08/01/2010
La tension est montée à la frontière entre l'Égypte et l'enclave contrôlée par le Hamas, où un policier égyptien a été tué et cinq Palestiniens ont été blessés.
Tandis que la construction d'une barrière anti-tunnels par l'Égypte suscite de vives tensions à la frontière avec la bande de Gaza, les contrebandiers palestiniens continuent leur trafic comme si de rien n'était. Le calme est revenu à Rafah, à la frontière entre l'Égypte et l'enclave palestinienne de Gaza, au lendemain d'un échange de tirs qui a tué un policier égyptien et blessé grièvement cinq manifestants palestiniens. Ces derniers protestaient contre l'édification d'un mur métallique souterrain du côté égyptien, censé empêcher la contrebande des marchandises via des centaines de tunnels creusés sous la frontière.
Pendant des décennies, les contrebandiers de Gaza sont parvenus à déjouer toutes les tentatives israéliennes de détruire leurs tunnels. Et que l'Égypte s'y mette à son tour, en érigeant une muraille d'acier sous terre, ne les impressionne pas. Ils observent l'avancée de travaux de l'autre côté, en Égypte, où des grues enfouissent des poutres et des plaques de métal dans le sable, à 20 ou 30 mètres de profondeur. Ceux qui vivent du trafic des tunnels doutent que l'Égypte réussisse là où les bombardements israéliens ont échoué. Ils sont persuadés que l'Égypte n'ira pas jusqu'au terme des travaux, ou que les Palestiniens prendront des contre-mesures efficaces, comme d'ouvrir au chalumeau des trous dans la barrière.
En fait, seuls quelques tunnels, sur les centaines qui courent sous la frontière, ont été bloqués dans les secteurs les plus sablonneux par le mur égyptien. Afin que la barrière soit efficace, il faudrait qu'elle s'étende sur les 12 kilomètres de démarcation entre l'Égypte et Gaza. Pour Abou Antar, propriétaire de tunnels, « la muraille est un coup médiatique car il est impossible que les Égyptiens l'établissent tout le long de la frontière ». Othman, un autre gérant de tunnel, confie que « l'obstacle a d'ores et déjà été surmonté », sans autre précision.
Un réseau étendu de tunnels - creusés parfois à plusieurs dizaines de mètres sous terre, ventilés et éclairés à l'électricité - a commencé à opérer du temps où l'armée israélienne occupait la bande de Gaza (1967-2005) et contrôlait la frontière avec l'Égypte. Depuis le retrait de l'armée en 2005, puis l'instauration d'un strict blocus israélien contre Gaza, ce réseau s'est considérablement développé au point de devenir une artère économique vitale pour ce territoire surpeuplé et déshérité où vivent 1,5 million de Palestiniens. Le Hamas, qui exerce le pouvoir à Gaza, contrôle et taxe le trafic des marchandises. Il fait venir armes et argent via ses propres tunnels secrets.
Par ailleurs, des avions israéliens ont lâché hier, selon des témoins, des milliers de tracts sur la bande de Gaza avertissant ses habitants de rester éloignés de la frontière, après des tirs d'obus de mortier en direction de l'État hébreu. « Quiconque s'approche plus près que ça se trouvera en danger », indique le tract, écrit en arabe. Hier matin, plus de cinq obus de mortier tirés depuis la bande de Gaza sont tombés près de Kerem Shalom, en Israël, ne causant ni dommages ni victimes, a indiqué un porte-parole de l'armée israélienne. Ces tirs ont entraîné la fermeture par Israël du point de passage de Kerem Shalom avec la bande de Gaza « jusqu'à nouvel ordre », indique le ministère de la Défense dans un communiqué.
Sur le plan humanitaire, un convoi international d'aide est entré mercredi soir dans la bande de Gaza après un long périple et des incidents avec la police égyptienne, a constaté un photographe de l'AFP. Le convoi est passé dans l'enclave palestinienne via la ville frontalière de Rafah, sous les applaudissements de milliers de personnes. Il est formé d'au moins 140 camions et voitures chargés de nourriture et de matériel médical en provenance d'Europe, de pays arabes et de Turquie, et dirigé par le député britannique George Galloway.
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