Publié le 21-11-2009
"De l’importance des îles Salomon pour Israël
Dans sa lutte contre le rapport "Goldstone" qui l’accuse d’avoir commis des crimes de guerre dans la bande de Gaza, Israël ne ménage aucun front. Un de ses diplomates était attendu cette semaine à Honiara, la capitale des îles Salomon, micro-Etat d’Océanie. L’émissaire était chargé de communiquer la mauvaise humeur de l’Etat juif après que cet archipel a contribué, le 6 novembre, à l’adoption par l’Assemblée générale des Nations unies du rapport rédigé par le juge sud-africain Richard Goldstone. "Devant l’Assemblée générale, la voix des îles Salomon compte autant que celle de la Chine ou de la France", explique Yigal Palmor, le porte-parole du ministère des affaires étrangères israélien.
La résolution enjoint Israël et le mouvement islamiste Hamas, qui est également accusé de crimes de guerre, d’enquêter sur ces allégations, sous peine de voir le rapport transféré au Conseil de sécurité des Nations unies. Israël avait aussitôt stigmatisé ce vote attendu, le qualifiant de "détaché de la réalité". Le ministère des affaires étrangères, QG de la contre-attaque, avait été surpris de trouver parmi les "instigateurs de la résolution" le nom des îles Salomon.
Car, jusque-là, ce pays peuplé d’un demi-million d’habitants était un allié aussi constant qu’anonyme de l’Etat juif. A l’intar du Vanuatu, de Palau, Nauru ou des îles Marshall, ses minuscules voisins des mers du Sud. "On sait que les îles Salomon ont reçu 200 000 dollars (134 164 euros) de l’Iran pour envoyer des étudiants à Cuba, dit Yigal Palmor. Rien ne dit que le vote aux Nations unies a été acheté, mais on est en droit de nourrir quelques soupçons."
Une diplomate israélienne, de passage dans la région, a donc été chargée de rendre visite au premier ministre, Derek Sikua, qui gère un millier d’atolls et d’îlots. Cette mission exotique témoigne du désarroi causé par le rapport. Dans le quotidien Yediot Aharonot, le plus gros tirage local, l’éditorialiste Sever Plocker s’alarme : "Le rapport "Goldstone" est comme le signe de Caïn gravé sur le front d’Israël. Notre image à l’étranger est en pleine chute libre."
Benjamin Barthe
Article paru dans l’édition du 21.11.09
CAPJPO-EuroPalestine