Ziad Medoukh
Mon objectif en écrivant cet article est de montrer l’importance de l’unité dans le travail des Palestiniens dans leur lutte pour la liberté et la paix et également dans le travail des solidaires internationaux dans leurs actions et les mobilisations pour soutenir la cause palestinienne.
Les échos de la marche internationale pour Gaza et les premiers bilans effectués par les différents groupes venus de 43 pays montrent l’importance de la coordination entre ces groupes afin d’atteindre l’objectif de cette marche qui est de briser le blocus imposé à la population civile dans la bande de Gaza.
Mon intention dans cet article n’est pas de critiquer qui que ce soit , tant au niveau des associations que des individus, mais de souligner l’impact négatif des divisions et du manque de coordination entre les organisateurs de la marche internationale de la liberté pour Gaza d’une part, et entre les différents comités palestiniens d’accueil de cette marche dans la bande de Gaza.
Je suis un simple citoyen palestinien de Gaza , universitaire engagé dans la lutte non violente contre l’occupation israélienne dans les territoires palestiniens, un habitant qui vit dans la bande de Gaza qui connaît le blocus , l’enfermement et l’isolement et qui a choisi de résister sur sa terre à travers son travail dans le domaine de l’éducation et surtout, qui apprécie au plus haut point la solidarité internationale avec notre cause juste , la cause palestinienne .
A travers mes contactes avec beaucoup d’associations et d’organisations notamment francophones, j’ai pu découvrir les différentes actions de solidarité menées en France , en Europe et partout dans le monde . J’ai déjà écrit beaucoup d’article sur le rôle irremplaçable de la solidarité internationale pour faire connaître la souffrance et la résistance des Palestiniens au monde extérieur et j’ai toujours insisté et insiste toujours, sur le fait que notre cause est une cause internationale.
J’ai eu l’occasion lors de mon dernier séjour en France de faire plus de 48 conférences , rencontres et débats publics en France et en Europe, invité par des organisations , des collectifs et d’associations de solidarité avec la Palestine et j’ai essayé de répondre à toutes les invitations sans faire la distinction entre ces différentes associations qui militent pour la paix et la justice dans notre région, même si elles pouvaient avoir des stratégies et méthodes divergentes .
Lors de mes différentes conférences, j’ai essayé d’être objectif en parlant de la situation actuelle en Palestine en général, et dans la bande de Gaza en particulier, en insistant sur le rôle de la société civile et des universités qui luttent contre toutes les mesures de l’occupation et aussi sur les conséquences préjudiciables de la division dans la société palestinienne .
La marche internationale de la liberté pour Gaza qui a réussi à regrouper plus de 1400 personnes de 43 pays a été une initiative extraordinaire, pas seulement pour essayer de briser le blocus inhumain imposé contre un million et demi de palestiniens de Gaza depuis plus de 3 ans, mais surtout, comme témoignage puissant d’une solidarité internationale déterminée à manifester son soutien à la population civile dans la prison à ciel ouvert de Gaza, et cela malgré les conditions très difficiles pour ces marcheurs .
Je pense à l’échec de leur tentative d’entrer à Gaza et à leur grande déception devant le refus égyptien de leur permettre d’arriver jusqu’à la frontière de la bande de Gaza . Pour nous les habitant de Gaza le geste était plus que symbolique Après le retour de ces solidaires dans leur pays et au vu des divers communiqués et rapports des différentes organisations sur le déroulement des péripéties rencontrées par les marcheurs bloqués au Caire, je persiste à penser , en conclusion de tout cela, que le seul véritable perdant de l’impossibilité de l’arrivée des solidaires internationaux à Gaza est l’habitant gazaouis.
Cet habitant qui attendait avec impatience la venue des marcheurs pour qu’ils comprennent leur réalité, qu’ils constatent sur place l’inhumanité de la vie quotidienne des Palestiniens de Gaza, mais aussi et surtout, qu’ils témoignent des leçons de courage , de résistance et d’espoir que donnent notre peuple . Et j’ajoute, que la division entre les différentes associations et organisations de la marche d’une part, et entre les différentes composantes de la société civile, des partis politiques et des syndicats de la bande de Gaza d’autre part, a été à mon avis plus grave que la déception de l’annulation de cette marche .
Personnellement, c’était le cas du département de français et de mon université , nous étions prêts à accueillir les marcheurs, nous réjouissons à l’avance qu’il y ait parmi eux plus de 400 français et francophones. Pendant la semaine du 27 décembre au 2 janvier, j’ai reçu beaucoup d’appels de différents groupes, collectifs et amis impliqués dans cette marche qui m’ont donné des nouvelles sur les différentes stratégies, actions et tentatives vaines de rentrer à Gaza . La division et la divergence entre les différents groupes français, et l’absence quasi-total de coordination, je dois le dire, m’ont consterné, et ont, je le pense, participé à affaiblir cette initiative de solidarité .
C’est pourquoi mon appel est simple et précis : un appel à l’unité et à la coordination ; le contraire est l’affaiblissement de notre cause. Assez de divisions, de récupérations, voire, de manipulations de la cause palestinienne et de la souffrance des Palestiniens pour des fins politiques et personnelles, que ce soit en en Palestine ou à l’extérieur, parfois, chacun semble œuvrer en priorité pour sa propre association, sa propre publicité, et en fonction de ses propres objectifs, sans réelle coordination avec les autres. la coordination, côté palestinien et côté international, est indispensable , et toutes les organisations doivent se sentir concernées par cette question. l’objectif, c’est le renforcement de la solidarité et du soutien et non son affaiblissement, au travers de plusieurs stratégies contradictoires qui s’opposent.
Tous les solidaires internationaux sont toujours les bienvenus à Gaza pour découvrir la réalité, la vie quotidienne et la souffrance de la population mais surtout le travail remarquable de la société civile, des universités et de toute la population, pour relever le défi que leur impose la situation et garder l’espoir d’un lendemain meilleur, un lendemain de paix et de liberté.
Après la marche, même non aboutie dans son objectif final, le moment est venu pour cordonner nos actions et nos initiatives nous les Palestiniens et vous les solidaires, pour réaliser notre objectif commun : la liberté pour les Palestiniens, la justice et la paix dans notre région.Et dans l’immédiat pour Gaza : la levée du blocus.
Tous ensemble pour que les portes de la prison s’ouvrent. Avec l’application de la justice internationale envers les crimes commis contre les Palestiniens de Gaza, un seul mot d’ordre, un seul objectif : Ouvrez les portes !
http://www.france-palestine.org/article13687.html