Par Paul Larudee
Paul Larudee est un bénévole défendant les droits de l'homme et fondateur des mouvements Free Gaza et Free Palestine. Il travaille comme technicien de pianos à El Cerrito, en Californie. Pour de plus d'informations, veuillez visiter le site Free Gaza Movement.
Paul Larudee, un citoyen américain ayant visité la Jordanie en 1965, s'était informé de près sur la cause palestinienne, et s'est engagé depuis à défendre le doit du peuple palestinien. Depuis, il a compris que quiconque s'oppose à Israël doit le payer cher. Toutefois, cet activiste, ne lâche pas prise. Travaillant au profit du Mouvement de la Solidarité Internationale (ISM) et du Mouvement Free Palestine, Larudee avait pris part à la flottille d'aide à Gaza le 31 Mai 2010. Dans une interview accordée à notre site anglais, Larudee a expliqué en détails ce qui s'est passé lors de son périple.
"Nous nous attendions à quelque chose et le commandant de bord a annoncé à 2 heures du matin que les Israéliens nous ordonnaient de nous éloigner et de ne pas nous diriger vers Gaza. Deux heures après, nous pouvions voir leurs petites embarcations se rassembler autour de nous, et les Israéliens sont montés ensuite à bord de la flottille".
"J'ai rejoint le groupe qui défendait la cabine du capitaine. Nous avons verrouillé la porte afin que les Israéliens ne puissent pas entrer, mais ils ont utilisé des pistolets électriques, des grenades assourdissantes et des matraques et ils ont brisé les vitres de la timonerie, puis ils nous ont menottés pendant un certain temps. J'ai parlé à mes amis grecs, et nous nous sommes mis d'accord pour que je saute à l'eau. Je me suis assuré que tout le monde pouvait me voir, parce que je voulais beaucoup de témoins, et quand les Israéliens se sont approchés de moi, j'ai sauté. Mon objectif était de retarder les Israéliens, de les perturber, et d'encourager les autres à bord du navire à résister".
Larudee était à bord du navire Sfendoni lorsque le raid a eu lieu. Les Israéliens avaient attaqué simultanément le Mavi Marmara, tuant neuf militants turcs. La vidéo postée sur Youtube montre les militants à bord de Mavi Marmara en train de résister fortement aux commandos de la marine israélienne qui ont apparemment tué au moins deux militants avant de monter à bord.
L'enregistrement montre également que les activistes résistaient aux soldats qui ont envahi le bateau alors qu'il se trouvait dans les eaux internationales et qu'ils brandissaient des drapeaux blancs au moment où les Israéliens ouvraient le feu en leur direction.
"Je n'ai pas exclu la possibilité que les Israéliens puissent dès le début recourir à ce niveau de force".
Larudee a été sauvagement battu à plusieurs reprises. Il ne s'est pas identifié en tant qu'Américain, mais il a confirmé que les Israéliens savaient qui il était.
Quand les navires ont été arraisonnés au port d'Ashdod, Larudee et d'autres ont refusé de signer les documents dans lesquels ils doivent reconnaitre avoir pénétré illégalement dans les "territoires israéliens".
"Je les ai forcés à me transporter partout. Je n'ai prononcé aucun mot. Ils étaient très rudes avec moi. Ils ont mis mon bras derrière mon dos et m'ont menotté. Il s'agissait essentiellement de torture.
J'ai crié, mais je leur ai dit aussi "vous pouvez me casser la jambe pour m’empêcher de marcher." Alors ils ont fini par me porter ici et là. Il y avait des caméras là-bas et j'ai deviné que la presse israélienne - qui a probablement été censurée par la suite - utiliserait les images. Ils semblaient nerveux de voir des caméras, alors ils m'ont fait passer rapidement. Ils ne voulaient pas me porter parce que ça a été douloureux et que je criais fort. Ils n'ont même pas essayé d'être un peu plus doux. C'était une mauvaise image pour eux, pour cette raison ils ont cherché une civière et on m'a transporté d'un endroit à un autre. Ils n'ont pas voulu transmettre cette image non plus, parce que je ressemblais à une personne grièvement blessée. Alors, ils m'ont rapidement mis dans une ambulance et m'ont emmené à l'hôpital."
À l'hôpital, Larudee a refusé le traitement et les radiographies. Il a vu le capitaine grec du Sfendoni, Theodorus Boukas, mais les Israéliens les ont empêchés de se parler et ont laissé leur captif américain sans pantalon pendant un certain temps.
"Ils ont déchiré mon pantalon sur le navire, ils ont refusé de me donner un autre à l'hôpital et ils m'ont dit : "tu auras un nouveau pantalon quand tu quitteras nos terres." Alors ils m'ont emmené au centre de traitement et ils m'ont mis dans un fauteuil roulant parce que je ne pouvais pas marcher. Encore une fois, je me suis plaint pour obtenir un pantalon mais ils ont refusé. Je me suis levé et j'ai crié afin d'en recevoir un. Alors, entre dix et douze soldats m'ont porté dans une chambre, cogné ma tête contre le sol, m'ont frappé dans les côtes, et tordu mon bras. Je criais à pleins poumons, et malgré ça, quand ils m'ont mis dans le fauteuil, j'ai crié fort : "Vous avez oublié quelque chose, vous avez oublié mon pantalon ! Vous pouvez me battre, vous pouvez tordre tous les membres de mon corps, vous pouvez me tirer une balle dans la tête mais je ne vais pas cesser d'insister pour avoir de pantalon." En fait, j'ai fait tout cela pour que les médias qui étaient présents là-bas me filment, mais ils ont été probablement censurés.
"Ils m'ont ensuite jeté dans un fourgon cellulaire et peu de temps après, ils ont emmené Theodorus Boukas et nous ont emmenés à la prison Givon. Toutefois, d'autres étrangers, et certainement tous les autres Américains et les Grecs ont été incarcérés dans des prisons différentes."
Larudee raconte que, le lendemain, toujours en prison, il insistait pour rencontrer un représentant de son ambassade, et lorsque le représentant est arrivé, le directeur de la prison a demandé de tous les activistes emprisonnés de porter des chemises.
"Il m'a dit : Tiens, j'ai une chemise pour vous. Alors j'ai dit : Non, je ne vais pas la porter, alors il a dit : Eh bien, ce sont les règlements et si vous ne la portez pas, vous ne pouvez pas voir le représentant. J'ai dit : Bon, allez lui dire qu’il est venu ici pour rien. Alors il a commencé à me dire que c’était une belle chemise et que c’était le règlement. Je lui ai dit : Ecoute, ne joue pas avec moi. Je comprends pourquoi vous voulez que je porte la chemise, parce que vous ne voulez pas que l'ambassadeur ou quelqu'un d'autre voient ce que vous m’avez fait, alors je vais comme ça ou vous pouvez dire au Conseiller Général que vous n'allez pas le laisser me voir. Il s’est mis très en colère mais il a dû me laisser voir le Conseiller général."
Larudee décrit aussi la cellule où les Israéliens l'avaient mis avec le capitaine :
"Ils m'ont placé avec le capitaine, dans une cellule très petite, sans fenêtre et sans lumière. Ils savaient que j'étais diabétique, je leur ai dit que ce n'était pas acceptable et que je voulais une chambre aérée et avec de la lumière, sinon je ne prendrais ni nourriture, ni eau, ni médicaments. En fait, ils ont vidé toutes les cellules autour de nous pour que nous ne puissions communiquer avec personne".
Les autorités de l'occupation israéliennes voulaient empêcher Larudee de quitter vers la Grèce, où une importante cérémonie d'honneur l'attendait.
Les soldats nous ont ensuite transportés à bord de l'avion sans nous informer à l'avance. Une fois arrivé à l'aéroport, j'ai rencontré un groupe de militants grecs en train de discuter. En fait, ils disaient à un avocat qu'il était préférable que je parte avec eux en Grèce car mon arrivée aurait un impact positif et servirait la cause.
Le Premier ministre a envoyé un avion militaire spécial pour transporter tous les Grecs. Les Israéliens toutefois n'ont pas accepté que je fasse partie du groupe grec ainsi que deux autres Français. Mais les Grecs ont insisté. Ils ont dit : nous ne partons pas sans Paul. Les Israéliens étaient face à un problème. En fin de compte, j'ai décidé de ne pas voir mon avocat. Je pense que les Israéliens voulaient que je parte vers Istanbul, là-bas personne ne s'apercevrait de moi parce qu'il y avait neuf turcs tués et tout le monde les attendait.
Mais si j'étais arrivé en Grèce, une grande fête aurait été organisée, et on aurait pris des photos de moi avec mes blessures. Ca aurait été une importante nouvelle et c'est pourquoi les Israéliens ne voulaient pas que j'aille en Grèce. Ils m'ont frappé encore deux fois à l'aéroport."
Après la Grèce, Larudee a pris l'avion pour les États-Unis où il a été surpris par les médias américains qui couvraient l'événement de la flottille parce que, dit-il, "il est très difficile de les pousser à réagir, mais en fait ils ont réagi. Je ne m'attendais pas à grand chose de la part de la télévision Fox News, mais je pense que la couverture en général était très utile. La sympathie pour les Palestiniens et l'attention prêtée à leur cause ont de plus en plus grandi. Les Américains n'ont pas cru aux allégations que les pacifistes de la flottille étaient des terroristes, des extrémistes, ou des militants. Ils étaient convaincus que les navires étaient des navires d'aide et que personne à bord n'était armé. Toute cette propagande a été lancée par certains médias, mais les Américains n'y ont pas cru".
Dans un article publié dans le Huffington Post, Larudee écrit son point de vue sous forme de protestation : "Ce n'est pas un choix sage pour les Américains d'être complices de crimes d'Israël à travers notre droit de veto à l'ONU ou notre aide massive à Israël alors que nous en avons plus besoin. Il est temps de dire la vérité sur Israël : un Etat voyou que nous devons cesser de dorloter".
Le militant américain a souligné que si Israël a échoué à obtenir ce qu'il voulait par la force et projetait de l'obtenir par plus de force, alors ce serait une "folie".
"La définition de la folie est de faire la même chose à plusieurs reprises en s'attendant à d'autres résultats, mais à chaque fois on obtient les mêmes résultats. Alors, eux, ils cherchent à utiliser la même force, ils ont essayé d'utiliser la force avec moi mais je leur ai dit que quand vous utilisez la même force, vous obtiendrez les mêmes résultats. C'est la seule chose qu'ils savent faire... Je préfère aller à Gaza. Pour eux, quoi qu'ils fassent ils ne pourront pas embellir leur image, même s'ils nous permettent d'aller à Gaza.
"Ils pensent que ce pauvre Israël est un petit pays qui tente de se défendre, telle est l'image que les Américains ont d'Israël aux Etats-Unis. Mais en réalité, Rachel Corrie, moi et d'autres sommes en colère parce que nous sommes déçus. Nous estimons qu'il est nécessaire que certaines choses ne doivent pas être faites en notre nom et que nous devons attirer l'attention du peuple américain qui a été dupé. Ils seront tous aussi en colère et participeront avec nous pour se débarrasser de ce problème".
Larudee dit qu'il soutient une enquête internationale sur le crime israélien commis dans les eaux internationales, ajoutant qu'un groupe d'avocats en "Israël, aux Etats-Unis et en Europe" travaille de concert pour porter plainte contre Israël. Il a également dit que le meilleur endroit pour déposer cette plainte est la Cour Pénale Internationale et que le pays qui doit y aller est la Turquie parce que le meurtre a eu lieu sur le navire turc, les martyrs sont turcs et la scène du crime est dans les eaux internationales".
Le militant américain a annoncé qu'il y a d'autres plans pour briser le siège de Gaza, certains sont en cours en préparation et d'autres ont déjà reçu l'approbation.
"Nous travaillons fortement pour briser le blocus par voie aérienne, et nous avons fait quelques études préliminaires sur la façon de le faire. Nous sommes en contact avec les autorités de Gaza, c'est un plan très précis."
"Je dévoile aussi un autre plan qui se fait en coordination avec les réfugiés palestiniens au Royaume-Uni et aux États-Unis. Près de 100 Palestiniens, détenteurs de passeports européens et américains, se réuniront pour partir ensemble à l'aéroport Ben Gourion le même jour dans plusieurs avions commerciaux."
"Peu nous importe si Israël le sait, en fait nous voulons que tout le monde connaisse notre projet. Nous ne dévoilons pas la date et, le plus important, le nom des participants. Ce qu'ils font actuellement, c'est qu'ils cherchent des copies sur leurs terres et leurs propriétés, ainsi que les photos de leurs familles qui y vivaient avant 1948. Ils insisteront pour aller à leurs domiciles. Chacun d'eux viendra d'une ville différente d'Europe et de l'Amérique du Nord. Et chacun d'entre eux sera suivi d'un comité de soutien. Ils accorderont des interviews à la presse avant de voyager. De cette façon, les interviews pourront être divulguées à la presse juste après leur arrivée.
Des Palestiniens les recevront ainsi qu'une équipe juridique et certainement les médias. Ils résisteront, ils seront presque certainement emprisonnés et les Israéliens les renverront à leur domicile le plus rapidement possible, mais ils vont résister et ils refuseront d'aller à l'avion."
"Nous nous attendions à quelque chose et le commandant de bord a annoncé à 2 heures du matin que les Israéliens nous ordonnaient de nous éloigner et de ne pas nous diriger vers Gaza. Deux heures après, nous pouvions voir leurs petites embarcations se rassembler autour de nous, et les Israéliens sont montés ensuite à bord de la flottille".
"J'ai rejoint le groupe qui défendait la cabine du capitaine. Nous avons verrouillé la porte afin que les Israéliens ne puissent pas entrer, mais ils ont utilisé des pistolets électriques, des grenades assourdissantes et des matraques et ils ont brisé les vitres de la timonerie, puis ils nous ont menottés pendant un certain temps. J'ai parlé à mes amis grecs, et nous nous sommes mis d'accord pour que je saute à l'eau. Je me suis assuré que tout le monde pouvait me voir, parce que je voulais beaucoup de témoins, et quand les Israéliens se sont approchés de moi, j'ai sauté. Mon objectif était de retarder les Israéliens, de les perturber, et d'encourager les autres à bord du navire à résister".
Larudee était à bord du navire Sfendoni lorsque le raid a eu lieu. Les Israéliens avaient attaqué simultanément le Mavi Marmara, tuant neuf militants turcs. La vidéo postée sur Youtube montre les militants à bord de Mavi Marmara en train de résister fortement aux commandos de la marine israélienne qui ont apparemment tué au moins deux militants avant de monter à bord.
L'enregistrement montre également que les activistes résistaient aux soldats qui ont envahi le bateau alors qu'il se trouvait dans les eaux internationales et qu'ils brandissaient des drapeaux blancs au moment où les Israéliens ouvraient le feu en leur direction.
"Je n'ai pas exclu la possibilité que les Israéliens puissent dès le début recourir à ce niveau de force".
Larudee a été sauvagement battu à plusieurs reprises. Il ne s'est pas identifié en tant qu'Américain, mais il a confirmé que les Israéliens savaient qui il était.
Quand les navires ont été arraisonnés au port d'Ashdod, Larudee et d'autres ont refusé de signer les documents dans lesquels ils doivent reconnaitre avoir pénétré illégalement dans les "territoires israéliens".
"Je les ai forcés à me transporter partout. Je n'ai prononcé aucun mot. Ils étaient très rudes avec moi. Ils ont mis mon bras derrière mon dos et m'ont menotté. Il s'agissait essentiellement de torture.
J'ai crié, mais je leur ai dit aussi "vous pouvez me casser la jambe pour m’empêcher de marcher." Alors ils ont fini par me porter ici et là. Il y avait des caméras là-bas et j'ai deviné que la presse israélienne - qui a probablement été censurée par la suite - utiliserait les images. Ils semblaient nerveux de voir des caméras, alors ils m'ont fait passer rapidement. Ils ne voulaient pas me porter parce que ça a été douloureux et que je criais fort. Ils n'ont même pas essayé d'être un peu plus doux. C'était une mauvaise image pour eux, pour cette raison ils ont cherché une civière et on m'a transporté d'un endroit à un autre. Ils n'ont pas voulu transmettre cette image non plus, parce que je ressemblais à une personne grièvement blessée. Alors, ils m'ont rapidement mis dans une ambulance et m'ont emmené à l'hôpital."
À l'hôpital, Larudee a refusé le traitement et les radiographies. Il a vu le capitaine grec du Sfendoni, Theodorus Boukas, mais les Israéliens les ont empêchés de se parler et ont laissé leur captif américain sans pantalon pendant un certain temps.
"Ils ont déchiré mon pantalon sur le navire, ils ont refusé de me donner un autre à l'hôpital et ils m'ont dit : "tu auras un nouveau pantalon quand tu quitteras nos terres." Alors ils m'ont emmené au centre de traitement et ils m'ont mis dans un fauteuil roulant parce que je ne pouvais pas marcher. Encore une fois, je me suis plaint pour obtenir un pantalon mais ils ont refusé. Je me suis levé et j'ai crié afin d'en recevoir un. Alors, entre dix et douze soldats m'ont porté dans une chambre, cogné ma tête contre le sol, m'ont frappé dans les côtes, et tordu mon bras. Je criais à pleins poumons, et malgré ça, quand ils m'ont mis dans le fauteuil, j'ai crié fort : "Vous avez oublié quelque chose, vous avez oublié mon pantalon ! Vous pouvez me battre, vous pouvez tordre tous les membres de mon corps, vous pouvez me tirer une balle dans la tête mais je ne vais pas cesser d'insister pour avoir de pantalon." En fait, j'ai fait tout cela pour que les médias qui étaient présents là-bas me filment, mais ils ont été probablement censurés.
"Ils m'ont ensuite jeté dans un fourgon cellulaire et peu de temps après, ils ont emmené Theodorus Boukas et nous ont emmenés à la prison Givon. Toutefois, d'autres étrangers, et certainement tous les autres Américains et les Grecs ont été incarcérés dans des prisons différentes."
Larudee raconte que, le lendemain, toujours en prison, il insistait pour rencontrer un représentant de son ambassade, et lorsque le représentant est arrivé, le directeur de la prison a demandé de tous les activistes emprisonnés de porter des chemises.
"Il m'a dit : Tiens, j'ai une chemise pour vous. Alors j'ai dit : Non, je ne vais pas la porter, alors il a dit : Eh bien, ce sont les règlements et si vous ne la portez pas, vous ne pouvez pas voir le représentant. J'ai dit : Bon, allez lui dire qu’il est venu ici pour rien. Alors il a commencé à me dire que c’était une belle chemise et que c’était le règlement. Je lui ai dit : Ecoute, ne joue pas avec moi. Je comprends pourquoi vous voulez que je porte la chemise, parce que vous ne voulez pas que l'ambassadeur ou quelqu'un d'autre voient ce que vous m’avez fait, alors je vais comme ça ou vous pouvez dire au Conseiller Général que vous n'allez pas le laisser me voir. Il s’est mis très en colère mais il a dû me laisser voir le Conseiller général."
Larudee décrit aussi la cellule où les Israéliens l'avaient mis avec le capitaine :
"Ils m'ont placé avec le capitaine, dans une cellule très petite, sans fenêtre et sans lumière. Ils savaient que j'étais diabétique, je leur ai dit que ce n'était pas acceptable et que je voulais une chambre aérée et avec de la lumière, sinon je ne prendrais ni nourriture, ni eau, ni médicaments. En fait, ils ont vidé toutes les cellules autour de nous pour que nous ne puissions communiquer avec personne".
Les autorités de l'occupation israéliennes voulaient empêcher Larudee de quitter vers la Grèce, où une importante cérémonie d'honneur l'attendait.
Les soldats nous ont ensuite transportés à bord de l'avion sans nous informer à l'avance. Une fois arrivé à l'aéroport, j'ai rencontré un groupe de militants grecs en train de discuter. En fait, ils disaient à un avocat qu'il était préférable que je parte avec eux en Grèce car mon arrivée aurait un impact positif et servirait la cause.
Le Premier ministre a envoyé un avion militaire spécial pour transporter tous les Grecs. Les Israéliens toutefois n'ont pas accepté que je fasse partie du groupe grec ainsi que deux autres Français. Mais les Grecs ont insisté. Ils ont dit : nous ne partons pas sans Paul. Les Israéliens étaient face à un problème. En fin de compte, j'ai décidé de ne pas voir mon avocat. Je pense que les Israéliens voulaient que je parte vers Istanbul, là-bas personne ne s'apercevrait de moi parce qu'il y avait neuf turcs tués et tout le monde les attendait.
Mais si j'étais arrivé en Grèce, une grande fête aurait été organisée, et on aurait pris des photos de moi avec mes blessures. Ca aurait été une importante nouvelle et c'est pourquoi les Israéliens ne voulaient pas que j'aille en Grèce. Ils m'ont frappé encore deux fois à l'aéroport."
Après la Grèce, Larudee a pris l'avion pour les États-Unis où il a été surpris par les médias américains qui couvraient l'événement de la flottille parce que, dit-il, "il est très difficile de les pousser à réagir, mais en fait ils ont réagi. Je ne m'attendais pas à grand chose de la part de la télévision Fox News, mais je pense que la couverture en général était très utile. La sympathie pour les Palestiniens et l'attention prêtée à leur cause ont de plus en plus grandi. Les Américains n'ont pas cru aux allégations que les pacifistes de la flottille étaient des terroristes, des extrémistes, ou des militants. Ils étaient convaincus que les navires étaient des navires d'aide et que personne à bord n'était armé. Toute cette propagande a été lancée par certains médias, mais les Américains n'y ont pas cru".
Dans un article publié dans le Huffington Post, Larudee écrit son point de vue sous forme de protestation : "Ce n'est pas un choix sage pour les Américains d'être complices de crimes d'Israël à travers notre droit de veto à l'ONU ou notre aide massive à Israël alors que nous en avons plus besoin. Il est temps de dire la vérité sur Israël : un Etat voyou que nous devons cesser de dorloter".
Le militant américain a souligné que si Israël a échoué à obtenir ce qu'il voulait par la force et projetait de l'obtenir par plus de force, alors ce serait une "folie".
"La définition de la folie est de faire la même chose à plusieurs reprises en s'attendant à d'autres résultats, mais à chaque fois on obtient les mêmes résultats. Alors, eux, ils cherchent à utiliser la même force, ils ont essayé d'utiliser la force avec moi mais je leur ai dit que quand vous utilisez la même force, vous obtiendrez les mêmes résultats. C'est la seule chose qu'ils savent faire... Je préfère aller à Gaza. Pour eux, quoi qu'ils fassent ils ne pourront pas embellir leur image, même s'ils nous permettent d'aller à Gaza.
"Ils pensent que ce pauvre Israël est un petit pays qui tente de se défendre, telle est l'image que les Américains ont d'Israël aux Etats-Unis. Mais en réalité, Rachel Corrie, moi et d'autres sommes en colère parce que nous sommes déçus. Nous estimons qu'il est nécessaire que certaines choses ne doivent pas être faites en notre nom et que nous devons attirer l'attention du peuple américain qui a été dupé. Ils seront tous aussi en colère et participeront avec nous pour se débarrasser de ce problème".
Larudee dit qu'il soutient une enquête internationale sur le crime israélien commis dans les eaux internationales, ajoutant qu'un groupe d'avocats en "Israël, aux Etats-Unis et en Europe" travaille de concert pour porter plainte contre Israël. Il a également dit que le meilleur endroit pour déposer cette plainte est la Cour Pénale Internationale et que le pays qui doit y aller est la Turquie parce que le meurtre a eu lieu sur le navire turc, les martyrs sont turcs et la scène du crime est dans les eaux internationales".
Le militant américain a annoncé qu'il y a d'autres plans pour briser le siège de Gaza, certains sont en cours en préparation et d'autres ont déjà reçu l'approbation.
"Nous travaillons fortement pour briser le blocus par voie aérienne, et nous avons fait quelques études préliminaires sur la façon de le faire. Nous sommes en contact avec les autorités de Gaza, c'est un plan très précis."
"Je dévoile aussi un autre plan qui se fait en coordination avec les réfugiés palestiniens au Royaume-Uni et aux États-Unis. Près de 100 Palestiniens, détenteurs de passeports européens et américains, se réuniront pour partir ensemble à l'aéroport Ben Gourion le même jour dans plusieurs avions commerciaux."
"Peu nous importe si Israël le sait, en fait nous voulons que tout le monde connaisse notre projet. Nous ne dévoilons pas la date et, le plus important, le nom des participants. Ce qu'ils font actuellement, c'est qu'ils cherchent des copies sur leurs terres et leurs propriétés, ainsi que les photos de leurs familles qui y vivaient avant 1948. Ils insisteront pour aller à leurs domiciles. Chacun d'eux viendra d'une ville différente d'Europe et de l'Amérique du Nord. Et chacun d'entre eux sera suivi d'un comité de soutien. Ils accorderont des interviews à la presse avant de voyager. De cette façon, les interviews pourront être divulguées à la presse juste après leur arrivée.
Des Palestiniens les recevront ainsi qu'une équipe juridique et certainement les médias. Ils résisteront, ils seront presque certainement emprisonnés et les Israéliens les renverront à leur domicile le plus rapidement possible, mais ils vont résister et ils refuseront d'aller à l'avion."