Abir Taleb
Les Palestiniens sont-ils aujourd’hui pris au piège de la politique israélienne ? Tout porte à croire que oui. Sans donner la moindre concession, les Israéliens ont, en effet, renvoyé la balle dans le camp palestinien. Pire encore, Tel-Aviv fait désormais porter à l’Autorité la responsabilité du blocage du processus de paix. Dimanche dernier (29 novembre), le premier ministre israélien, Benyamin Netanyahu, a mis en doute la volonté du président Mahmoud Abbass de parvenir à un accord de paix au Proche-Orient. Netanyahu estime que la reprise du dialogue est possible maintenant parce qu’Israël a imposé un gel temporaire des activités de colonisation dans les territoires occupés. Et le premier ministre israélien semble avoir gagné son coup puisqu’il a désormais le soutien américain. Un jeu dangereux auquel les Palestiniens n’étaient pas préparés.
En effet, la semaine dernière, le cabinet israélien chargé de questions de sécurité avait annoncé un moratoire de 10 mois sur certaines activités de colonisation en Cisjordanie. Cette annonce a été saluée par les Etats-Unis, mais elle ne satisfait pas les demandes palestiniennes, Abbass ayant réitiré son exigence d’un arrêt complet des constructions.
En visite au Venezuela, le président de l’Autorité palestinienne a conditionné, vendredi, la reprise des négociations avec Israël à un arrêt complet de la colonisation israélienne dans les territoires occupés. La veille à Santiago, précédente étape de sa tournée sud-américaine qu’il a achevée samedi, M. Abbass avait déjà estimé que la suspension partielle de la colonisation en Cisjordanie annoncée mercredi dernier par l’Etat hébreu n’apportait « rien de nouveau ». « Netanyahu a rompu les négociations », a déclaré M. Abbass devant le Parlement vénézuélien. « Nous ne pouvons pas les reprendre sans l’engagement des deux parties à respecter les bases de la Feuille de route, en particulier le gel de l’expansion des colonies de la part d’Israël », a-t-il ajouté. La Feuille de route, élaborée en 2003 par la communauté internationale, prévoit la coexistence de deux Etats israélien et palestinien dans des frontières bien délimitées. Une solution qui paraît aujourd’hui chimérique.
En proposant une suspension partielle de la colonisation, Israël veut donc jouer le beau rôle. Il fait d’une pierre deux coups. D’un côté, l’Etat hébreu prétend ainsi s’être soumis aux pressions américaines, ce qui lui vaut le soutien des Etats-Unis, et de l’autre, il met l’Autorité palestinienne au pied du mur. Or, le coup de frein annoncé par Israël est limité. Il ne concerne ni les chantiers en cours (3 000 logements) ni la construction de bâtiments publics, comme les écoles et les synagogues, ni surtout le secteur oriental de Jérusalem à majorité arabe, annexé par Israël en juin 1967. Et quelques jours à peine après cette annonce, le ministre israélien de la Défense, Ehud Barak, a donné son feu vert à la construction de 28 édifices publics en Cisjordanie occupée.
publié par al-Ahram hebdo en français