« … Contrairement à la ligne officielle de Washington, l’Amérique est capable d’empêcher Israël d’initier une guerre qui déstabiliserait encore plus le Moyen Orient… En fait, il existe un important précédent où Washington a réussi à empêcher Israël de lancer une opération militaire alors même qu’Israël avait été attaqué…»
jeudi 3 Décembre 2009
Quelques semaines seulement après le début de la diplomatie US-Iran, celle-ci semble s’orienter vers une fin prématurée. Le monde a été témoin d’un accroissement des tensions plutôt que d’une diminution. L’Iran refuse * (faux, voir précisions en bas d’article ndlt) d’accepter un échange de combustible comme le proposait l’accord de l’AIEA, l’AIEA a voté une résolution critiquant l’Iran, et Téhéran a répondu en approuvant un plan de construction de 10 centrales de plus.
Cette phase de la diplomatie potentiellement sur sa fin, les craintes d’une attaque désastreuse israélienne sur l’Iran se sont de nouveau accrues. Mais contrairement à la ligne officielle de Washington, l’Amérique est capable d’empêcher Israël d’initier une guerre qui déstabiliserait encore plus le Moyen Orient.
Selon l’adage traditionnel à Washington, les US ont peu d’influence sur Israël particulièrement sur la question du programme nucléaire iranien, car Israël insiste pour dire que c’est une menace existentielle.
Washington a utilisé le fait qu’Israël bénéficie d’une immunité contre les exigences internationales pour faire pression sur la Chine pour critiquer Téhéran. Selon le Washington Post, des responsables du Conseil National de Sécurité se sont récemment rendus à Beijing et ont utilisé la carte israélienne pour obtenir l’accord de la Chine.
« On a dit aux Chinois qu’Israël considérait le programme nucléaire iranien comme un « problème existentielle et que les pays qui avaient un problème existentiel n’écoutent pas les autres pays « , selon un haut responsable de l’administration. Le message était clair : Israël pourrait bombarder l’Iran ce qui mènerait à une crise dans la région du Golfe Persique et presque inévitablement des problèmes pour l’approvisionnement en pétrole dont a besoin la Chine pour alimenter son boom économique ».
On peut se demander si les Chinois ont été influencés sur ce problème par le fait qu’Israël ne pouvait pas être influencé par la communauté internationale. Connaissant la force des liens US Israël, difficile d’être convaincu que Washington ne peut pas influencer les actions d’Israël à l’égard de l’Iran.
En fait, il existe un important précédent où Washington a réussi à empêcher Israël de lancer une opération militaire alors même qu’Israël avait été attaqué.
Le 2 Août 1990, presque un an avant la chute du mur de Berlin et la fin de la division par le rideau de fer, l’Irak a envahi le Koweït. En quelques mois l’administration de H.W. Bush a rassemblé avec soin une coalition d’état sous l’égide de l’ONU et battu l’armée irakienne et restauré la famille au pouvoir, la Maison de Sabah. L’administration de Bush Senior, a fait en sorte que la coalition inclue de nombreux états arabes, y attachant une grande importance. Mais pour obtenir des Arabes qu’ils se joignent à une guerre au côté des US et contre une autre puissance arabe, il fallait maintenir Israël en dehors de la coalition.
Cela s’est avéré être un point délicat tout particulièrement quand Saddam Hussein a envoyé 34 missiles Scud sur Tel Aviv et d’autres villes israéliennes, dans une tentative évidente pour qu’Israël entre en guerre. Le Gl Brent Scowcroff, qui était à l’époque conseiller à la Sécurité Nationale, m’a dit que les Etats Unis avaient dit à Israël «avec les mots les plus durs possible» qu’ils devaient rester en dehors de l’opération contre l’Irak car toutes les représailles israéliennes provoqueraient l’effondrement de l’alliance de Washington contre l’Irak.
Pour le gouvernement du premier ministre Yitzak Shamir cela a été une décision dure à prendre. Les attaques avec des missiles de Saddam ont porté un coup au moral du public israélien ; la capitale habituellement vivante et bruyante est devenue une ville fantôme. Bush a envoyé le sous secrétaire d’état Lawrence Eagleburger, en Israël pour assurer les dirigeants israéliens que les US faisaient tout ce qu’ils pouvaient pour détruire les rampes de lancement de missiles irakiens. Une dette de sang s’est créée entre les US et Israël selon l’ancien chef du Mossad, Efraim Halevy. La protection d’Israël par Washington a été inefficace, et l’image d’Israël dépendant des US pour sa protection a été difficile à avaler par les israéliens ordinaires. « La décision de Shamir de répondre favorablement à la demande des US a été extrêmement impopulaire, car on pensait que cela provoquerait des dommages irréparables aux capacités de dissuasion d’Israël » m’a dit Halevy. Pour rendre les choses encore pire, les personnes entourant Shamir ont considéré que les US ne récompensaient pas Israël pour, selon leur point de vue, avoir permis à la coalition de rester intacte en refusant de mener des représailles contre l’Irak.
Une seule vague de représailles menée par Israël en 1991 contre l’Irak aurait été catastrophique pour les US et une attaque préventive d’Israël contre l’Iran actuellement provoquerait un désastre pour la Sécurité Nationale US.
En Juin 2008, l’amiral Mike Mullen, à la tête des chefs d’état major US, a mis en garde contre toute action militaire israélienne contre l’Iran, disant que le Moyen Orient deviendrait « plus instable » et que cela mettrait les forces armées US encore plus sous pression, précisant qu’une attaque israélienne contre l’Iran entraînerait inévitablement les US dans la guerre. « Selon la perspective US, en particulier celle militaire, ouvrir un troisième front actuellement serait extrêmement stressant pour nous, « a dit Mullen aux reporters.
Un an plus tard, le secrétaire à la défense, Robert Gates a adopté la position de Mullen, prévenant qu’une attaque militaire serait seulement une « solution temporaire ». «On parle beaucoup de détruire leurs capacités nucléaires, mais, de mon point de vue, ce serait seulement une solution temporaire» a dit Gates aux reporters en Septembre 2009.
Au-delà des conséquences sur la Sécurité Nationale US d’une attaque israélienne contre l’Iran, la première victime d’une guerre contre l’Iran serait le mouvement pro démocratie iranien. Ayant montré beaucoup de courage en défiant le gouvernement d’Ahmadinejad, la dernière chose dont les activistes pro démocratie ont besoin c’est que l’Iran soit impliqué dans une confrontation militaire avec Israël et les US. Leur combat pour la démocratie serait infiniment plus difficile à mener en plein milieu d’une guerre.
Si la diplomatie avec l’Iran échouait, et si Israël essayait d’attaquer l’Iran, l’Amérique aurait plein de raison d’empêcher un tel désastre d’avoir lieu. Et l’histoire montre que contrairement à ce que l’on affirme, Washington a la capacité d’empêcher Israël de lancer des actions qui mettraient en danger l’Amérique.
Trita Persi 29/11/09 The Huffington Post
*Trita Persi est exilé iranien ayant la double nationalité américaine et iranienne. Concernant cette fameuse proposition que les P5+1 avec la complicité de l’AIEA a voulu imposer à l’Iran, il convient de préciser, ce que n’a pas fait Mr Persi, que l’Iran n’a pas refusé cet échange mais les termes de celui-ci c'est-à-dire le transfert de son LEU à 3.5% à l’étranger sans garantie de recevoir le LEU à 20% et a proposé que cet échange se fasse simultanément en Iran en deux fois sous contrôle de l’AIEA ce qu’a refusé le P5+1.
En fait, c’était clair que le P5+1 voulait confisquer à l’Iran son LEU à 3.5%, un plan que l’Iran – méfiant à juste titre - vient de déjouer. L’Iran vient d’annoncer qu’il produirait lui –même le LEU à 20% nécessaire pour faire fonctionner son centre de production près de Téhéran d’isotopes à des fins médicales, le président Ahmadinejad ayant également annoncé la construction de 10 nouvelles centrales d’enrichissement sur le modèle de celle de Natanz. Certains experts affirment qu’il bluffe lui répond que non.
D'autre part l'Iran accuse l'AIEA de violer le secret qui doit entourer les visites de contrôle des installations nucléaires iraniennes en fournissant des informations à des pays que l'Iran considère comme des ennemis. (Ce que l'AIEA avait déjà fait avec les installations nucléaires irakiennes qu'Israël a pu ainsi détruire )
L’objectif dans la guerre psychologique que se livrent Israël – dont le président Shimon Peres vient de dévoiler un secret de polichinelle : Israël a des bombes atomiques - et l’Iran c’est pour ce dernier de dissuader Israël d’attaquer, les risques encourus par l’armée israélienne pour détruire la centrale de Natanz étant trop grands, l’Iran ayant déjà prévu une centrale de production de substitution d’uranium enrichi, celle de Fardoo, et d’autres, disséminant ainsi ces centrales un peu partout sur son territoire et donc rendant une attaque israélienne impossible, sauf de lancer une attaque nucléaire, mais les Israéliens seraient –ils assez fous pour cela ?
La réponse est Oui, complexe de Massada oblige.
Alors qui va arrêter Israël et non pas l’Iran qui ne constitue pas une menace existentielle pour le monde entier, contrairement à Israël ?
Traduction Mireille Delamare pour http://www.planetenonviolence.org/
Cette phase de la diplomatie potentiellement sur sa fin, les craintes d’une attaque désastreuse israélienne sur l’Iran se sont de nouveau accrues. Mais contrairement à la ligne officielle de Washington, l’Amérique est capable d’empêcher Israël d’initier une guerre qui déstabiliserait encore plus le Moyen Orient.
Selon l’adage traditionnel à Washington, les US ont peu d’influence sur Israël particulièrement sur la question du programme nucléaire iranien, car Israël insiste pour dire que c’est une menace existentielle.
Washington a utilisé le fait qu’Israël bénéficie d’une immunité contre les exigences internationales pour faire pression sur la Chine pour critiquer Téhéran. Selon le Washington Post, des responsables du Conseil National de Sécurité se sont récemment rendus à Beijing et ont utilisé la carte israélienne pour obtenir l’accord de la Chine.
« On a dit aux Chinois qu’Israël considérait le programme nucléaire iranien comme un « problème existentielle et que les pays qui avaient un problème existentiel n’écoutent pas les autres pays « , selon un haut responsable de l’administration. Le message était clair : Israël pourrait bombarder l’Iran ce qui mènerait à une crise dans la région du Golfe Persique et presque inévitablement des problèmes pour l’approvisionnement en pétrole dont a besoin la Chine pour alimenter son boom économique ».
On peut se demander si les Chinois ont été influencés sur ce problème par le fait qu’Israël ne pouvait pas être influencé par la communauté internationale. Connaissant la force des liens US Israël, difficile d’être convaincu que Washington ne peut pas influencer les actions d’Israël à l’égard de l’Iran.
En fait, il existe un important précédent où Washington a réussi à empêcher Israël de lancer une opération militaire alors même qu’Israël avait été attaqué.
Le 2 Août 1990, presque un an avant la chute du mur de Berlin et la fin de la division par le rideau de fer, l’Irak a envahi le Koweït. En quelques mois l’administration de H.W. Bush a rassemblé avec soin une coalition d’état sous l’égide de l’ONU et battu l’armée irakienne et restauré la famille au pouvoir, la Maison de Sabah. L’administration de Bush Senior, a fait en sorte que la coalition inclue de nombreux états arabes, y attachant une grande importance. Mais pour obtenir des Arabes qu’ils se joignent à une guerre au côté des US et contre une autre puissance arabe, il fallait maintenir Israël en dehors de la coalition.
Cela s’est avéré être un point délicat tout particulièrement quand Saddam Hussein a envoyé 34 missiles Scud sur Tel Aviv et d’autres villes israéliennes, dans une tentative évidente pour qu’Israël entre en guerre. Le Gl Brent Scowcroff, qui était à l’époque conseiller à la Sécurité Nationale, m’a dit que les Etats Unis avaient dit à Israël «avec les mots les plus durs possible» qu’ils devaient rester en dehors de l’opération contre l’Irak car toutes les représailles israéliennes provoqueraient l’effondrement de l’alliance de Washington contre l’Irak.
Pour le gouvernement du premier ministre Yitzak Shamir cela a été une décision dure à prendre. Les attaques avec des missiles de Saddam ont porté un coup au moral du public israélien ; la capitale habituellement vivante et bruyante est devenue une ville fantôme. Bush a envoyé le sous secrétaire d’état Lawrence Eagleburger, en Israël pour assurer les dirigeants israéliens que les US faisaient tout ce qu’ils pouvaient pour détruire les rampes de lancement de missiles irakiens. Une dette de sang s’est créée entre les US et Israël selon l’ancien chef du Mossad, Efraim Halevy. La protection d’Israël par Washington a été inefficace, et l’image d’Israël dépendant des US pour sa protection a été difficile à avaler par les israéliens ordinaires. « La décision de Shamir de répondre favorablement à la demande des US a été extrêmement impopulaire, car on pensait que cela provoquerait des dommages irréparables aux capacités de dissuasion d’Israël » m’a dit Halevy. Pour rendre les choses encore pire, les personnes entourant Shamir ont considéré que les US ne récompensaient pas Israël pour, selon leur point de vue, avoir permis à la coalition de rester intacte en refusant de mener des représailles contre l’Irak.
Une seule vague de représailles menée par Israël en 1991 contre l’Irak aurait été catastrophique pour les US et une attaque préventive d’Israël contre l’Iran actuellement provoquerait un désastre pour la Sécurité Nationale US.
En Juin 2008, l’amiral Mike Mullen, à la tête des chefs d’état major US, a mis en garde contre toute action militaire israélienne contre l’Iran, disant que le Moyen Orient deviendrait « plus instable » et que cela mettrait les forces armées US encore plus sous pression, précisant qu’une attaque israélienne contre l’Iran entraînerait inévitablement les US dans la guerre. « Selon la perspective US, en particulier celle militaire, ouvrir un troisième front actuellement serait extrêmement stressant pour nous, « a dit Mullen aux reporters.
Un an plus tard, le secrétaire à la défense, Robert Gates a adopté la position de Mullen, prévenant qu’une attaque militaire serait seulement une « solution temporaire ». «On parle beaucoup de détruire leurs capacités nucléaires, mais, de mon point de vue, ce serait seulement une solution temporaire» a dit Gates aux reporters en Septembre 2009.
Au-delà des conséquences sur la Sécurité Nationale US d’une attaque israélienne contre l’Iran, la première victime d’une guerre contre l’Iran serait le mouvement pro démocratie iranien. Ayant montré beaucoup de courage en défiant le gouvernement d’Ahmadinejad, la dernière chose dont les activistes pro démocratie ont besoin c’est que l’Iran soit impliqué dans une confrontation militaire avec Israël et les US. Leur combat pour la démocratie serait infiniment plus difficile à mener en plein milieu d’une guerre.
Si la diplomatie avec l’Iran échouait, et si Israël essayait d’attaquer l’Iran, l’Amérique aurait plein de raison d’empêcher un tel désastre d’avoir lieu. Et l’histoire montre que contrairement à ce que l’on affirme, Washington a la capacité d’empêcher Israël de lancer des actions qui mettraient en danger l’Amérique.
Trita Persi 29/11/09 The Huffington Post
*Trita Persi est exilé iranien ayant la double nationalité américaine et iranienne. Concernant cette fameuse proposition que les P5+1 avec la complicité de l’AIEA a voulu imposer à l’Iran, il convient de préciser, ce que n’a pas fait Mr Persi, que l’Iran n’a pas refusé cet échange mais les termes de celui-ci c'est-à-dire le transfert de son LEU à 3.5% à l’étranger sans garantie de recevoir le LEU à 20% et a proposé que cet échange se fasse simultanément en Iran en deux fois sous contrôle de l’AIEA ce qu’a refusé le P5+1.
En fait, c’était clair que le P5+1 voulait confisquer à l’Iran son LEU à 3.5%, un plan que l’Iran – méfiant à juste titre - vient de déjouer. L’Iran vient d’annoncer qu’il produirait lui –même le LEU à 20% nécessaire pour faire fonctionner son centre de production près de Téhéran d’isotopes à des fins médicales, le président Ahmadinejad ayant également annoncé la construction de 10 nouvelles centrales d’enrichissement sur le modèle de celle de Natanz. Certains experts affirment qu’il bluffe lui répond que non.
D'autre part l'Iran accuse l'AIEA de violer le secret qui doit entourer les visites de contrôle des installations nucléaires iraniennes en fournissant des informations à des pays que l'Iran considère comme des ennemis. (Ce que l'AIEA avait déjà fait avec les installations nucléaires irakiennes qu'Israël a pu ainsi détruire )
L’objectif dans la guerre psychologique que se livrent Israël – dont le président Shimon Peres vient de dévoiler un secret de polichinelle : Israël a des bombes atomiques - et l’Iran c’est pour ce dernier de dissuader Israël d’attaquer, les risques encourus par l’armée israélienne pour détruire la centrale de Natanz étant trop grands, l’Iran ayant déjà prévu une centrale de production de substitution d’uranium enrichi, celle de Fardoo, et d’autres, disséminant ainsi ces centrales un peu partout sur son territoire et donc rendant une attaque israélienne impossible, sauf de lancer une attaque nucléaire, mais les Israéliens seraient –ils assez fous pour cela ?
La réponse est Oui, complexe de Massada oblige.
Alors qui va arrêter Israël et non pas l’Iran qui ne constitue pas une menace existentielle pour le monde entier, contrairement à Israël ?
Traduction Mireille Delamare pour http://www.planetenonviolence.org/