mercredi 18 novembre 2009 - 06h:50
Sarah Stricker
Le professeur Ilan Pappe, historien antisioniste, un des « nouveaux historiens » les plus importants, devait prendre la parole le week-end dernier à l’institut pédagogique de Munich.
Toutefois, la municipalité de Munich a changé d’avis au sujet de l’événement après avoir reçu une lettre de l’« association israélo-allemande de Munich » dans laquelle celle-ci prétendait que la conférence de Pappe se convertirait en un « spectacle de propagande anti- israélienne ».
La municipalité n’a finalement pas autorisé Pappe à utiliser la salle, au motif qu’elle craignait des échauffourées violentes.
La police de Munich a insisté sur le fait qu’il n’y avait pas de danger ni de craintes pour la sécurité des participants à la conférence.
Le maire de Munich a refusé de faire tout commentaire en dépit des questions émanant des médias allemands. Les collègues de Pappe ont finalement trouvé une salle n’appartenant pas aux autorités et la conférence a eu lieu comme prévu.
« Nous ne cherchons pas à critiquer Israël, nous voulons simplement tenir une discussion instructive entre chercheurs » a dit un des collègues.
Le professeur Pappe a écrit une lettre ouverte au maire dans laquelle il a dit : « dans les années 30, mon père, juif allemand, a été réduit au silence de la même manière et je suis navré de découvrir que la même censure prévaut en 2009 ».
Dans sa lettre, Pappe a relevé qu’aucun autre pays européen n’avait exercé de pression ni tenté de le réduire au silence. Il a ajouté qu’une « poignée de personnes » avait cherché à effrayer le maire « des personnes qui estiment représenter le peuple juif et le désastre que celui-ci a connu en Europe ».
« Les mots ne tuent pas »
Le parti de gauche allemand, le parti vert et l’organisation ATTAC qui s’oppose à la globalisation, se sont portés au secours de Pappe et ont critiqué le maire pour avoir cédé à l’organisation juive.
Le parti vert a stigmatisé la décision du maire qu’il a caractérisée de « couardise politique ». La branche locale deDie Linke (parti de gauche) a dit qu’en dépit de la sensibilité dont il faut faire preuve en ce qui concerne les intérêts juifs en Allemagne, « il est impensable d’essayer de défendre Israël contre les critiques en empêchant l’information d’atteindre le public ».
Pappe a parlé à Ynet de son malaise devant l’incident. « La conférence s’est tenue dans un autre lieu, non pas dans celui où elle devait se tenir initialement (dans une salle de la municipalité). J’ai été surpris ; c’est la municipalité qui m’avait invité et il a suffi d’une lettre envoyée par certaines personnes - dont je ne sais pas s’il y avait parmi elles des Israéliens - pour annuler l’événement à la dernière minute. »
Selon le professeur, « il est étrange qu’une conférence soit annulée par crainte de critiques contre Israël. Il est évident que ce fut le motif de l’annulation, mais pourquoi annuler ? Les mots ne tuent pas, ils ouvrent plutôt l’esprit. »
« Ils auraient pu faire venir quelqu’un de l’ambassade pour présenter le point de vue opposé et me contredire. Ceci n’est jamais arrivé, même pas en Israël ; la chose est donc très bizarre ».
13 novembre 2009 - Uruknet - Cet article peut être consulté ici :
http://www.uruknet.info/index.php?p...
Traduction : Anne-Marie Goossens