jeudi 31 décembre 2009 - 09h:16
Joharah Baker
Miftah
au quartier général des Nations unies à Gaza, le 28 décembre
Le 27 décembre 2008, les avions de guerre israéliens ont lâché une pluie de bombes sur la bande de Gaza, tuant plus de 200 personnes rien qu’au cours de la première journée. Cette journée a été suivie par une démonstration choquante de la puissance et de la brutalité de l’armée israélienne, qui a fait près de 1 500 morts côté palestinien, en grande majorité des civils innocents. Environ 5 000 autres Palestiniens ont été blessés. Selon l’ONG palestinienne Al-Haq, 11 154 maisons ont été détruites ou endommagées durant les vingt-deux jours qu’a duré l’attaque, touchant directement 100 000 Palestiniens. Des dizaines de milliers de personnes ont dû fuir leur domicile. Lorsque l’Etat hébreu a enfin arrêté les raids aériens, les tirs de missiles, les attaques au sol et les largages de bombes au phosphore, il a laissé derrière lui un champ de ruines.
Un an plus tard, les Gazaouis attendent toujours que justice leur soit rendue. Israël continue de maintenir un blocus implacable de la bande de Gaza, qui entre dans sa troisième année. Malgré les multiples appels en faveur de sa levée lancés par la communauté internationale, le plus récent émanant du secrétaire général de Nations unies Ban Ki-Moon, l’embargo reste total. Dans une déclaration faite le 27 décembre, Ban Ki-moon exhorte Israël à mettre fin au blocus de Gaza, “inacceptable et contre-productif”, à faciliter l’activité économique et la reconstruction civile, et à respecter totalement le droit international. Aussi pénalisant soit-il, le blocus n’est qu’une épreuve parmi toutes celles endurées par les Gazaouis, particulièrement après l’invasion de l’année dernière. Les plaies ouvertes par l’opération Plomb durci menée par l’armée israélienne ne sont pas encore pansées. Non seulement rien n’a été réparé, mais la situation continue d’empirer. Tout récemment encore, trois hommes ont été tués par balles près du passage d’Erez, entre Gaza et Israël. Les soldats israéliens se sont justifiés en accusant les victimes d’avoir tenté de franchir la frontière. Les Gazaouis, eux, soutiennent que les hommes ramassaient de la ferraille et n’étaient pas armés.
Des milliers de maisons ont été réduites en tas de ruines par les bombes et les bulldozers israéliens, et nombreux sont encore les habitants qui attendent d’être relogés décemment. Certains ont trouvé temporairement refuge chez des parents plus chanceux, tandis que d’autres doivent se contenter d’abris de fortune - des tentes ou des cabanes en pisé installées pour eux par des ONG, les Israéliens interdisant toujours l’importation de ciment et autres matériaux de construction. Le taux de chômage avoisine les 50 % et la malnutrition sévit parmi les enfants. Ainsi, même ceux qui ont un toit au-dessus de leur tête n’ont pas suffisamment de nourriture sur la table. Les délégations étrangères, officielles ou non, qui ont visité la bande de Gaza ont permis de lever un coin du voile sur les atrocités qui y ont été commises. Il en est de même pour les images d’horreur diffusées durant et après l’opération Plomb durci. Enfin, les Gazaouis ont trouvé un porte-parole international en la personne du juge Richard Goldstone, dont l’impartialité et la rigueur sont unanimement reconnues.
L’injustice des événements de l’hiver 2008 reste insupportable, non seulement à cause de la nature des crimes perpétrés mais aussi de l’indifférence des grandes puissances. Cette indifférence est en elle-même criminelle, car en conférant l’impunité aux Israéliens elle leur offre la latitude de commettre d’autres crimes à l’encontre des Palestiniens. Seule une poignée de consciences dans le monde semblent s’en soucier. Hormis les courageux convois qui arrivent à Gaza par mer ou en traversant le passage de Rafah [à la frontière avec l’Egypte], défiant les Israéliens pour apporter un peu d’aide aux habitants, peu a été fait pour lever la chape de plomb. Israël reste impuni pour ses violations de la morale et des droits de l’homme, pour la persécution qu’il fait subir au peuple palestinien. Des crimes commis depuis trop longtemps au nom fallacieux de la sécurité de l’Etat hébreu. Aujourd’hui, un an après le carnage commis à Gaza, il est temps de donner enfin la priorité à la population.
29 décembre 2009 - Courrier international