Djamel Bouatta
L’idée d’obtenir un siège à part entière au sein de l’Organisation internationale intervient au moment où la partie palestinienne a constaté un changement de la position d’Obama en faveur d’Israël après avoir promis le contraire. Le successeur de Bush junior semblait, en effet, soutenir au tout début de sa prise de fonction la demande palestinienne selon laquelle les négociations de paix ne pourraient pas reprendre sans un gel total de la construction des colonies de peuplement par les Israéliens.
Mais à la fin du mois d’octobre, le gouvernement américain a fait une volte-face, puisque la secrétaire d’État américaine Hillary Clinton, en visite en Israël, a déclaré que le gel de la construction des colonies juives n’était jamais une condition préalable aux négociations. Elle a aussi fait l’éloge de ce qu’a fait jusqu’ici le gouvernement israélien du Premier ministre Benjamin Netanyahu !
Le président palestinien Mahmoud Abbas s’est alors trouvé dans une véritable impasse. Il avait fait savoir qu’il ne se représenterait pas aux élections palestiniennes de janvier prochain, pensant, au fond de lui, forcer la main de Barack Obama pour que les États-Unis fassent pression sur leurs protégés israéliens. Il a vu tout faux. Le président américain s’est plié devant la détermination de Netanyahu.
Abbas, devant l’échec des Américains à faire redémarrer le processus de négociations avec les Israéliens, le refus de Hamas à rentrer dans le moule palestinien et l’impatience de la jeune génération du Fatah à prendre les rênes du pouvoir, avait convoqué le corps électoral pour le 24 janvier. Hamas qui tient Gaza ne veut pas d’élection dans l’enclave qu’il tient encore même au prix d’une crise humanitaire. Abbas est sauf tout de même en retirant sa candidature d’un scrutin qui n’aura pas lieu !
Concrètement, cela signifie qu’Abbas pourra prolonger son séjour à la tête de l’Autorité palestinienne. En effet, il est difficile d’entrevoir la démission, c’est un choix difficile à assumer et ce n’est pas dans les mœurs de la région. Il reste qu’il n’aura pas réussi à créer ne serait-ce qu’un contexte favorable à une reprise des négociations pour l’établissement d’un État palestinien. Chez les Palestiniens, c’était, bien avant le jeu d’Abbas, la grande désillusion. Cette désillusion est d’autant plus douloureuse que les Palestiniens tombent de haut. Outre le volte face d’Obama, les Palestiniens devaient se rendre compte que les Européens restaient également alignés sur Israël. Ils ont voté le report puis le réexamen du rapport Goldstone sur la guerre de Gaza.
Sa marge de manœuvre rétrécie, l’Autorité palestinienne n’avait d’autre choix que, soit décréter unilatéralement la création d’un État palestinien, soit se démanteler et replacer ainsi Israël dans son rôle d’occupant. L’État hébreu ne veut ni de l’une ni de l’autre.
Et voila la troisième voie, c’est-à-dire, s’en remettre encore aux instances internationales. Une voie encore incertaine car le conseil de sécurité est sous droits de veto américain et français, deux soutiens d’Israël. Abbas aurait pu démissionner, c’est la solution la plus dangereuse à ses yeux car, à qui transmettre cette situation sans issue ? Hormis les islamistes personne n’en voudra. Abbas a accédé à la tête de l’Autorité palestinienne à l’issue des élections de janvier 2006, tenues après la mort de Yasser Arafat. Son règne est marqué par une confrontation entre son parti, le Fatah, et le Hamas. Et pour corser le tout, l’arrivée de Netanyahu qui remet en cause le processus de négociation et qui ne veut rien céder.
publié par Liberté Agérie