Cisjordanie - 12-01-2010 |
Le 10 janvier, les forces israéliennes ont démoli, pour la deuxième fois, 17 bâtiments de la communauté palestinienne de Khirbet Tana. Ceci n’est que le dernier chapitre de la longue lutte de cette petite communauté agricole pour garder ses terres. L’armée est arrivée le matin du 10 dans le village, avec un convoi de jeeps et de bulldozers, et a rasé 17 structures, qui comprenaient des maisons, des classes et des abris pour les animaux. Plusieurs oliviers ont aussi été détruits. Selon un communiqué de l’armée, les structures ont été démolies parce qu’elles étaient « illégales », et construites sur un terrain militaire, et donc « mettant en danger la vie des habitants ».
Khirbet Tana est installé autour de deux sources naturelles, à 7 km à l’est de Beit Furik, dans la région de Naplouse. 35 familles y vivent, certaines en permanence, et d’autres seulement au printemps et en automne à cause de l’isolement de la région et de son climat dur. Les habitants disent que l’existence du village remonte à plus de 3.500 ans.
Ce n’est pas la première fois que ces destructions par l’armée israélienne surviennent. En 2005, elle a démoli presque tout le village, ne laissant que la mosquée, construite il y a plus de 150 ans. Bien que la plupart des demeures aient été construites il y a au moins 150 ans, l’armée affirme qu’elles ont été bâties sans permis et qu’elle a donc le droit de les démolir. La région toute entière est en catégorie Zone C – sous contrôle israélien militaire et civil – selon les Accords d’Oslo de 1994.
Les habitants du village souffrent aussi des menaces constantes des colons de la colonie voisine de Mekhora, construite sur les terres palestiniennes de Khirbet Tana et de Beit Furik. Ce sont en fin de compte les colons qui bénéficient de la destruction de Khirbet Tana, puisque leurs projets agricoles continuent de s’étendre sur la terre du village. Les colons ont été vus en train de se baigner dans la source d’eau potable de Khirbet Tana, méthode habituelle employée par les colons pour polluer l’eau des villages palestiniens.
Il y a deux mois, les forces israéliennes ont confisqué 4 tracteurs aux fermiers de Khirbet Tana, demandant 3.100 shekels (650€) s’ils voulaient les récupérer. Les fermiers ont intenté un procès devant le tribunal de la colonie d’Ariel pour demander le retour de leurs tracteurs.
En dépit de ces conditions de vie terribles, les villageois ont immédiatement commencé à dégager les gravats et à reconstruire. Des manifestations à Beit Furik s’organisent.
http://www.ism-france.org/news/article.php?id=13249&type=temoignage&lesujet=D%E9molitions%20de%20maisons