Amira Hass
Les autorités israéliennes ont expulsé jeudi trois citoyennes suédoises arrivées dans le pays un peu plus tôt le même jour dans une délégation de sept jeunes gens ayant des racines juives et palestiniennes.
Deux de ces trois femmes sont nées en Suède de parents palestiniens. La troisième est née en Syrie mais a immigré en Suède tout enfant et n’était jamais venue dans les Territoires palestiniens occupés ou en Israël auparavant.
Les trois femmes ont été mises dans un avion pour la Suède après huit heures d’interrogatoire à l’aéroport de Ben Gourion, par différents enquêteurs dont les identités et les positions n’ont jamais été éclaircies.
Les quatre autres membres de la délégation, de racine juive – dont deux ont la double nationalité, israélienne et suédoise –, ont été autorisés à entrer.
L’un d’eux, Tigren Feiler, a été prié de signer une déclaration par laquelle il s’engageait à ne pas pénétrer sur le territoire palestinien, et on lui a demandé de laisser une caution de 5 000 NIS (nouveau shekel israélien, 1 000 € environ) aux autorités de l’aéroport. A sa sortie du pays, l’argent sera versé sur le compte bancaire de sa grand-mère, qui vit dans le kibboutz Yad Hannah.
Sur le conseil de son avocat, Feiler a ajouté la mention « sous réserve » après son nom quand il a signé la déclaration. D’après l’avocat, le document qu’il a été contraint de signer n’a pas de légalité. La signature a eu lieu dans une pièce indiquée comme étant du ministère de l’Intérieur. Les trois femmes qui ont été expulsées en Suède ont également été conduites dans cette pièce pour y être interrogées.
Feiler a déclaré à Ha’aretz que lui et les trois femmes ont été mis dans une salle d’attente pendant environ huit heures, appelés par intermittence par les autorités pour quelques questions ou un interrogatoire. Il a été prié également de donner à ses interrogateurs le nom de son père et ceux de ses grands-parents.
Ses bagages ont été fouillés à fond, dit Feiler. Il indique aussi ne pas avoir demandé à ses enquêteurs de dire qui ils étaient.
Feiler et un autre membre du groupe, qui avait aidé à l’organisation du voyage, ont montré aux enquêteurs le programme complet qu’ils avaient prévu pour leur séjour. Feiler leur a indiqué que maintenant que ceux de leur groupe qui sont d’origine palestinienne n’étaient plus avec eux, une grande partie de leur programme allait devoir être annulée.
Le jeune homme, qui a 29 ans, raconte que les 25 fois où il est venu en Israël dans sa vie, jamais il n’a été soumis à un tel traitement.
Les sept membres de la délégation ont milité activement au cours des cinq dernières années dans un groupe d’éducation de coexistence pour juifs et palestiniens. L’activité du groupe a été lancée par le groupe suédois, "Juifs pour la paix israélo-palestinienne", et par l’Association palestinienne de Stockholm.
Selon Feiler, les membres du groupe d’éducation visitent les écoles, racontent leurs histoires personnelles pour essayer de montrer que « juifs et palestiniens ne sont pas nés pour être des ennemis ».
Bien qu’ils puissent avoir des opinions différentes sur les solutions proposées, dit-il, ils montrent que la manière d’avancer passe par le dialogue et des activités communes.
La délégation avait prévu pendant son séjour (le second du genre pour le groupe) de participer à des sessions éducatives avec des Israéliens et des Palestiniens. Le voyage a été financé par la Fondation Olof Palme de Stockholm.
D’après le groupe "Droit d’entrer" (RTE) de Ramallah – qui comprend des étrangers et des Palestiniens à passeports étrangers – le nombre de personnes qui se voient refuser l’entrée en Israël et qui ont des liens familiaux, salariaux et sociaux avec des Palestiniens a grandi au cours de l’année dernière. Le nombre exact n’est pas connu, et le ministère de l’Intérieur n’a toujours pas répondu à la demande de Ha’aretz sur ces statistiques.
publié par Haaretz
traduction : JPP pour l’AFPS