoire palestinien se poursuivent », malgré la fin de l'opération « Plomb durci ». Hina Jilani et Desmond Travers, qui ont tous deux participé à la rédaction du rapport du juge sud-africain Richard Goldstone, ont par ailleurs accusé l'État hébreu de « viser délibérément les civils palestiniens dans la bande de Gaza ». Dans ce rapport, l'armée israélienne et les militants palestiniens sont accusés d'avoir commis des « crimes de guerre ». L'opération israélienne, qui a duré 22 jours entre décembre 2008 et janvier 2009, s'est soldée par la mort de plus de 1 450 Palestiniens et 13 Israéliens.
L'armée israélienne « a systématiquement ciblé les habitations, les infrastructures et les usines » dans la bande de Gaza, affirme Hina Jilani, une des défenseurs des droits de l'homme, originaire du Pakistan. « Ces destructions indiquent clairement l'intention de l'armée israélienne de priver les habitants de Gaza des premières nécessités dont ils ont besoin, comme l'eau et la nourriture », poursuit Mme Jilani qui a également participé à une mission d'enquête de l'ONU au Darfour, au Soudan. « Dans le cadre de mon travail, j'ai été appelée à visiter de nombreuses régions dévastées par les conflits, affirme-t-elle. D'ailleurs, je viens moi-même d'un pays qui a connu de nombreuses guerres. » « Mais, dit-elle encore, je crois que je n'ai jamais été aussi traumatisée que par les horreurs que j'ai vues et entendues à Gaza. » Elle évoque l'histoire d'une famille qui a perdu 29 de ses membres en une seule nuit. « L'armée israélienne leur avait demandé de se réfugier dans une maison, avant de la bombarder quelques minutes plus tard, raconte Mme Jilani. Ceux qui ont survécu au raid et qui ont tenté de s'évader ont été fusillés. Le reste a succombé aux blessures, étant donné que les soldats ont interdit l'accès aux secouristes pendant plus de huit jours. »
Pour sa part, Desmond Travers, ancien officier de l'armée irlandaise et expert international sur les enquêtes criminelles, a dénoncé l'usage illicite d'obus contenant du phosphore blanc, ainsi que d'autres armes non conventionnelles, contre la population palestinienne. En raison de cet usage, « les services médicaux de Gaza enregistrent plusieurs cas de maladies graves, dont la malformation fœtale », indique M. Travers. « Les terres frappées par les bombes et les missiles israéliens ont été infectées et représentent désormais un risque pour la santé des habitants », affirme-t-il encore. Des échantillons envoyés en Italie pour des analyses ont montré que la terre de la bande de Gaza contient des substances cancérigènes et toxiques en raison des armes utilisées par Israël. « Pour être bref, lance M. Travers, la situation à Gaza est tellement catastrophique que je ne laisserais certainement pas mes enfants vivre là-bas. (...) Je n'y enverrais même pas mon chien. »
« La crise de Gaza est doublement plus grave que celle du Darfour », assure de son côté Mme Jilani, qui dit espérer que les coupables soient jugés devant un tribunal international. Évoquant le précédent du président soudanais Omar el-Béchir, sous le coup depuis mars 2009 d'un mandat d'arrêt de la Cour pénale internationale (CPI) pour crimes de guerre et crimes contre l'humanité au Darfour, Mme Jilani a estimé que le système de justice internationale « peut et doit être appliqué », loin de la politique. Lors de la présentation de son rapport devant l'ONU, en septembre 2009, Richard Goldstone avait dénoncé la « culture de l'impunité » dans la région, tout en recommandant une saisine de la CPI si Israël et le Hamas ne procédaient pas à une « enquête crédible » sur le conflit de Gaza.
L'armée israélienne « a systématiquement ciblé les habitations, les infrastructures et les usines » dans la bande de Gaza, affirme Hina Jilani, une des défenseurs des droits de l'homme, originaire du Pakistan. « Ces destructions indiquent clairement l'intention de l'armée israélienne de priver les habitants de Gaza des premières nécessités dont ils ont besoin, comme l'eau et la nourriture », poursuit Mme Jilani qui a également participé à une mission d'enquête de l'ONU au Darfour, au Soudan. « Dans le cadre de mon travail, j'ai été appelée à visiter de nombreuses régions dévastées par les conflits, affirme-t-elle. D'ailleurs, je viens moi-même d'un pays qui a connu de nombreuses guerres. » « Mais, dit-elle encore, je crois que je n'ai jamais été aussi traumatisée que par les horreurs que j'ai vues et entendues à Gaza. » Elle évoque l'histoire d'une famille qui a perdu 29 de ses membres en une seule nuit. « L'armée israélienne leur avait demandé de se réfugier dans une maison, avant de la bombarder quelques minutes plus tard, raconte Mme Jilani. Ceux qui ont survécu au raid et qui ont tenté de s'évader ont été fusillés. Le reste a succombé aux blessures, étant donné que les soldats ont interdit l'accès aux secouristes pendant plus de huit jours. »
Pour sa part, Desmond Travers, ancien officier de l'armée irlandaise et expert international sur les enquêtes criminelles, a dénoncé l'usage illicite d'obus contenant du phosphore blanc, ainsi que d'autres armes non conventionnelles, contre la population palestinienne. En raison de cet usage, « les services médicaux de Gaza enregistrent plusieurs cas de maladies graves, dont la malformation fœtale », indique M. Travers. « Les terres frappées par les bombes et les missiles israéliens ont été infectées et représentent désormais un risque pour la santé des habitants », affirme-t-il encore. Des échantillons envoyés en Italie pour des analyses ont montré que la terre de la bande de Gaza contient des substances cancérigènes et toxiques en raison des armes utilisées par Israël. « Pour être bref, lance M. Travers, la situation à Gaza est tellement catastrophique que je ne laisserais certainement pas mes enfants vivre là-bas. (...) Je n'y enverrais même pas mon chien. »
« La crise de Gaza est doublement plus grave que celle du Darfour », assure de son côté Mme Jilani, qui dit espérer que les coupables soient jugés devant un tribunal international. Évoquant le précédent du président soudanais Omar el-Béchir, sous le coup depuis mars 2009 d'un mandat d'arrêt de la Cour pénale internationale (CPI) pour crimes de guerre et crimes contre l'humanité au Darfour, Mme Jilani a estimé que le système de justice internationale « peut et doit être appliqué », loin de la politique. Lors de la présentation de son rapport devant l'ONU, en septembre 2009, Richard Goldstone avait dénoncé la « culture de l'impunité » dans la région, tout en recommandant une saisine de la CPI si Israël et le Hamas ne procédaient pas à une « enquête crédible » sur le conflit de Gaza.